Doja Lahlou, 18 ans, qui avait remporté le titre de Miss Fès lors des concours régionaux, est devenue Miss Maroc à l’occasion d’une finale non annoncée, tenue dans une banlieue huppée de la capitale, à laquelle n’avaient été conviés au dernier moment que quelques dizaines d’invités.
Pour Anas Jazouli, organisateur du concours, ce souci de discrétion répondait au danger de voir les islamistes intégristes marocains venir perturber la cérémonie, comme ils l’avaient fait lors de l’élection de Miss Rabat en 1999 dans un grand hôtel de la capitale.
Les organisations islamistes s’étaient opposées à la tenue d’une manifestation considérée comme un outrage à l’islam. Ils poursuivent, a affirmé M. Jazouli à l’AFP, une "campagne haineuse, traitant les organisateurs de proxénètes et les jeunes filles candidates de prostituées".
Selon lui, les jeunes marocaines ont manifesté beaucoup d’intérêt pour le concours, 14.000 candidatures ayant été enregistrées dans tout le royaume par Carrefour 9, l’organisation qu’il dirige.
Il lui a pourtant fallu surmonter de fortes réticences parentales, notamment dans les régions rurales, pour présélectionner et faire venir à Rabat les 22 candidates du concours national.
Certaines jeunes filles n’ont finalement pu faire le déplacement en raison d’objections de dernière minute. L’une d’elles, Miss Larache, a passé la soirée de samedi à l’hôpital après que son frère lui eut cassé la mâchoire dans une dispute à propos de sa participation, a regretté M. Jazouli.
Pour calmer les esprits les organisateurs n’avaient pourtant prévu que des défilés particulièrement sages, en kaftan, en tenue de soirée et en costume traditionnel. Ils avaient dû obtenir pour cela une dérogation du Comité Miss International, qui siège au Japon.
Malgré les "progrès" constatés dans ce domaine, Anas Jazouli prévoit un "délai transitoire" de quelques années avant de pouvoir envisager le traditionnel défilé des Miss en maillot de bain.
Source : AFP