Said Guihia à la Biennale de Saint-Etienne

1er février 2007 - 00h12 - Culture - Ecrit par : L.A

Said Guihia vient de marquer l’espace " Free style" par un objet design qui relate l’histoire de la table traditionnelle confectionnée pour les cérémonials.

L’artiste designer marocain Saïd Guihia vient d’émerveiller les professionnels et les amateurs d’art lors de l’exposition internationale organisée récemment dans le cadre de la Biennale internationale design soutenu par la ville de Saint-Etienne, Saint-Etienne Métropole et la Cité du Design. Il s’agit d’un événement majeur qui connait depuis sa création par l’Ecole des Beaux-Arts en 1998 un succès grandissant, confirmation de l’attractivité du design sous toutes ses formes : “C’est un rassemblement international qui constitue une plate-forme unique de rencontres et de découvertes pour les professionnels qui viennent y repérer les nouveaux talents et mieux connaître les pays émergents qui exposent leurs créations. Cet événement est aussi un important espace d’exposition pour le grand public qui vient y découvrir la richesse d’un secteur dont il peut, s’il le souhaite, approfondir sa connaissance grâce à des visites guidées organisées à son intention", précise Elsa Francès, directrice de la Cité du Design.

Dans cette vision large du design qui invente et concrétise de nouveaux systèmes de vie à travers la conception d’objets, d’images et de service, Said Guihia a marqué l’espace "Free style" par un objet design qui relate l’histoire de la table traditionnelle confectionnée pour les cérémonials. "Le concept est de revisiter cet objet en le redesignant avec d’autres matériaux et d’autres techniques mixtes artisanales et industrielles, en l’occurrence le verre et le métal (inox, laiton). La table est composée d’un piétement pliable appelé ciseau dans le temps et d’un plateau en verre de 10 mm thermoformé. Tablaa véhicule des dimensions d’ordre culturel, esthétique et social », explique l’artiste.

Sur sa participation, il nous a confié : « Cette manifestation est une opportunité à la fois de se mesurer aux designers de beaucoup de pays et de s’ouvrir sur le design international en général et de s’actualiser en particulier.

J’ai assisté à des conférences et à des séminaires et j’ai visité des musées et des exposions comme l’exposition « Regards croisés » de deux grands photographes, l’un de l’Inde et l’autre stéphanois sur les œuvres réalisées par Le Corbusier. En parallèle, j’ai assisté à la Journée inaugurale de l’Eglise de Firminy dessinée par Le Corbusier en 1962 qui est achevée cette année après plusieurs ruptures dans les années 70. Le stand marocain a eu beaucoup de succès de la part des professionnels et du grand public. Des designers de renommée internationale ont apprécié les objets exposés ».

Plein d’énergie et d’enthousiasme et conscient de son potentiel créatif, il compte aller plus loin dans son parcours artistique, en assurant une bonne place dans la cour des grands. L’objet est détourné de son contexte et présenté comme œuvre d’art sans avoir la nécessité de représenter son image ou de l’incorporer dans un support plastique comme cela avait été fait par les cubistes. Le design selon Saïd Guihia est un acte de création et de créativité et une mise en situation d’ordre plastique. Les effets de matière sont utilisés pour eux-mêmes, pour l’« artisticité » qu’ils dégagent, et non pour recréer la réalité comme l’esprit artisanal tentait de l’affirmer.
Malgré le refus de vouloir proposer de nouveaux codes artistiques, les réalisations et les rencontres animées par Saïd Guihia ouvrent la voie à de nouveaux procédés plastiques qui remettent en question les codes traditionnels de design.

Il est à noter que son projet « carré » exposé à Maroc Design 2005 a été un prolongement qualitatif et un détour par rapport à son projet « Signes structurels » exposé à Essaouira qui repose sur le paradigme cognitif de Roland Barthes dont le principe moteur est : « Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un pays reprenne périodiquement les objets de son passé et les dérive de nouveau pour savoir ce qu’il peut en faire. Ce sont là, ce devrait être, des procédés réguliers d’évaluation. »
Sur ses projets novateurs et ambitieux, Saïd Guihia réaffirme : « Dans une société où la culture de design est quasiment absente, mais où la culture de l’objet est ancestrale, cette situation paradoxale nous mène à une réflexion théorique et pratique portant sur une nouvelle dimension intégrant le rapport entre design et artisanat. Notre but n’est pas de réaliser un beau meuble, mais de donner un nouveau souffle à l’artisan en le confrontant au designer et de développer le savoir-faire artisanal en le dotant des concepts et des outils performants générateurs de nouveaux produits. Les objets proposés sont issus d’une recherche profonde caractérisée par l’emprunt des signes et symboles ornementaux géométraux, qui ont marqué par leur richesse notre architecture, tapisserie, céramique, peinture et décoration. Le concept consiste à revisiter ses signes graphiques, les déstructurer pour les reconstruire et en faire des signes structurels donnant naissance à des objets et des meubles répondant à des critères fonctionnels et esthétiques ».

Libération - Abdellah Cheikh

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