Regroupement familial : des MRE vivent un calvaire dans l’Essonne

11 décembre 2024 - 19h00 - France - Ecrit par : S.A

Dans l’Essonne, les Marocains et d’autres étrangers en France, candidats au regroupement familial, vivent un calvaire depuis deux voire trois ans. Une situation insupportable pour les familles confrontées à la séparation à l’approche des fêtes de fin d’année.

« Est-ce que ma femme pourra un jour venir du Maroc, est-ce que je dois retourner là-bas ? s’interroge Zouheir, 45 ans. J’ai déposé mon dossier en 2022. Tout s’est bien passé avec l’Ofii (Office français de l’immigration et de l’intégration, NDLR), mon logement est nickel, je gagne 2 500 euros par mois, je suis en situation régulière. Mais depuis que ma demande a atterri à la préfecture d’Évry-Courcouronnes, c’est le silence. » Il déplore : « On est face à un mur, sans aucune réponse, c’est ça le plus terrible, car on n’a aucun interlocuteur. En Seine-Saint-Denis ou dans les Bouches-du-Rhône, qui doivent être saturées de demandes, cela fonctionne. Pourquoi cela coince en Essonne ? »

Comme Zouheir, ils sont nombreux ces étrangers résidant dans l’Essonne dont les candidatures au regroupement familial sont en souffrance. « Je suis en France depuis 2014, raconte Adélia, 36 ans, qui se bat pour faire venir son mari, qui vit en Algérie, depuis début 2022. J’y ai poursuivi mes études, puis travaillé. Je suis en CDI, cadre dans une société, j’ai fait ma vie ici, je suis en situation régulière, insérée, je paye mes impôts. En décembre 2021, je me suis mariée dans mon pays d’origine. J’ai déposé mon dossier en revenant en France. Je pensais que cela prendrait six-sept mois. »

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Depuis, plus rien. « C’est un cauchemar, poursuit-elle. Tous nos projets sont repoussés : notre évolution professionnelle, avoir un enfant… On vit en suspens et via les réseaux sociaux, Messenger, WhatsApp… Mais ce n’est pas facile, toutes les fêtes, on les vit seul. J’essaye d’aller voir mon mari autant que possible, mais cela a un coût et j’ai des obligations professionnelles. » Une situation que déplorent les parlementaires (Nouveau Front populaire) de l’Essonne.

« On parle d’êtres humains, martèlent les députés Farida Amrani, Claire Lejeune et Bérenger Cernon venus soutenir les manifestants à Évry-Courcouronnes. La préfecture de l’Essonne est celle qui affiche les pires délais de traitement. Sans doute à cause d’un manque de moyens humains. Nous avons saisi la préfète de l’Essonne afin de trouver des solutions rapides. Certaines personnes attendent depuis 2021, il faut entendre leur très grande souffrance. »

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Mardi, plusieurs dizaines de personnes ont manifesté devant la préfecture de l’Essonne à Évry-Courcouronnes pour dénoncer les délais « excessifs » de traitement des demandes de regroupement familial. Un problème récurrent dans l’Essonne. Malgré les mobilisations de ces dernières années, « cela ne s’améliore pas du tout, confie Achref, un des représentants du collectif créé pour défendre les familles. Nous demandons qu’il soit mis un terme à ce calvaire qui touche au moins 200 familles. »

Jointe au téléphone par Le Parisien, Aujourd’hui en France, la préfecture reconnaît « avoir du retard et pas assez de retours rapides ». « Nous comprenons l’impatience de certains, c’est un sujet très important pour nous et sensibles pour eux, assurent les services de l’État en Essonne. Nous avons actuellement 800 dossiers en attente. Nous nous sommes engagés auprès des membres du collectif que nous avons reçus à l’issue de la manifestation à apporter une réponse avant la fin du premier semestre 2025. » En attendant, la préfecture demande au collectif de signaler les situations individuelles particulièrement sensibles pour qu’elles soient étudiées le plus rapidement possible.

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