Maroc : vers l’interdiction de la culture de pastèque ?

17 juin 2024 - 21h30 - Maroc - Ecrit par : S.A

En raison de la sécheresse intense, la grave pénurie d’eau et de la qualité des fruits, le ministère de l’Intérieur a décidé de la suspension temporaire de la culture de la pastèque rouge pendant un an dans la région de Zagora.

Les producteurs de la pastèque font face à une grave pénurie d’eau cette saison en raison de « l’épuisement hydrique » que subit la région de Drâa-Tafilalet, la plus grande zone de culture de la pastèque au Maroc. Prenant la mesure de cette situation, le ministère de l’Intérieur a rapidement organisé une série de réunions spéciales pour la région de Zagora, à l’issue desquelles il a décidé de suspendre temporairement la culture de la pastèque rouge pendant un an dans la région, afin de réduire considérablement la consommation d’eau et de protéger les ressources en eau contre l’épuisement, en particulier dans les conditions climatiques difficiles que traverse le pays.

À lire :Le Maroc assoiffé par la pastèque de Zagora

Dans une proposition précédente, le ministère de l’Intérieur a recommandé de réduire la superficie cultivée de pastèques rouges de 5000 hectares à seulement 2000 hectares pour la saison prochaine. Il a également mis en place un plan de gestion des ressources en eau utilisées pour l’irrigation de cette culture tout au long de l’année. Mais cette mesure passe mal auprès des agriculteurs et cultivateurs de Drâa-Tafilalet, ceux-ci souffrant déjà de conditions économiques difficiles. Ils redoutent que la suspension de la culture de la pastèque n’aggrave leurs difficultés, cette culture étant une source de revenus essentielle pour de nombreuses familles de la région.

À lire :Pastèque et sécheresse : le casse-tête marocain

En avril dernier, la saison a bien débuté, avec une récolte de Zagora, mais des quantités inférieures à celles de la saison précédente ont été enregistrées dans la région, fait savoir Fresh Plaza, attribuant cette baisse aux restrictions de production liées à la sécheresse. Or, les quantités produites ont été suffisantes pour le marché local et l’exportation, et surtout de bonne qualité. « Nous avons rencontré de gros problèmes de qualité de la pastèque dans ces régions, notamment un virus qui provoque l’éclatement ou la pourriture des pastèques, ce qui a conduit à l’arrêt de la saison. Il n’y a plus de pastèques disponibles sur les marchés locaux ou d’exportation », a confié un exportateur. Selon les exportateurs, la saison actuelle de production de pastèques repose en grande partie sur la récolte de Gharb, une région plus stable en termes de quantités.

À lire :Des villes marocaines interdisent la culture de la pastèque et du melon

« La région a été affectée par une mauvaise qualité l’année dernière, ce qui a dissuadé les agriculteurs de cultiver ce fruit pour éviter une nouvelle propagation du virus », a fait savoir un cultivateur de la région Gharb. Il poursuivra : « Certains agriculteurs ont continué et s’attendent à une récolte dans les prochains jours. Le résultat encouragera soit davantage de cultures pour la saison estivale, soit mettra fin à la saison de manière abrupte. […] Quoi qu’il en soit, c’est une saison à oublier pour les pastèques, les jours d’abondance où le surplus de pastèques servait à nourrir le bétail sont révolus. » À une source de la filière pastèque à Agadir, la production de Zagora est terminée, et la saison marocaine continue avec la production des régions d’Agadir et de Taroudant.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Eau - Zagora - Agriculture - Ministère de l’Intérieur (Maroc)

Aller plus loin

Le Maroc exporte ses pastèques en masse, malgré le manque d’eau

Malgré les interdictions des cultures gourmandes en eau comme la pastèque dans plusieurs régions, le Maroc continue d’exporter ce fruit, se hissant en tête des exportateurs vers...

Pastèque et sécheresse : le casse-tête marocain

Faut-il continuer à produire de la pastèque rouge qui nécessite une importante quantité d’eau et épuise les sols, alors que le Maroc connaît la pire sécheresse depuis quatre...

Pastèque : en Espagne, on dénonce l’invasion marocaine

Après avoir fait don de 80 000 kilos de pastèques l’année dernière en raison de la concurrence marocaine, Manuel Puertas, un agriculteur espagnol, a décidé cette année de...

Maroc : l’interdiction de la culture de la pastèque en question ?

Le gouverneur de la province de Zagora a pris de nouvelles mesures pour limiter la culture de la pastèque rouge et jaune et l’interdire dans certaines zones. Ces mesures visent...

Ces articles devraient vous intéresser :

Avocat : Le Maroc inonde l’Europe

Le Maroc continue d’inonder le marché européen de ses avocats. Entre octobre et décembre 2024, le royaume a exporté pas moins de 42 000 tonnes de ce produit vers l’UE. Des chiffres qui risquent de grimper d’ici à avril.

Camions attaqués en Europe : le Maroc hausse le ton

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a dénoncé lundi les récentes attaques d’agriculteurs européens contre des cargaisons de fruits et légumes marocains, faisant observer que l’Union européenne (UE) tire davantage profit de...

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Le Maroc s’attaque aux fraudeurs de la taxe sur les terrains non bâtis

Face aux dysfonctionnements relevés dans le recouvrement de la Taxe sur les terrains non bâtis (TNB) dans plusieurs communes, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a adressé une circulaire aux walis des régions et aux gouverneurs des provinces...

L’avocat marocain séduit l’Europe

La sécheresse et la saturation des marchés européens sont loin de produire un impact négatif sur les exportations marocaines d’avocat. Celles-ci ont, pour la première fois, enregistré un record historique.

Alerte au miel « aphrodisiaque » en vente au Maroc

Du « miel aphrodisiaque » ou du « miel de virilité » inonde le marché marocain et inquiète le Syndicat des professionnels de l’apiculture au Maroc.

Les Marocains vont-ils manquer de dattes pour le Ramadan ?

À quelques semaines du mois sacré de Ramadan, des doutes subsistent quant à la disponibilité des dattes en quantité suffisante et à des prix abordables.

Les restaurateurs marocains accusés d’empoisonner leurs clients

Les propriétaires des cafés et restaurants ont rejeté les accusations de fraude formulées contre eux par une députée du Rassemblement national des indépendants (RNI). Celle-ci a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit...

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

L’eau Ain Atlas mauvaise pour la santé ? les autorités répondent

Le ministère de la Santé dément catégoriquement les rumeurs concernant l’eau minérale « Aïn Atlas ». Un document falsifié, circulant activement sur les réseaux sociaux et usurpant l’identité d’une délégation ministérielle, affirmait que cette eau ne...