Le Maroc assoiffé par la pastèque de Zagora

12 mai 2024 - 23h30 - Maroc - Ecrit par : P. A

La poursuite de la culture de la pastèque rouge à Zagora augmente le risque de stress hydrique de la région, dans ce contexte de sécheresse sévère qui frappe le royaume.

La culture de la pastèque, qui nécessite d’importantes quantités d’eau, menace la disponibilité permanente des ressources hydriques de la région de Zagora. En poursuivant cette activité agricole et l’exportation de ce fruit, non seulement les agriculteurs épuisent les eaux souterraines, mais exportent également l’eau de la région, explique à Hespress Abdelkader Aït Salah, un acteur environnemental de la région, ajoutant que cette situation « entraîne un pillage des ressources en eau locales, augmentant ainsi la pression sur la pénurie d’eau dans la région ».

« Dans le contexte de l’aggravation du changement climatique et de la récurrence des vagues de sécheresse, la culture de la pastèque rouge serait le coup de grâce pour les ressources en eau à Zagora », a déclaré l’expert, soutenant que l’exploitation excessive des eaux souterraines « rendrait la région plus vulnérable aux effets dévastateurs de la sécheresse à l’avenir, ce qui pourrait conduire à des crises hydriques graves menaçant la vie des habitants et leurs activités économiques ».

À lire : Le Maroc face à un dilemme de production de la pastèque

Dans la même veine, Halima Assli a affirmé que « la poursuite de la culture de la pastèque rouge entraînerait une mort lente des ressources en eau restantes dans la région », insistant sur l’impérieuse nécessité de régler cette question « sans délai ». « Des mesures radicales et urgentes doivent être prises pour arrêter cette hémorragie hydrique avant qu’il ne soit trop tard, car l’avenir de cette région, de ses oasis et de la sécurité de ses ressources en eau est en jeu », a-t-elle indiqué.

Conscientes du danger que représente la culture de la pastèque rouge pour la nappe phréatique, les autorités de la région avaient décidé de réduire la superficie dédiée à cette culture à un hectare par agriculteur. Cette mesure est toujours en vigueur et tout contrevenant s’expose à des sanctions, a prévenu un responsable de la Direction régionale du ministère de l’Agriculture à Drâa-Tafilalet, annonçant « des incitations pour encourager les agriculteurs à passer à des cultures moins consommatrices d’eau, et à adopter des méthodes d’irrigation modernes et de techniques agricoles avancées ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Eau - Zagora - Agriculture - Sécheresse au Maroc

Aller plus loin

Maroc : des sit-ins contre la soif

Les habitants de Tazroute, près de Larache, sont à bout. Depuis des mois, ils subissent des coupures d’eau potable répétées et prolongées, perturbant leur quotidien et celui des...

Les Marocains boudent la pastèque

Malgré la baisse des prix de la pastèque enregistrée ces derniers jours, la demande reste faible, au grand désarroi des commerçants du marché de gros de Casablanca.

Maroc : une nouvelle ville interdit la culture de pastèque

Le gouverneur de la province de Tinghir, Ismaïl Heikel, a récemment pris la décision d’interdire la culture des pastèques rouges et jaunes sur l’ensemble des communes relevant...

Maroc : des champs de pastèque détruits

Les autorités locales de Zagora mènent depuis jeudi dernier une vaste opération pour s’assurer du respect par les agriculteurs de la décision limitant la culture des pastèques...

Ces articles devraient vous intéresser :

Les dattes algériennes au Maroc sous surveillance

Les dattes algériennes commercialisées au Maroc sont saines et ne constituent pas une menace pour la santé des consommateurs, ont assuré des professionnels marocains du secteur, émettant toutefois des doutes quant à la qualité de ce produit importé du...

Le Maroc plus fort que la France sur le marché mondial du melon

L’analyse des exportations mondiales de melons en 2024, basée sur les données COMTRADE des Nations unies, confirme la montée en puissance du Guatemala, devenu premier exportateur en volume devant l’Espagne. Mais les chiffres montrent également que le...

Tomate au Maroc : production en chute, prix en hausse

Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.

Le Maroc sort l’artillerie lourde pour défendre ses fruits et légumes

Le Maroc a décidé de muscler son jeu pour défendre ses agriculteurs sur la scène européenne. L’ambassade du Maroc à Madrid vient de faire appel à un cabinet de conseil espagnol, Acento Public Affairs, pour faire entendre sa voix auprès des institutions...

Le Maroc contraint de réorienter sa production agricole

Face à la sécheresse et au stress hydrique d’une part, et à l’inflation d’autre part, le gouvernement marocain est contraint de revoir sa politique agricole et alimentaire pour garantir l’eau et le pain.

Maroc : la fermeture des hammams fait des malheureux

La Fédération nationale des associations des propriétaires et exploitants des bains traditionnels au Maroc a adressé un courrier au ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, l’invitant à reconsidérer la décision de fermeture des hammams trois jours...

Maroc : des stations de dessalement pour sauver l’agriculture

Le ministère marocain de l’Agriculture a adopté le dessalement de l’eau de mer à des fins d’irrigation. Dans cette dynamique, le département de Mohamed Saddiki a prévu la construction de nouvelles stations de dessalement dans certaines zones agricoles.

Le Maroc envisage des coupures d’eau

Face au grave déficit hydrique provoqué par six années de sécheresse, le Maroc met en œuvre des mesures strictes, dont une rationalisation draconienne de l’utilisation de l’eau.

Avocat : le Maroc a un redoutable concurrent

Les avocats produits au Maroc sont très prisés en Europe en raison de plusieurs avantages concurrentiels. Mais le royaume a désormais un redoutable concurrent.

Maroc : la question des dattes algériennes arrive au parlement

Le groupe Haraki à la Chambre des Représentants a interpellé le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sidiki, sur les dattes notamment d’origine algérienne qui ont inondé le marché marocain avant le début du mois de ramadan.