Maroc : la pastèque sacrifiée pour préserver l’eau ?
Des associations locales de la province d’Al Haouz ont sollicité Rachid Benchikhi, le gouverneur de la province, pour qu’il interdise la culture de pastèques et de melons.
En raison de la sécheresse intense, la grave pénurie d’eau et de la qualité des fruits, le ministère de l’Intérieur a décidé de la suspension temporaire de la culture de la pastèque rouge pendant un an dans la région de Zagora.
Les producteurs de la pastèque font face à une grave pénurie d’eau cette saison en raison de « l’épuisement hydrique » que subit la région de Drâa-Tafilalet, la plus grande zone de culture de la pastèque au Maroc. Prenant la mesure de cette situation, le ministère de l’Intérieur a rapidement organisé une série de réunions spéciales pour la région de Zagora, à l’issue desquelles il a décidé de suspendre temporairement la culture de la pastèque rouge pendant un an dans la région, afin de réduire considérablement la consommation d’eau et de protéger les ressources en eau contre l’épuisement, en particulier dans les conditions climatiques difficiles que traverse le pays.
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Dans une proposition précédente, le ministère de l’Intérieur a recommandé de réduire la superficie cultivée de pastèques rouges de 5000 hectares à seulement 2000 hectares pour la saison prochaine. Il a également mis en place un plan de gestion des ressources en eau utilisées pour l’irrigation de cette culture tout au long de l’année. Mais cette mesure passe mal auprès des agriculteurs et cultivateurs de Drâa-Tafilalet, ceux-ci souffrant déjà de conditions économiques difficiles. Ils redoutent que la suspension de la culture de la pastèque n’aggrave leurs difficultés, cette culture étant une source de revenus essentielle pour de nombreuses familles de la région.
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En avril dernier, la saison a bien débuté, avec une récolte de Zagora, mais des quantités inférieures à celles de la saison précédente ont été enregistrées dans la région, fait savoir Fresh Plaza, attribuant cette baisse aux restrictions de production liées à la sécheresse. Or, les quantités produites ont été suffisantes pour le marché local et l’exportation, et surtout de bonne qualité. « Nous avons rencontré de gros problèmes de qualité de la pastèque dans ces régions, notamment un virus qui provoque l’éclatement ou la pourriture des pastèques, ce qui a conduit à l’arrêt de la saison. Il n’y a plus de pastèques disponibles sur les marchés locaux ou d’exportation », a confié un exportateur. Selon les exportateurs, la saison actuelle de production de pastèques repose en grande partie sur la récolte de Gharb, une région plus stable en termes de quantités.
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« La région a été affectée par une mauvaise qualité l’année dernière, ce qui a dissuadé les agriculteurs de cultiver ce fruit pour éviter une nouvelle propagation du virus », a fait savoir un cultivateur de la région Gharb. Il poursuivra : « Certains agriculteurs ont continué et s’attendent à une récolte dans les prochains jours. Le résultat encouragera soit davantage de cultures pour la saison estivale, soit mettra fin à la saison de manière abrupte. […] Quoi qu’il en soit, c’est une saison à oublier pour les pastèques, les jours d’abondance où le surplus de pastèques servait à nourrir le bétail sont révolus. » À une source de la filière pastèque à Agadir, la production de Zagora est terminée, et la saison marocaine continue avec la production des régions d’Agadir et de Taroudant.
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