L’humoriste Malik Bentalha a exprimé son inquiétude grandissante quant à la situation des musulmans en France.
Farid Boudjellal fut l’un des premiers à raconter en bande dessinée la vie des immigrés et de leurs enfants nés en France. Sa propre enfance dans le Toulon de la fin des années 1950 lui a inspiré quarante ans plus tard « Petit Polio », une série largement autobiographique, empreinte d’humanisme et de poésie.
Trois albums ont ainsi vu le jour entre 1999 et 2001 chez Soleil, la maison d’édition créée par son frère Mourad. Trois albums dans lesquels il racontait sur fond de guerre d’Algérie le quotidien de la famille Slimani au travers du regard du petit Mahmoud, six ans, atteint, comme lui, de la poliomyélite. Sans jamais tomber dans la sensiblerie, Farid Boudjellal y brossait un tableau truculent où se mêlaient odeurs marines et méridionales, cris des mouettes et rires des minots.
Les éditions Futuropolis ont la bonne idée de rééditer ces trois albums en une copieuse intégrale en deux tomes, dont le premier vient de paraître. La magie est intacte : on vibre toujours aux aventures du petit Mahmoud qui regarde avec son ingénuité d’enfant deux mondes se déchirer au travers de cette guerre qui ne dit pas son nom, découvre les peines et les joies de l’existence et, surtout, vit pleinement son enfance avec innocence, mais aussi fougue et intelligence.
Du même auteur, les éditions Futuropolis rééditent aussi en un seul volume les quatre tomes de ses gags consacrés aux relations entre les Juifs et les Arabes. Là encore, cette bande dessinée n’a pas pris une ride. A un moment où les caricatures du prophète Mahomet parues dans la presse danoise défrayent la chronique, Farid Boudjellal vient nous rappeler qu’il est possible d’aborder des thèmes aussi sensibles que le sionisme, l’antisémitisme, l’intégrisme ou le terrorisme en maniant humour et dérision. Renvoyant dos à dos les différents protagonistes du conflit judéo-palestinien, il se fait le chroniqueur de deux familles, l’une musulmane, l’autre juive, dont les pères passent leur temps à s’invectiver, tandis leurs enfants nourrissent des projets de mariage...
Philippe Guillaume - Les Echos
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