Nini refait surface à Malaga

15 janvier 2008 - 23h29 - Espagne - Ecrit par : L.A

Mohamed El Ouazani, alias El Nene, fait parler de lui. Dernières nouvelles, le fugitif de la prison centrale de Kénitra, s’est réfugié à Malaga, au Sud de l’Espagne, en attendant des jours meilleurs. Après un bref séjour à Sebta, El Nene a élu domicile en Espagne où il continue de superviser son commerce très juteux de la drogue.

Désormais, on sait où se cache Mohamed El Ouazani, connu sous le sobriquet d’El Nene (le gosse). Le fugitif de la prison centrale de Kénitra, condamné à 8 ans de prison ferme, se réfugie, selon des sources très bien informées, à Malaga, chez un membre de la famille. De par ses origines ibériques et les solides relations qu’il a pu nouer avec les milieux de la drogue espagnols, El Nene a tout d’abord fait escale pour quelques jours à Sebta, histoire de préparer le terrain et prendre langue avec les contacts, avant de rejoindre l’autre rive, en toute légalité et sans être nullement inquiété. Et pour cause, selon toujours les mêmes sources, El Nene aurait payé la famille de la victime (assassinée par la bande d’El Nene) pour retirer sa plainte. Une grosse somme a été allouée, en effet, par le baron de drogue aux proches de la victime pour acheter leur silence, ce qui lui garantira un asile doré dans la péninsule ibérique.

En clair donc, Mohamed El Ouazzani (qui circule en Espagne sous le patronyme de Mohamed Taieb Ahmed) serait blanchi d’un d’homicide qu’il aurait commis en 1998 et aurait acheté son innocence alors qu’il se trouvait même incarcéré à la prison centrale de Kénitra, dans la célèbre affaire de drogue connue sous le nom d’Erramach. Libre de ses mouvements, et disposant de surcroît d’un casier judicaire vierge, El Nene qui dispose d’un patrimoine immobilier non négligeable et d’une importante fortune en Espagne, reprend donc son business là où il l’avait laissé avant son arrestation en 2003 au Nord du Maroc et continue d’alimenter le marché espagnol, avec près de 50. 000 kilos de cannabis, selon les mêmes sources espagnoles.

L’homme serait tellement puissant qu’une anecdote circulant au Sud de l’Espagne dit : « qu’un joint sur dix fumés dans le pays, serait acheminé par El Nene ». Un gros bonnet dont les réseaux de trafic de drogue lui ont drainé une immense fortune estimée par les autorités espagnoles à plus de 30 millions d’euros blanchis dans la région de la Costa Del Sol. Agé à peine de 32 ans, le riche parrain a élu domicile donc à Marbella après un bref séjour à Sebta où il a fêté son évasion monnayée au prix fort, selon les chefs d’accusation retenus contre six gardiens de prison.

Ceux-ci ont été mis aux arrêts suite à l’ouverture d’une enquête judiciaire et ont été condamnés récemment par le Tribunal de première instance de Kénitra à des peines de 2 ans de prison ferme pour leur implication dans cette affaire. Car El Nene ne s’est pas enfui en creusant un tunnel à partir de sa cellule pour se retrouver de l’autre côté de la muraille et échapper à la vigilance des miradors.

Il a programmé sa fuite depuis longtemps et fait le nécessaire pour gagner la confiance des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire. Contre des sommes sonnantes et trébuchantes, le détenu pouvait rentrer et sortir de prison à sa guise. On ne compte plus les soirées qu’il aurait passées dans les boîtes de nuit ou dans les villas de Mehdia, la station balnéaire proche de Kénitra.

Certaines de ses « permissions » se prolongeaient même durant plusieurs jours. Et c’est justement lors d’une de ces sorties « habituelles », au cours de la première semaine de décembre, qu’El Nene a décidé de s’évanouir dans la nature. Son évasion a été camouflée jusqu’au vendredi 14 décembre, quand, alerté par un appel anonyme d’un détenu, le ministère de la Justice constitue une commission pour se rendre à la prison et découvrir le pot aux roses. Le reste, on l’apprendra de la bouche même de quelques sources locales de la ville de Sebta qui côtoieront El Nene. Chacun sait que ce genre d’équipées illégales, pour un personnage connu dans les milieux de la drogue comme El Nene, exige toute une logistique.

Les frontières terrestres et maritimes sur la façade Nord du Maroc sont difficilement contrôlables, en raison justement de la présence coloniale de l’Espagne dans les deux présides occupés de Sebta et Mellilia. Sera-t-il arrêté à Malaga et extradé pour répondre de ses méfaits ? Rien n’est moins sûr, puisque dans le domaine de la coopération judiciaire, surtout en matière de lutte contre les narcotrafiquants, l’Espagne a été toujours très réticente en la matière.

Gazette du Maroc - Youssef Chmirou

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