Terrorisme : Le malaise marocain

7 avril 2004 - 10h26 - Espagne - Ecrit par :

Le 11 Mars a constitué un véritable choc pour l’opinion publique marocaine. Le fait que la grande majorité des accusés soit originaire des provinces du Nord interpelle, inquiète, dégoûte le citoyen de base.
L’Etat a axé sa communication sur deux thèmes. Le premier tente de diminuer l’impact en répétant qu’Al Qaida choisit ses exécutants parmi la communauté la plus intégré du pays cible et qu’il était dès lors "normal’ que les Marocains soient choisis pour l’Espagne.

Le second thème à lui plus de consistance et il est étonnant qu’il ne soit pas repris par la presse espagnole. Il met en cause les services espagnols. Jamal Zougam, qui a joué un rôle clé dans les attentats est recherché par les Marocains depuis longtemps. Le procureur Corazon Baltazar l’a entendu et l’a relâché, estimant que les Marocains n’avaient pas fourni de preuves. La plupart des présumés coupables sont identifiés et recherchés par les services marocains depuis longtemps. "Ils vivaient normalement, sans même changer d’identité à Madrid", confie Amer un sécuritaire marocain chargé du dossier.

S’il est vrai que le CESID, le service de renseignement espagnol, n’a pas été d’une vigilance à toute épreuve, et surtout qu’il a traité les informations marocaines avec dédain, cela n’atténue pas le malaise marocain.

Si le sort des travailleurs et des étudiants en Europe inquiète vivement, c’est bien le terrorisme à l’intérieur des frontières qui est dans tous les esprits.

Depuis le 16 Mai, plusieurs centaines de personnes ont été inculpées, et jugées en relation avec l’Islamisme radical prêchant la violence. Les verdicts vont de la relaxe à la peine de mort. Devant le nombre des accusés, la première attitude de certains intellectuels a été la suspicion. "Les sécuritaires profitent de l’occasion pour régler leur compte aux Islamistes" a-t-on pu lire. Les organisations de droits de l’homme ont remis en cause les procédures judiciaires. C’est d’ailleurs en s’appuyant sur ces rapports que le juge Corazon Balthazar a refusé de remettre Jamal Zougam au Maroc. De tout cela il n’est plus question dans la rue marocaine depuis le 11 Mars.

Les Marocains constatent que "le ventre qui a engendré le monstre est encore fécond’’. Ils constatent aussi que ceux qui avaient prévenu contre l’alliance des réseaux mafieux et terroristes avaient raison. Ils savent maintenant que le terrorisme, phénomène mondial a aussi une quintessence nationale. Alors le débat avorté après le 14 mai resurgit avec force. Le rôle de la religion, la manière dont elle est véhiculée, l’éducation, la laïcité tout est remis sur la table, avec cette fois apparemment plus de hardiesse de la part des intellectuels dits modernistes. L’un des signes importants de ce changement fut la manifestation contre l’assassinat du dirigeant Hamas. Elle n’a réuni que 5 000 personnes alors qu’habituellement la Palestine faisait recette et les manifestants étaient 100 fois plus nombreux. Surtout entre les Islamistes et leurs discours raciste et ceux qui rejetaient ’’Tous les terrorismes" le schisme étaient évident. Il n’est plus tabou de dire au Maroc, que Hamas est terroriste et que la barbarie est injustifiable. Ceux qui ont choisi la vie ne peuvent la défendre qu’en affichant leurs choix. Le temps des compromissions est-il réellement révolu ?

Lobservateur.ma

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