L’une des plus grandes affaires criminelles de l’histoire du Maroc reste celle de Mohamed Mustapha Tabet, un commissaire de police de Casablanca qui menait une double vie de violeur en série. Surnommé « Haj Tabet », il a été reconnu coupable de plus de 500 agressions sexuelles, des crimes qu’il filmait et dont les enregistrements étaient ensuite diffusés sur le marché de la pornographie.
La chute de ce fonctionnaire, qui aurait bénéficié d’une certaine protection, a été provoquée par un concours de circonstances en 1992. Un homme italo-marocain a découvert par hasard à Milan une vidéo dans laquelle il a reconnu sa propre sœur, victime d’une agression. Remontant la piste jusqu’à Casablanca, il a initié les démarches qui ont finalement conduit à l’arrestation du commissaire.
L’enquête a révélé un système organisé. Mohamed Tabet utilisait des appartements loués ou des véhicules pour commettre ses crimes. Il enregistrait systématiquement les agressions, qui visaient parfois plusieurs femmes d’une même famille, dont des mères et leurs filles. Au total, 118 cassettes vidéo de ses crimes ont été découvertes par les enquêteurs.
Le profil de Tabet, alors âgé de 54 ans, a profondément choqué l’opinion publique marocaine. Il était perçu comme un commissaire exemplaire : il ne buvait pas, ne fumait pas et priait régulièrement. Originaire de Beni Mellal, cet ancien professeur d’arabe avait lui-même connu la prison sur de fausses accusations avant de rejoindre la police, un parcours qui a rendu ses crimes d’autant plus sidérants.
Le 15 mars 1993, le tribunal a reconnu Mohamed Mustapha Tabet coupable du viol de 518 femmes, dont 20 mineures. Condamné à la peine capitale, il a été exécuté le 5 septembre de la même année, mettant un terme à l’une des affaires les plus sombres du royaume.