Projection : "Baroud d’honneur"

21 janvier 2007 - 17h32 - Culture - Ecrit par :

Septembre 2004. Quinze Marocains, anciens soldats de la France, font le voyage du Royaume jusqu’à Marseille qu’ils ont délivrée soixante plus tôt. Venus assister aux commémorations de cette libération, ils espèrent la reconnaissance de la France et l’égalité des droits avec leurs anciens frères d’armes français.

Ce film est le récit de l’odyssée de deux d’entre eux, El Ghazi Amnaye et Hammou Lhedmat. Leur combat dans les maquis de l’Administration sera leur baroud d’honneur.

Les raisons d’un exil

Pourquoi de vénérables vieillards maghrébins, africains, indochinois, anciens soldats de la France, s’exilent-ils aujourd’hui dans notre beau pays ? C’est une question d’arithmétique assez simple. Prenons l’exemple d’un Marocain ayant combattu quinze ans dans l’armée française. Il perçoit une pension militaire de retraite (36 euros par mois) et la retraite du combattant (60 euros par an). Son frère d’armes français touche à peu près 9 fois plus. Seulement, voilà : quiconque a été soldat de la France a le droit de vivre ici. Sur présentation de sa carte de combattant, on lui accorde une carte de séjour de 10 ans. Il peut alors bénéficier du RMI ( !) en attendant que lui soit attribuée le minimum vieillesse, 600 euros mensuels. Résumons : s’il vient en France, notre vétéran touchera à peu près 15 fois ce qu’il reçoit au Maroc. La contrepartie est cruelle : il est dans l’obligation de résider 9 mois sur 12 pour recevoir cet argent. Des milliers d’anciens combattants de l’ancien empire colonial français ont fait le calcul et ont choisi de s’exiler pour aider leur famille demeurée au pays.

L’effet Indigènes

Emus par le film Indigènes, le président de la République et son épouse auraient décidé en septembre 2006 de mettre fin aux discriminations. Les journaux l’ont annoncé, reprenant les communiqués officiels. Qu’en est-il au juste ? La retraite du combattant et la pension d’invalidité (pour les blessés de guerre) vont être égales pour tous à partir du 1er janvier 2007. Par contre, rien ne change pour la pension militaire de retraite, le revenu le plus important d’un vieux soldat. Pour notre ancien combattant marocain, cela signifie qu’il va toucher ses 36 euros mensuels + 500 euros annuels au lieu des 60 précédemment. Total : 77 euros par mois alors qu’il en recevrait 600 en France . Conclusion : des milliers d’anciens combattants continueront de s’exiler tant qu’ils en auront la force.

Un dernier point qui dit le cynisme et le mépris : cette réévaluation partielle des pensions n’est pas automatique. L’ancien combattant, de son lointain village d’Afrique ou d’Asie, devra en faire la demande écrite, par lettre recommandée avec accusé de réception... si jamais il en est informé.

Grégoire Georges-Picot et Moustapha Delleci

Projections :

• 18h45 - lundi 29 janvier au Méliès (Port de Bouc)
• 21h - jeudi 1 février à L’Alhambra, 13015 (Marseille)

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