La bataille de l’offshoring ne fait que commencer

28 mars 2007 - 13h00 - Economie - Ecrit par : L.A

L’offshoring est plus que jamais la coqueluche du Plan Emergence. Et le Maroc fait feu de tout bois pour le prouver. La dernière démonstration en date est le Forum Esith, qui s’est déroulé les 20 et 21 mars à Casablanca. L’idée est d’organiser des tables rondes autour de plusieurs thèmes. Une sorte de communication informelle entre les étudiants et les acteurs économiques.

Evidemment, l’offshoring a été en 1re ligne. Toutefois, il s’agissait beaucoup plus de vulgariser le concept que d’autre chose. L’assistance, en majorité estudiantine, manque de sensibilité vis-à-vis de l’actualité... Il fallait donc entrer dans le vif du sujet avec force explication.

D’emblée, la chef de la division des industries mécaniques au ministère du Commerce, Ouatika El Khalfi, a donné le ton. « Le Maroc se positionne en leadership sur le nearshoring francophone et hispanophone », lance-t-elle. Reste à définir le concept. Si l’offshoring est une externalisation des services dans un pays géographiquement lointain, le nearshoring joue plutôt sur la proximité culturelle. Et qui dit culture dit langue. « La langue a été un critère dans le ciblage des marchés. A commencer par le Vieux continent : Espagne, France, Belgique, Suisse... », souligne El Khalfi. Est-ce suffisant ? De ce côté-là, des efforts restent à faire. Englué dans sa torpeur linguistique, le système éducatif peine encore à produire de véritables polyglottes. Dans des pays concurrents, comme la Roumanie, les étudiants excellent dans les langues. Voilà une autre problématique à résoudre, après celle des ingénieurs. La matière grise est le carburant de l’émergence. L’Inde l’a compris... avant nous.
L’accent a été mis aussi sur les filières cibles. « Plus d’une centaine, le Plan Emergence s’est focalisé sur une dizaine », précise El Khalfi. Il s’agit notamment de la filière fonctionnelle, dite BPO (Business project opportunities). Elle vise la finance, la GRH...

L’idée est de faire du Maroc un « hub technologique », selon les termes de Jamal Ben Hammou, directeur de l’Apebi. L’ambition ne manque pas ! Concrètement, les mesures sont là. A commencer par le contrat-programme 2006-2012. « Il préconise un partage des risques entre le privé et l’Etat à hauteur de 15 millions de DH. C’est une garantie des financements en capital-risque », argumente Ben Hammou. Le volet formation est assuré par le programme Meda 2 RH. « La formation sectorielle est subventionnée à 90%. Le but est de former 15.000 diplômés en TI d’ici 2015 », précise le directeur de l’Apebi. L’aide à la formation offshoring reçoit « 65.000 DH par personne, étalée sur 3 ans ».

Adieu l’assistanat

Le Plan Emergence c’est aussi le textile et le cuir. Le choc du démantèlement de l’accord multifibre (1er janvier 2005) n’a pas eu raison de Karim Tazi, le président de l’Amith. « Je suis tourné vers l’avenir », dira-t-il. Il y a de quoi ! L’accord d’autolimitation entre la Chine et l’UE prend fin en décembre 2007. « Qu’a fait l’Amith pour se préparer à cette 2e onde de choc ? », s’exclame Tazi. Un nouveau deal a été conclu avec le ministère de tutelle.

Finie l’époque de l’assistanat. La culture du mérite prend le dessus. « Dorénavant pas d’aides directes, ni de soutien social ou énergétique pour le secteur TH », précise le président de l’Amith. Le passage de la sous-traitance à la cotraitance exige des matières premières à prix abordables. Une précieuse baisse de douane a été donc accordée aux entreprises TH. « Le secteur importe 80% de ses besoins de l’UE. A lui seul, il totalise 33% des exportations », commente Lamyea El Ismaili, chef de la division textile et cuir au ministère du Commerce.

Les droits actuels des matières premières sont de 2,5 à 50%. « La réforme va les réduire à 2,5%. C’est le taux applicable aux importations venues de l’UE ou des Etats-Unis », ajoute Lamyea El Ismaili.

Une petite révolution à souligner. Le secteur TH et cuir se met à niveau financièrement. Autre tournant, les textiliens se chargent de leur propre promotion. « Un budget annuel de 20 millions de DH (sur 3 ans) leur a été dédié », indique Tazi.

Le secteur du cuir a eu droit presque aux mêmes mesures. « Même s’il n’a pas été retenu comme secteur porteur par le Plan Emergence, des formations en gestion de production ont été lancées », se félicite le président de la Fedic, Abdeslam Alaoui. Il était temps de remettre les pendules à l’heure.

Réactions

• La loi de finances 2006 exige le paiement de 20% de TVA par les sociétés importatrices de matériel CAO. « Cette disposition pénalise la trésorerie et l’investissement. Certes, ils sont remboursables, mais le délai est de 3 ans », estime le représentant de Lectra système. Le ministère du Commerce précise que le délai va être réduit à une année et à condition que l’entreprise soit catégorisée.
• « Les textiliens devront d’abord dépasser le stade de la cotraitance, avant d’exporter leur marque », précise Karim Tazi. Le kaftan et la djellaba sont des produits à 100% marocains. S’ils arrivent à s’exporter c’est qu’il y a une culture qui les soutient. La mode est aussi une question de culture.

L’Economiste - Faiçal Faquihi

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Sujets associés : Délocalisation - Implantation - Offshoring - Externalisation

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