L’Administration des Douanes et impôts indirects a récemment dévoilé son nouveau guide dédié aux Marocains résidant à l’étranger.
La population d’origine marocaine de Sebta et Melilia fait fréquemment l’objet des gros titres de l’actualité ces dernières semaines. Non pas pour des raisons de troubles à l’ordre public mais à cause d’une étude publiée par le Centre d’études stratégiques espagnol El Cano.
Celle-ci démontre que 68% des Espagnols enquêtés craignent que la forte proportion d’Espagnols musulmans, d’origine marocaine, ne puisse un jour nuire « aux intérêts de leur pays ». La chose peut paraître anodine, voire en choquer plus d’un. Mais sachant « le sentiment quasi sacré » porté aux deux enclaves occupées, Sebta et Melilia, l’attitude de ces Espagnols est malheureusement bien réelle. Les préjugés et les vieilles peurs ont la peau dure !
L’enquête a été menée par téléphone auprès d’un échantillon de 1.200 personnes en dehors des deux villes concernées. Les responsables ayant jugé les populations de Sebta et Melilia « trop peu représentatives ».
Cette crainte intervient aussi quelques mois après l’annonce de la forte croissance de la proportion de soldats d’origine marocaine dans l’armée espagnole. Les chefs d’Etat-major se posent des questions sur la réelle obédience de ces soldats « en cas d’un hypothétique conflit armé ».
Selon des informations publiées dans la presse, le pourcentage de recrues d’origine marocaine dépasserait 27% du total des forces armées déployées dans les présides occupés de Sebta et Melilia. Dans la seule ville de Melilia, il dépasserait les 40%.
Cette forte présence est due, en partie, au caractère historique des deux enclaves occupées, qui avaient constamment besoin d’être sous protection, au point que les deux villes sont devenues de vraies cités-casernes.
La situation s’est aggravée avec une réforme de l’armée qui avait introduit la notion de régionalisation. Cette réforme permettait aux soldats de se voir affecter au sein de leur région d’origine. Ce qui a eu pour effet d’augmenter significativement le nombre de Marocains d’origine dans ces deux villes.
Malgré le réchauffement des relations entre les deux voisins, une phobie persistante quant à une éventuelle attaque des intérêts espagnols continue de planer dans le subconscient ibérique. Près d’un enquêté sur cinq pense qu’en 2006, une attaque militaire marocaine des intérêts espagnols « est plus que probable ».
Le taux de partisans de droite appuyant cette idée est quasi le double de ceux de gauche. Les récents troubles au niveau des frontières de Sebta et Melilia mais aussi le souvenir non effacé de l’incident de l’îlot Leïla sont pour une grande part responsables de ce regain de phobie.
Crainte de violences urbaines
LES enquêtés ont aussi exprimé leurs craintes quant à un possible embrasement des faubourgs des villes espagnoles, majoritairement composés d’émigrants, dont une partie d’origine marocaine.
Près de la moitié des enquêtés ont affirmé qu’ils croyaient probable une vague de protestation comme celle qui a fait trembler la France en décembre dernier. D’autant que les incidents d’El Ejido de 2000 sont encore dans les mémoires.
Concernant les clandestins, 94% des enquêtés d’El Cano pensent que le Maroc « n’accomplit pas bien sa tâche ».
Ali Abijou - L’Economiste
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