Maroc : la fin de la prison pour certains délits

1er septembre 2024 - 13h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Au Maroc, l’instauration des peines alternatives à la place de la détention préventive est désormais une réalité. Publiée dans le dernier Journal officiel (n°7328), datant du 22 août 2024, la loi n° 43.22 sur les peines alternatives est officiellement entrée en vigueur.

La loi n° 43.22 sur les peines alternatives exclut non seulement les crimes graves et les récidivistes, mais elle prévoit également des mesures pour réparer les dommages causés par le crime. Le texte définit les peines alternatives comme « des peines imposées en remplacement des peines privatives de liberté pour les délits dont la peine n’excède pas cinq ans d’emprisonnement ferme ». Les peines alternatives sont définies comme le travail d’intérêt général, la surveillance électronique, la restriction de certains droits ou l’imposition de mesures de surveillance, de traitement ou de réhabilitation, ainsi que l’amende journalière, précise l’article 2-35 de la loi. Selon l’article 14-35, le tribunal peut également prononcer une amende journalière en remplacement de l’emprisonnement ferme, fixant un montant pour chaque jour de peine d’emprisonnement prononcée. Cette amende journalière peut également être appliquée aux mineurs avec l’accord de leur représentant légal. L’amende journalière ne peut être imposée qu’après preuve de réconciliation ou de renonciation de la part de la victime ou de ses proches, ou si le condamné a réparé les dommages causés par le crime. L’article 35-15 fixe le montant de l’amende journalière entre 100 et 2 000 dirhams par jour d’emprisonnement prononcé.

À lire :Maroc : payer pour ne pas aller en prison

Selon l’article 3-35, les peines alternatives ne peuvent pas être appliquées aux délits liés aux crimes contre la sécurité de l’État et au terrorisme ; le détournement ou la corruption ; l’abus de pouvoir ; le gaspillage des fonds publics ; le blanchiment d’argent ; les crimes militaires ; le trafic international de drogues ; le trafic de substances psychotropes ; le trafic d’organes humains ; l’exploitation sexuelle des mineurs ou des personnes handicapées. Quant à l’article 5-35, il indique clairement que le tribunal peut ordonner une peine de travail d’intérêt général en remplacement de l’emprisonnement si le condamné a au moins 15 ans au moment du jugement. Ce travail est non rémunéré et doit être réalisé pendant une période allant de 40 heures à 3 600 heures au bénéfice des services de l’État, des collectivités territoriales, des institutions ou des organisations œuvrant pour les droits et libertés, la bonne gouvernance, les institutions publiques ou caritatives, les lieux de culte, ou d’autres organisations ou associations non gouvernementales travaillant pour le bien commun.

À lire :Maroc : plusieurs pistes pour réduire la population carcérale

Quid de la restriction de certains droits ou l’imposition de mesures de surveillance, de traitement ou de réhabilitation ? L’article 12-35 de la loi permet de prononcer une ou plusieurs de ces mesures, telles que : exercer une activité professionnelle ou suivre une formation professionnelle spécifique ; résidence à un endroit déterminé avec interdiction de le quitter ou de le quitter à certaines heures ; interdiction de fréquenter certains lieux ou à certaines heures ; surveillance avec obligation de se présenter à des dates précises, soit au centre pénitentiaire, soit au poste de Police ou de la Gendarmerie royale, soit au bureau de l’assistance sociale du tribunal ; interdiction de contacter ou d’approcher les victimes du crime ; suivi d’un traitement psychologique ou antidrogue ; réparation des dommages causés par le crime. S’agissant de la surveillance électronique comme alternative à l’emprisonnement, elle consiste en la surveillance électronique des mouvements et déplacements du condamné par un ou plusieurs dispositifs de surveillance approuvés, précise le texte. Le tribunal détermine le lieu et la durée de la surveillance en tenant compte de la gravité du crime, des circonstances personnelles et professionnelles du condamné, de la sécurité des victimes et du respect des droits personnels des personnes accompagnant le condamné.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Lois - Prison - Criminalité - Ministère de la Justice et des Libertés

Aller plus loin

Maroc : vers la mise en place du bracelet électronique

Le Maroc est sur le point d’homologuer l’application du bracelet électronique comme alternative à la détention provisoire. Il s’agit de l’un des nouveaux amendements à la...

Maroc : payer pour ne pas aller en prison

La Chambre des représentants a adopté mardi le projet de loi relatif aux peines alternatives. L’amende journalière entre 100 et 2 000 dirhams a été finalement retenue.

Incarcéré au Maroc, « Momo 94 » perd vingt kilos avant son procès à Paris

Arrêté à Ceuta, puis incarcéré au Maroc dans le cadre d’une affaire d’importation de dizaines de tonnes de cannabis du 1ᵉʳ janvier 2016 au 27 mai 2019, un Franco-algérien perd...

La population carcérale marocaine domine en Espagne

En Espagne, la nationalité étrangère avec le plus grand nombre de détenus est la nationalité marocaine. C’est ce qui ressort des derniers chiffres publiés par le ministère...

Ces articles devraient vous intéresser :

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Corruption : Rachid M’barki reconnaît les faits

Après avoir juré, sous serment, en mars dernier devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, n’avoir jamais perçu de rémunération occulte en contrepartie de la diffusion d’informations erronées ou très orientées pour...

Maroc : les taxis refusant des clients seront sanctionnés

Les chauffeurs de taxi qui refusent de transporter les usagers sont désormais dans le viseur du ministère de la Justice. Ce dernier prévoit de qualifier ce refus comme un délit ou une infraction. Une nouvelle qui réjouit les clients, mais met en...

Achraf Hakimi sort du silence et se défend

Achraf Hakimi s’est exprimé sur l’affaire de viol présumé dont il est accusé. Le latéral droit marocain du Paris Saint-Germain (PSG) continue de nier les faits survenus en février 2023.

Un MRE expulsé après 24 ans en France

Un ressortissant marocain de 46 ans, résidant en France depuis 24 ans, a été expulsé en février dernier, suscitant l’émoi et soulevant des questions quant à l’application de la loi Darmanin sur l’immigration.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Maroc : mendicité 2.0

La mendicité sur les réseaux sociaux est une infraction au même titre que la mendicité dans la rue, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Le fisc marocain traque les entreprises frauduleuses

Les inspecteurs et les contrôleurs de la direction générale des impôts (DGI) mènent une lutte implacable contre les entreprises, commerçants, intermédiaires et comptables, qui réalisent des transactions frauduleuses sur la base de fausses factures et...

Les Marocains ne se marient plus

Au Maroc, le nombre de mariages a diminué de plus de 25 % au cours de la dernière décennie, tandis que le nombre de divorces ne cesse d’augmenter, selon les données du ministère de la Justice.

Les Marocaines pénalisées en cas de divorce ?

Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.