Islamisme et gouvernance ne riment pas ensemble, estime Tahar Ben Jelloun, car "le religieux et le politique conjugués avec les techniques modernes de la communication" donneraient naissance "à un régime autocrate".
La résolution des problèmes du Maroc nécessite une réelle volonté politique, "les prières ne suffisent" pas pour lutter contre la corruption et la misère qui sévit dans le pays. L’islamiste lui, fait plutôt "la morale aux gens au lieu de s’attaquer aux racines du mal qui sont d’ordre économique et politique".
L’Islam politique commence par des prêches moralisants et finit par des décrets et des lois (fatwas) qui gouvernent la vie quotidienne des citoyens, affirme Tahar Ben Jelloun, qui associe la naissance de l’islamisme marocain à la politique d’arabisation adoptée par le pays au début des années ’70, marginalisant ainsi la population arabophone, recrutée plus tard par les islamistes.
La "facilité du discours religieux" et son acceptation par "une jeunesse désemparée" seraient à l’origine de la victoire du PJD aux élections législatives du 25 novembre.
Le discours rassurant du PJD et l’incompétence des autres partis en lice ont pesé sur les résultats de ce scrutin électoral, conclut l’écrivain, tout en espérant que "les islamistes ne feront pas trop de dégâts une fois aux commandes".