Othman El Ballouti : comment la Belgique veut priver les narcos de leur pouvoir en prison

28 juillet 2025 - 15h00 - Belgique - Ecrit par : S.A

La Belgique veut priver les grands criminels comme le narcotrafiquant Belgo-marocain Othman El Ballouti, « roi de la coke » arrêté aux Émirats arabes unis, extradé depuis Dubaï et désormais incarcéré à Bruges, de leur pouvoir – y compris derrière les barreaux. Dans ce sens, le ministre belge de la Justice Annelies Verlinden compte durcir leurs conditions de détention.

Actuellement, les grands criminels sont incarcérés dans différents établissements pénitentiaires, dont celui de Haren, situé en région bruxelloise. Cet établissement abrite dans son bloc « Ocean House » six cellules de haute sécurité « d’où les détenus ne sortent jamais », fait savoir La Dernière Heure. Selon un rapport du Conseil central de surveillance pénitentiaire, réalisé il y a deux ans, les conditions de détention y sont particulièrement strictes. Les visites y compris les visites hors surveillance pour passer un moment intime ont lieu au sein même de l’unité.

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Confort rudimentaire, matelas d’une épaisseur de 22 cm posé sur un socle métallique ancré au sol pour éviter de pouvoir le soulever, bloc sanitaire fixe en inox comportant un WC et d’un petit évier, pas de miroir, vitres des fenêtres opaques, fenêtres équipées de volets extérieurs dont la majorité sont partiellement ou entièrement baissés, portes des cellules blindées doublées à l’intérieur d’une grille américaine dotée d’un plexiglas, grille américaine dotée de trois ouvertures ou guichets, porte extérieure équipée de deux guichets dont un en haut et l’autre au pied de la porte… Les grands criminels sont placés dans des cellules de haute sécurité.

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Le local de douche se situe dans le couloir du quartier disciplinaire. Sa taille est très variable allant de très grand à très petit. Pas de place pour accrocher ni déposer une serviette de bain. « Une douche de 12 minutes par jour peut être prise, a observé le CCSP. La direction précise qu’aucun horaire fixe n’est prévu à cet effet. » Les préaux sont « trop petits », car constituées de cages ceinturés de hauts murs (entre 3 et 5 m de haut) en béton, surplombés de grilles disposées sur une imposante structure métallique, horizontalement, sur toute la surface.

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« Cet espace est par contre beaucoup trop petit pour que les détenus puissent marcher dessous. Ils peuvent s’y abriter, sans plus. Les préaux ne sont équipés d’aucun banc ou d’une surface sur laquelle les détenus pourraient s’asseoir, d’aucun urinoir, d’aucune poubelle ou cendrier. Certains préaux sont désormais équipés d’un anneau de basket. Seule une balle a été vue par la délégation au moment de la visite. Le sol est jonché de mégots de cigarettes et la cour est déjà verdie ou noircie selon les endroits ce qui lui donne un aspect encore plus lugubre », ajoute le CCSP.

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Pourquoi des cellules hautement sécurisées ? « Nous voulons priver les grands criminels de leur pouvoir – y compris derrière les barreaux – tout en protégeant mieux notre personnel pénitentiaire. C’est pourquoi la ministre Verlinden souhaite promouvoir un régime de détention plus strict et réfléchi et l’inscrire dans la loi. D’autres pays, comme l’Italie, les Pays-Bas et la France, ont de bonnes pratiques en la matière », explique Tieneke Van Iseghem, porte-parole de la ministre. Et de conclure : « Avec un groupe de travail multidisciplinaire (composé de représentants de la police, du parquet, de l’administration pénitentiaire et de la Sûreté de l’État), nous examinons actuellement comment nous pouvons également ancrer dans notre pays une approche qui endigue les activités criminelles tout en garantissant des conditions de travail plus sûres à nos agents pénitentiaires ».

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