
Immobilier au Maroc : la réalité des prix qui s’envolent
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Selon les données actualisées de Banque Al-Maghrib (BAM), les transactions immobilières au Maroc ont enregistré une baisse de 21,2 % au deuxième trimestre 2025, en glissement annuel, tandis que la demande, bien qu’elle existe, se heurte à des obstacles de divers ordres et une désaffection des Marocains résidant à l’étranger.
Le recul noté en matière de transactions immobilières touche notamment le résidentiel et les biens à usage professionnel. Les terrains, eux, affichent une progression de 6 %. Meryem Bribri, responsable commerciale de l’agence immobilière LPDV, analyse pour Challenge cette situation du marché immobilier. Elle fait d’abord observer l’inefficacité des aides publiques au logement. « L’État a mis en place un dispositif de soutien destiné à accompagner les primo-accédants, avec des subventions à l’acquisition. Sur le papier, ces aides devraient stimuler le marché et faciliter l’accès à la propriété pour de nombreux ménages. Dans la pratique, les conditions d’éligibilité sont perçues comme trop strictes par plusieurs acquéreurs et promoteurs, limitant leur efficacité », explique-t-elle.
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L’experte explique ensuite que le marché est sous pression. « Traditionnellement, une crise immobilière découle soit d’une fuite des investisseurs, soit d’un accès restreint au financement, soit d’un manque de confiance dans le marché. Or, au Maroc, la situation est plus nuancée. Les banques continuent d’accorder des crédits, et les promoteurs ont modernisé leur offre en intégrant de nouveaux matériaux et des conceptions plus raffinées. Le problème vient davantage des restrictions qui touchent les MRE, confrontés à la hausse du coût de la vie en Europe et à des expériences malheureuses avec certains promoteurs, ce qui les pousse à privilégier des marchés alternatifs comme l’Espagne ; et de l’inflation locale, qui pèse lourdement sur le budget des ménages marocains », développe-t-elle. Et d’ajouter : « Avec la hausse des frais scolaires, des produits de première nécessité, des vacances et du quotidien, le couple moyen n’arrive plus à dégager une épargne suffisante pour investir dans la pierre ».
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En plus de la flambée des prix, la spéculation freine les transactions, affirme Meryem Bribri, relevant en outre les délais administratifs anormalement longs. « Les délais administratifs – quitus fiscal, obtention du crédit bancaire, signature des actes – peuvent atteindre deux à trois mois, voire plus en périodes creuses comme le Ramadan ou l’été. Ces lenteurs créent des risques d’annulation de transactions et découragent certains acheteurs ». A cela s’ajoute l’évolution des mentalités des jeunes qui, pour la plupart, « refusent d’accéder au crédit bancaire classique », préférant « investir dans des projets personnels, la bourse, l’informatique ou de petites entreprises, plutôt que de s’endetter à long terme pour un appartement », précise l’experte qui note que cette situation profite au secteur de la location, résidentielle comme professionnelle.
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Par ailleurs, « le marché souffre également d’un manque de foncier dans certains quartiers saturés, notamment dans les grandes villes, ce qui limite les possibilités de nouveaux projets… », souligne l’experte qui estime que, malgré ces défis, le marché reste dynamique. « Il existe toujours une demande réelle et des acheteurs potentiels. La contradiction actuelle réside dans un décalage persistant : d’un côté, des vendeurs qui maintiennent des prix élevés, persuadés que la valeur de leur bien continuera de croître ; de l’autre, des acheteurs qui trouvent ces prix inaccessibles et préfèrent patienter, louer, ou investir autrement ». Et de conclure : « L’avenir du secteur dépendra donc de la capacité à rendre les aides publiques réellement efficaces, à réduire les lenteurs administratives, à réguler les attentes spéculatives, et à proposer des financements mieux adaptés aux réalités sociales et culturelles des Marocains ».
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