De SDF à un trois étoiles, les péripéties d’une Marocaine en Suisse
Hafida, 42 ans, vit à Genève depuis plus de 10 ans. Lorsque sa vie bascula à tout jamais, elle se retrouve à la rue, puis, à l’hôtel Bel’Espérance.
Le corps sans vie d’un Marocain de 59 ans a été découvert lundi 8 février, sur un banc à proximité d’un bar à Turin. Il s’agit de Mostafa Hait Bella, un fleuriste très connu dans la zone, qui, dépossédé de tout et réduit à une vie solitaire, est devenu par la force des choses, SDF et alcoolique.
La vie de Mostafà Hait Bella bascule une première fois, après la mort de sa femme et de ses deux enfants dans un accident de voiture. Une triple perte qui l’a beaucoup affecté. Ne pouvant supporter le vide laissé par sa petite famille, il quitte le Maroc pour l’Italie en 1992, dans l’espoir de repartir à zéro. Polyglotte, il avait le contact facile et n’avait eu aucune difficulté à s’intégrer dans sa nouvelle vie à Turin. Il travaillait dans une pépinière sur la colline de Pecetto et était très apprécié pour ses connaissances et sa grande maîtrise du langage des fleurs. Mais, malgré la distance et les années qui se sont écoulées, Mostafà Hait Bella, ne s’était jamais remis de la perte de sa femme et de ses deux jeunes enfants, rapporte TorinoToday.
Les choses deviendront encore plus dures pour le fleuriste marocain. Entre les difficultés économiques, les impôts, puis la perte de sa maison, il s’est retrouvé dépossédé de tout ce qu’il avait. Il ne lui restait que sa Fiat Uno, une voiture qui lui servait en même temps de dortoir et dans laquelle il transportait toutes ses affaires. Mais malheureusement, comme si le sort s’acharnait sur lui, un choc contre le tramway le fit plonger dans un tunnel sans fin. Sans voiture et contraint de renoncer à son permis pour payer ses dettes, il s’est réfugié dans l’alcool, menant une vie de sans-abris.
Bon nombre de ceux qui l’ont côtoyé décrivent un homme bienveillant, généreux qui se souciait de l’autre. Dans les moments difficiles, il n’acceptait pas l’aumône et pensait pouvoir retomber sur ses pieds. Il ne supportait pas les dortoirs et préférait dormir sur des bancs, à proximité des bars. Mais ce mode de vie auquel il n’était pas habitué, a sérieusement affecté son état de santé, au point qu’il a été admis à l’hôpital fin décembre. Le dernier repas de sa vie a été un bol de soupe offert, dimanche, par un ami à qui il a confié qu’il n’était pas en forme. Il a également fait part de son envie de retourner chez lui au Maroc. Mais malheureusement, son corps sera retrouvé le lendemain sur un banc devenu depuis quelque temps son lit.
Une enquête a été ouverte par le procureur de Turin qui semble disposé à clore le dossier rapidement, car rien ne fait penser à un crime. Mostafà Hait Bella aura peut-être la chance de retourner au Maroc, car ses amis du marché de via San Secondo sont prêts à payer pour le rapatriement du corps, pour qu’il soit enterré à côté de ses proches. La mort du fleuriste marocain remet sur le tapis la question des expulsions, la gestion des étrangers, l’inhospitalité, précise la même source.
Aller plus loin
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