Nadia Elmtahr « Nous sommes laïcs et apolitiques »

Nadia Elmtahri dirige Contact-Inter depuis son lancement, le 3 février. Venue du Maroc, elle souhaite faire connaître la communauté arabe de Belgique. Ses principaux objectifs : une équipe homogène et 250.000 auditeurs.

ENTRETIEN

Nadia Elmtahri, 37 ans et célibataire, est fraîchement arrivée de son Maroc natal pour prendre la direction de Contact-Inter, la petite dernière du groupe Contact, lancée à l’intention des arabophiles et arabophones de Bruxelles.

Rappelons que l’antenne, ouverte depuis le 3 février (94,5FM à Bruxelles), est composée d’émissions relayées depuis Medi 1, leader du Mahgreb basé au Maroc, de programmes propres (environ 36 heures par semaine), et d’informations de là-bas (à 7h, 13h et 19h) et d’ici : en arabe (à 8h, 9h, 17h et 18h en semaine, ainsi qu’à 12h et 14h le week-end) et en français (les infos de Contact diffusées sur toutes les antennes du groupe aux heures trente).

Comment s’est déroulée votre première rencontre avec les patrons de Contact ?

Cela se passait à Tanger, à l’occasion de la fête du 21 juillet. On a discuté... J’ai raconté ma vie. Puis, quelques jours plus tard, ils m’ont recontactée pour me faire cette offre.

Vous étiez dans la radio ?

Pas du tout ! J’ai ma société, « Une longueur d’avance », active dans l’ingénieurie de l’information (développements spécifiques informatiques et analyse de modélisation) depuis deux ans et demi.

Je fais également partie du comité de direction du Festival des musiques sacrées du monde de Fez. J’ai aussi collaboré au premier mensuel d’information de l’Afrique et lancé un hebdo, « Le Courrier ». Mais en fait, tout cela n’était qu’accidents de parcours. Au départ, je voulais faire du business international. Cela n’a pas été possible. L’informatique a été la première opportunité à saisir.

Vous avez donc dû hésiter ?

Bien sûr ! D’autant que je ne connaissais pas du tout Bruxelles. Mais c’était une possibilité intéressante car je souhaitais quitter le Maroc depuis un moment. Alors j’ai réfléchi, j’ai discuté avec mes proches, et j’ai effectué un premier voyage pour venir passer une sorte d’audition. J’ai trouvé l’ambiance fantastique. J’ai senti beaucoup de chaleur, ici. Nous sommes très sensibles à cela, nous, Méditerranéens !

Quel rôle pensez-vous pouvoir jouer, à votre nouveau poste de Product Manager ?

Un rôle par rapport à la communauté arabe de Belgique, je l’espère. Et pour la faire mieux connaître aux autres aux niveaux humain, culturel et intellectuel. Cette radio est faite pour les Bruxellois. J’ai d’ailleurs un message à faire passer : ne jugez pas sans avoir écouté, essayez de nous connaître. Et soyez indulgents : nous sommes en période de rodage.

Quels sont vos priorités ?

Nous devons d’abord constituer une équipe homogène et, dans la perspective de la voir grossir, constituer un vivier de personnel. Depuis le lancement de la radio, je reçois de nombreux CV. Je suis évidemment exigeante. Il faut de parfaits bilingues (arabe classique et français) pour les journalistes et les animateurs, et des trilingues (rajoutez le néerlandais) pour les commerciaux.

Quels sont les objectifs de votre radio en termes d’audience et financiers ?

Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous souhaitons atteindre au moins 250000 auditeurs, ce qui correspond à la population arabophile de Bruxelles.

Vous répétez que votre radio est laïque et apolitique. C’est vraiment capital ?

Mais oui ! Nous ne sommes pas là pour défendre une religion ni une politique. Nous avons seulement un rôle à jouer sur le plan sociétal.

Comment éviter les dérives possibles à l’antenne ?

Toutes les informations sont relues par moi et les sujets développés choisis en concertation avec le rédacteur en chef de Contact. Pour le reste, c’est vrai, nous devons cadenasser très fort le format pour qu’il ne puisse pas y avoir de dérapage.

Quel genre de réactions avez-vous enregistrées depuis les premières émissions ?

Je sais que certaines personnes n’apprécient pas. Je sais aussi que nous avons reçu de très nombreux messages d’encouragement... C’est très mélangé.

La Libre Belgique