Connaît-on le Roi ?

15 août 2008 - 12h07 - Maroc - Ecrit par : L.A

Parce que c’est le Roi, il fascine. Et parce que les temps ont changé, tout le monde peut en parler librement. Mais que sait-on de SM Mohammed VI au juste ? Pas grand-chose, le Souverain n’ayant pas franchement un penchant pour la communication. Pourtant…

La scène se passe dans le salon de Driss Jettou. C’était la semaine dernière. L’ex-Premier ministre avait réuni la presse pour défendre la politique du gouvernement qu’il dirigeait jusqu’en septembre dernier. Notamment en matière d’immobilier et de cession du foncier public. Driss Jettou expliquait donc tous les efforts déployés par l’Etat pour encourager les promoteurs à investir au Maroc. Il dit : « Les investisseurs ne sont pas venus tout seuls. Il y en a que nous sommes allés chercher chez eux, d’autres que nous avons relancés plusieurs fois avant de les voir accepter, malgré toutes nos mesures incitatives… ». Puis, poursuivant sur sa lancée, il ajoute : « Sa Majesté ne cessait de nous dire : allez-y, saisissez toutes les opportunités, tant qu’il y en a. Faites tout ce que vous pouvez. Cette fenêtre peut à tout moment se refermer… Sa Majesté s’impliquait lui-même. Il y a des projets que nous n’avons eus que parce qu’il a utilisé son carnet personnel… ».

Ces quelques phrases ont eu un effet radical. La salle s’est tout à coup figée. Tous les yeux étaient rivés sur Driss Jettou et l’assistance était suspendue à ses lèvres. C’était là de rares confidences sur le Roi que, dans la foulée de sa plaidoirie, un homme d’Etat laissait échapper. Alors, bien sûr, les journalistes, toujours friands de détails inédits sur le Souverain espéraient en apprendre plus - or, Driss Jettou était déjà passé à autre chose - mais leur étonnement venait aussi de ce qu’ils apprenaient que le Roi pouvait mettre autant de passion à galvaniser une équipe, à mettre en œuvre une politique et à défendre les intérêts du pays !

Tout professionnels de la communication qu’ils sont, les femmes et hommes de média n’ont aucune idée de ce que pense réellement le Roi, de ce qu’il fait concrètement, ou du degré de sa détermination dans quelque domaine que ce soit (et qui dit ignorance des média, dit ignorance de l’opinion publique en général puisque celle-ci compte, pour être informée, sur ceux-là).

Le fait est que l’image que le commun des Marocains a du Roi est juste celle que leur renvoient les media publics (les deux télés). Celle d’un homme toujours calme, presque gêné d’être l’objet de toutes les attentions. Et surtout toujours silencieux… Sauf quand il lit ses discours (pour lesquels on ne se décide toujours pas à lui proposer un prompteur afin qu’il donne l’impression de regarder les téléspectateurs dans les yeux quand il s’adresse à eux). Ou quand il pose des questions à ceux qui lui présentent les maquettes des projets lancés ou inaugurés, mais on devine seulement qu’il pose ces questions sans entendre sa voix.

Quand on apprend donc que le Roi se bat pour des projets, qu’il a un sens de l’humour insoupçonné, qu’il pique des colères jusqu’à faire trembler les murs ou des fous rires comme cela arrive à tout être humain, on ne peut s’empêcher de dresser l’oreille. Dans la conscience collective et l’image que l’on s’y fait de lui, il n’est pas dans ces rôles-là !

C’est que le Roi Mohammed VI a un autre style que son père et l’opinion publique ne s’est toujours pas faite à cette idée-là. Le style Mohammed VI, c’est l’action, la détermination, mais… La discrétion !

Discrétion au point que les professionnels de la communication en sont réduits, pour parler de lui, soit à analyser son action (pour les plus sérieux d’entre eux), soit à lui prêter des intentions (quand il s’agit de plumes en quête de sensationnel ou carrément de provocation). Lui prêter des intentions va parfois très loin, comme l’a fait le journaliste espagnol Pedro Canales qui annonçait sur le site Tamazghapress.com, le 9 juillet dernier, que le Roi du Maroc allait renoncer au pouvoir.

Le style Mohammed VI qui a peut-être évolué, ou s’est précisé à la faveur de ses 9 ans de règne, mais qui est celui que l’on peut constater aujourd’hui, se résume finalement dans la formule : action, détermination et tant pis pour la communication…

Source : Le Reporter - Bahia Amrani

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