Le milliardaire Patrick Drahi cherche à se débarrasser d’un géant marocain des centres d’appels

Englué dans une dette de 24 milliards d’euros, le groupe Altice, détenu majoritairement par l’homme d’affaires d’origine marocaine Patrick Drahi, propriétaire de SFR, cherche à se débarrasser d’Intelcia. Un géant marocain des centres d’appels, qu’Altice détient à hauteur de 65 % depuis 2016.

Le premier comité de groupe du semestre qui réunit le PDG, Arthur Dreyfuss, le directeur financier, Benjamin Haziza, et le secrétaire général, Laurent Halimi au siège d’Altice France, quartier Balard, dans le 15ᵉ arrondissement de Paris, le 8 juillet scelle le sort d’Intelcia. Ce jour-là, Karim Bernoussi, cofondateur et PDG d’Intelcia, géant marocain des centres d’appels, détenu par Altice à hauteur de 65 % depuis 2016, qui est par ailleurs un proche du principal actionnaire d’Altice, le milliardaire Patrick Drahi, d’origine marocaine, intervient en visio depuis Casablanca, où siège la filiale, numéro trois de la relation client sur le marché français, rapporte Le Monde.

« Pour la première fois lors d’un comité de groupe, Karim Bernoussi nous informe que des investisseurs marocains s’apprêtent à racheter les parts d’Altice », témoigne Wilfried Jaire, délégué syndical SUD d’Intelcia, présent à la réunion à Paris. L’identité des mystérieux investisseurs n’a pas été déclinée. Le patron marocain n’évoque que leur profil : il s’agirait des « family offices ». En d’autres termes, des gestionnaires qui travaillent pour le compte de riches familles marocaines. « L’idée avancée par Karim Bernoussi [qui possède 35 % d’Intelcia avec son directeur général adjoint] est celle d’un groupement d’acquéreurs comprenant des gérants de patrimoine et des hauts cadres de l’entreprise », précise le syndicaliste.

Le projet de vente de Patrick Drahi est intervenu dans un contexte où Altice France, maison mère de SFR, fait face à une dette astronomique de 24 milliards d’euros. Fin février, le milliardaire a scellé un accord avec ses créanciers, ouvrant la voie au rachat d’une partie du capital de SFR. Ce bouleversement n’est pas sans conséquence directe sur Intelcia, la moitié de ses activités dépendant de SFR. Des salariés pourraient perdre leur emploi. Le géant marocain des centres d’appels ne peut compter que sur un large éventail de clients (France Travail, France Titres, EDF, Engie, Promovacances, Santiane, Meilleurtaux…).