Lors du procès il y a trois mois, le parquet avait requis cinq ans de prison ferme à l’encontre de Daniel R., considéré comme l’artificier du groupe. Treize autres prévenus, dont Guy S., le fondateur, et Bernard S., le responsable de la section Île-de-France, encourent des peines de prison assorties en partie de sursis. Le parquet avait aussi requis la relaxe de deux autres, rappelle Le Parisien. Les 16 accusés dont trois femmes, âgés de 39 à 76 ans, sont depuis 2017-2018 membres du groupe d’ultradroite AFO, une organisation qui, selon les juges d’instruction, planifiait des « actions violentes concrètes dans des lieux symboliques » de l’islam.
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Le procès s’était déroulé dans un contexte marqué par la recrudescence des actes anti-musulmans en France. Selon les données du ministère de l’Intérieur, ces actes ont augmenté de 75 % entre janvier-mai 2025 par rapport à la même période de 2024 (145 contre 83). La hausse est notable en ce qui concerne les agressions physiques (+ 209 %, de 32 à 99). « Pendant la procédure et également pendant les audiences, certains ont pu dire qu’ils avaient l’impression de faire partie de la Résistance, évoquant un grand-père résistant face aux nazis. Mais l’héroïsme n’est pas génétique ! Non, ils ne sont pas Jean Moulin », avait déclaré un représentant du parquet.
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« AFO a répondu dès l’origine à la peur de l’islam et à la nécessité du passage à l’acte », avait ajouté le procureur qui est convaincu que ce groupe est « soudé par la haine et le rejet de l’islam ». Lors de leurs réunions et dans des courriels et notes, les membres du groupe évoquaient des projets comme l’« opération halal », qui consistait à faire porter des niqabs à des femmes membres d’AFO pour empoisonner de la nourriture dans les rayons halal de supermarchés avec du cyanure ou de la mort-aux-rats, détaille le parquet. Le groupe d’ultradroite prévoyait aussi de tuer « 200 imams radicalisés » et de faire exploser la porte d’une mosquée de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine).
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Lors de leur procès, les prévenus avaient reconnu avoir été surtout intéressés par la formation survivaliste promise par AFO afin de se former et s’entraîner en cas de guerre civile. Ils avaient toutefois nié toute volonté de passer à l’acte, évoquant des « paroles en l’air », « des fantasmes ». Dans le même sens, les avocats de la défense avaient rejeté la qualification d’association de malfaiteurs terroriste, passible de dix ans d’emprisonnement, arguant qu’il s’agit de projets à « un stade embryonnaire ».