Les ministres de l’Intérieur des seize Landers (régions) allemands viennent au cours des dernières semaines de régulariser certaines catégories d’immigrés qui vivent clandestinement dans ce pays.
Ils sont environ 200 000 à vivre en Allemagne sous un statut bâtard. Venus des pays en guerre civile ou en crise économique, ces immigrés clandestins sont tout justes tolérés par les autorités allemandes qui buttent sur leur expulsion, faute de documents ou passeports officiels, et dont la demande d’asile a été rejetée. Ramassés dans des camps de réfugiés situés pour la plupart dans des villages et bourgs de l’Est du pays, ces demandeurs d’asile, pour la plupart, abandonnent ces Heime , dépourvus de toute commodité, activités professionnelles ou linguistiques. Les centres de rétention, aux abords des aéroports dans les principales villes, regorgent de clandestins. La promiscuité et la misère des conditions matérielles sont dénoncées par les avocats et les associations humanitaires.
La décision de régularisation, avec effet immédiat, concerne les étrangers qui sont installés depuis plus de huit ans s’ils sont seuls, plus de six ans pour les familles avec enfants. Ils ne doivent pas avoir de casier judiciaire, maîtriser des connaissances suffisantes en langue allemande, et devront surtout justifier d’un emploi. Les autres immigrés ont jusqu’au 30 septembre 2007 pour trouver un travail ou quitter l’Allemagne. Une véritable course contre la montre, et un découragement certain face aux difficultés pour obtenir ce sésame qui leur permettrait de résider dans ce pays.
Connaissant les difficultés pour obtenir un emploi dans un pays où le taux de chômage avoisine 10%, les clandestins doivent faire du porte à porte, en quête d’un emploi, surtout que toute personne qui ne travaille pas depuis des années a peu de chances de trouver un travail. Ce statut ne donne guère droit non plus à une aide sociale ou à une indemnité de chômage.
Ces mesures ont fait réagir les organisations des Droits de l’homme qui considèrent ce statut comme le produit de manoeuvres draconiennes pour décourager l’immigration et l’apport d’autres cultures dans un pays pourtant veillissant, et qui aura besoin dans les prochaines décennies d’une main-d’oeuvre appropriée et surtout jeune. Quant aux clandestins qui ne sont soutenus par aucune organisation juridique pour faire valoir leurs droits, ils crient à la discrimination, et sont consternés de la démarche allemande, si différente de l’attitude des gouvernements espagnol et italien, qui ont procédé à des régularisations massives d’immigrés illégaux. En Allemagne, le seul moyen d’obtenir un permis de séjour serait un contrat de mariage !
Agoravox
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