L’islam belge à nouveau bloqué

18 mars 2003 - 18h09 - Belgique - Ecrit par :

La fierté de la communauté musulmane de Belgique était grande, lorsqu’elle avait été conviée à élire un « Organe chef de culte », qui se fait désormais appeler « Exécutif des musulmans de Belgique », en décembre 1998.

C’est que l’islam était reconnu dans notre pays depuis le milieu des années septante, mais sans représentants officiels auprès de l’Etat. D’où de nombreux problèmes temporels relatifs à la désignation de professeurs de religion musulmane, à la reconnaissance des mosquées, etc. On avait donc cru ces problèmes résolus.

Las. Des tensions sont tôt apparues parmi ces représentants. Elles sont principalement de deux types. D’une part, les origines nationales différentes séparent Marocains, Turcs et autres (les convertis belges se sentent eux-mêmes isolés). D’autre part, leur activisme a permis aux tendances « dures » d’être fort surreprésentées au scrutin de 1998 (45000 électeurs sur environ 400000 musulmans). Si les fidèles pacifiques sont de très loin les plus nombreux dans la communauté, ils sont aussi plus détachés des institutions que les « durs », pour qui l’Exécutif représente un enjeu de pouvoir considérable.

Un réel enjeu démocratique

Bref, ces tensions ont fini par bloquer complètement l’Exécutif, l’année dernière. Deux médiateurs, les sénateurs Myriem Kaçar (Agalev) et Philippe Moureaux (PS), ont été désignés par le gouvernement. Le second, sans guère entendre la première, a présenté un plan pour tout dénouer. Une partie de ce projet consistait à renouveler 7 mandats (sur les 14 membres encore actifs, à l’Exécutif).

Or le nouveau rapport du Comité R (évoqué en page 2), entièrement fondé sur les avis convergents à ce sujet de la Sûreté de l’Etat et du SGRS, avoue le monde politique, ne laisse pas place au doute : comme beaucoup avaient ouvertement dit le craindre à l’annonce du « plan Moureaux », plusieurs des personnes concernées par ce renouvellement semblent bien trop proches des tendances dures.

« Les deux services sont d’accord pour dire que l’Exécutif est mangé par les manoeuvres des radicaux contre les modérés », nous dit une personne ayant eu connaissance de quelques détails. « La Sûreté (NdlR : qui avait déjà été chargée d’un « screening » des élus en 1998) ne considère pas du tout que les choses ont été mises sur des rails satisfaisants. » Et le SGRS aurait relevé des contacts suspects avec des tendances dures.

L’enjeu n’a rien d’anodin. Il était par exemple apparu l’année dernière que, parmi les livres qui transitent par l’Exécutif pour être distribués dans les prisons, figurait un « best-seller » de Cheikh Youssouf Qaradawi, de sensibilité « Frères musulmans », « Le licite et l’illicite ». Où il explique, entre autres donc aux prisonniers musulmans de Belgique, « la bonne manière de battre sa femme sans lui toucher le visage », comme le rapportait notre confrère du Vif/L’Express au mois de novembre dernier. A cent années-lumière des règles de la vie démocratique européenne...

On comprend donc que, dans ces conditions, le gouvernement et singulièrement le ministre de la Justice, Marc Verwilghen, refusent de reconnaître tout changement aussi simplement. Mais que faire ? Le sujet a été discuté vendredi au Conseil des ministres. Comme du bout des lèvres, à en croire le communiqué officiel - un monument de diplomatie qui semble surtout destiné à épargner les sensibilités, puisqu’il faudra bien que les membres de l’Exécutif s’entendent tôt ou tard entre eux.

Décision ? Une commission devrait être formée somme toute pour donner rapidement la possibilité aux personnes visées par les services de renseignement de donner leur avis. Une commission déjà annoncée dans le plan Moureaux - et qui n’apparaît pas comme une demande des modérés. Mais les élections législatives approchant, il n’est pas sûr que quiconque veuille de sitôt aller plus avant dans ce dossier explosif.

La libre Belgique

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Belgique - Religion

Ces articles devraient vous intéresser :

L’Aïd al-Adha 2025 au Maroc en péril

Au Maroc, le cheptel local a été fortement impacté par sept années de sécheresse au point où la célébration de l’Aïd al-adha 2025 est menacée.

Maroc : les sites pour adultes cartonnent pendant le ramadan

Les Marocains sont friands des sites pour adultes pendant ce mois de ramadan. À quel moment visitent-ils ces sites ?

Aïd Al-Adha au Maroc : alerte sur les viandes vertes

Redoutant le verdissement des viandes à cause des fortes températures au Maroc et les maladies qui pourraient en découler, des experts appellent les consommateurs à la vigilance lors de la célébration de l’Aïd al-Adha.

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.

L’Aïd al-fitr dimanche 30 mars en France (officiel)

L’Aïd al-fitr sera célébré le dimanche 30 mars 2025 en France, vient de confirmer la Grande Mosquée de Paris. Voici le message complet de cette annonce.

Équipe de France de football : le Ramadan sous surveillance ?

La question de la pratique du jeûne du Ramadan chez les joueurs de l’équipe de France a parfois suscité une certaine controverse. L’année dernière, le président de la Fédération française de Football (FFF), Philippe Diallo, avait assuré qu’aucune...

La date du ramadan 2025 au Maroc est connue

La date du début du mois de ramadan 2025 est désormais connue. Elle vient d’être révélée par les calculs astronomiques.

Ramadan 2025 au Maroc : quand débutera le mois sacré ?

Le mois de Ramadan 2025 devrait débuter le 1ᵉʳ ou le 2 mars, selon les prévisions. L’Aïd al-Fitr, qui marque la fin du mois sacré, est quant à lui attendu pour le lundi 31 mars 2025.

Gad Elmaleh converti au christianisme ? L’humoriste répond

L’humoriste et comédien maroco-canadien Gad Elmaleh répond aux rumeurs sur sa prétendue conversion au christianisme.

MRE : Du changement pour l’opération Marhaba 2024

Contrairement aux années antérieures, l’opération Marhaba marquant le retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au Maroc va démarrer deux jours avant la date habituelle. La coïncidence avec l’Aïd al-Adha oblige.