« Je me sens Catalan, Espagnol et Marocain »

Le nombre de Marocains ayant immigré dans la province de Tarragone en Espagne, a considérablement augmenté ces dernières années, atteignant plus de 42 000 aujourd’hui.

Lahcen Boumakhtaf, 54 ans, est arrivé à Tarragone en provenance du Maroc en 1999, à la recherche d’une vie meilleure. À cette époque, près de 6 000 Marocains vivaient dans la province ; aujourd’hui, ils sont plus de 42 000. « J’ai vécu toutes les années de boom économique. Ici, il y avait plus d’opportunités que dans mon pays. Beaucoup de gens sont venus travailler dans le bâtiment, mais aussi comme saisonniers, dans les champs. On pouvait même cumuler plusieurs boulots et en changer à notre guise. C’était très facile de prospérer », explique-t-il à Diari de Tarragona.

Lahcen a été rejoint plus tard par sa femme et son fils de quatre ans, âgé aujourd’hui de 23 ans. « C’est une terre d’accueil et elle le sera toujours. Je me sens catalan, espagnol et marocain, j’ai pu mieux vivre ici », confie-t-il, même si les temps sont devenus durs en raison de la crise sanitaire. « Je gagnais 2 400 euros par mois. Maintenant, je gagne 1 300, le loyer me coûte 600, 140 pour les prêts, 100 pour l’électricité… Je dois même me tourner vers des amis pour demander de l’aide », avoue-t-il, ajoutant que plusieurs compatriotes se sont retrouvés au chômage, ont fait faillite, ont été expulsés de leurs maisons et ont fini par migrer vers d’autres pays.

De 2000 à 2012, la communauté marocaine de Tarragone a été multipliée par sept, passant de 6 083 à 41 440. Malgré la crise, « le flux continue, il y aura toujours des gens qui continueront à venir parce qu’ils aspirent à une vie meilleure », assure Lahcen qui n’a cessé d’aider et de conseiller les nouveaux migrants marocains dans la province qu’il n’est pas près de quitter. « Je ne vais pas partir d’ici. Je ne me vois nulle part ailleurs, j’aime la Catalogne, je veux rester ici et continuer à me battre », explique Lahcen.

Au premier semestre 2022, 1 717 personnes sont arrivées d’Ukraine dans la province à cause de la crise avec la Russie, selon les données de l’INE. D’autres ont quitté le Pérou et la Colombie, toujours à la quête de stabilité et d’une vie meilleure. La plupart de ces ressortissants de pays en conflit demandent une protection internationale en Espagne.