Casablanca : les 12 travaux d’Hercule d’un super-préfet !

23 mai 2002 - 15h38 - Maroc - Ecrit par :

Première mégalopole du Maghreb avec une population estimée à 3,7 millions d’habitants, Casablanca, la capitale économique du Maroc, est confrontée depuis une vingtaine d’année à une grave crise de croissance qui menace désormais sérieusement la santé et la qualité de vie de ses habitants.

Développement de l’habitat insalubre, transports en commun obsolètes et polluants, occupation anarchique de l’espace public, absence d’espaces verts, gestion conflictuelle de l’assainissement et de la collecte des ordures ménagères, dégradation de sécurité alimentaire : l’accumulation de ces constats ont conduit le roi Mohammed VI à nommer en juillet dernier un "super-préfet" pour tenter de remettre sur les rails cette agglomération aux allures d’enfer urbain.

Depuis sa nomination, Driss Benhima, figure emblématique de la "dream team" de la dizaine de jeunes technocrates choisis par le souverain pour décentraliser et assainir la gestion du royaume, s’est attelé avec plus ou moins de réussite à "réconcilier" les Casablancais avec leur ville dont la population a été multipliée par dix depuis l’indépendance en 1956.

Sous l’impulsion de ce polytechnicien, des chantiers d’envergure ont été engagés suscitant, parfois, de vives polémiques. Le dernier en date concerne la réorganisation des transports publics, priorité des priorités dans une ville où près d’un enfant de moins de huit ans sur deux présente des pathologies respiratoires liées à la pollution atmosphérique.

Alors que le projet de construction d’un métro, lancé en 1985, s’est égaré dans les études sur le sous-sol gorgé d’eau de la métropole et sur son coût pharaonique, le wali a décidé de faire le ménage dans la profession des chauffeurs de taxis en attendant une réorganisation totale du secteur. Un projet, vite démenti, annonçant leur transfert vers la banlieue avait provoqué un préavis de grève des 9.000 chauffeurs de "grands taxis" interurbains surnommés les "crocodiles" pour leur conduite dangereuse. Témoin des subtilités dont l’administration marocaine reste familière, ces chauffeurs devront désormais présenter aux forces de police un "certificat de vie"... destiné à prouver qu’ils sont bien les titulaires des agréments nominatifs désormais délivrés au compte goutte par la préfecture.

L’autre solution étudiée pour répondre à l’engorgement du transport urbain, actuellement assuré par des autobus hors d’âge et dégageant d’âcres fumées noires, repose sur des lignes RER qui seront mises en service en juin pour un investissement de 20 millions d’euros.

La mise en conformité du parc d’autobus, un secteur où la concurrence sauvage pousse certains chauffeurs à circuler sans assurance tout en commettant un maximum d’infractions au code de la route, est également engagée.

En attendant de s’attaquer à l’habitat insalubre ou anarchique qui concerne plus d’un million de Casablancais, dont de nombreux, issus de l’exode rural, vivent dans les gigantesques bidonvilles des Carrières ou de Ben M’Sick, une campagne contre l’occupation illégale des espaces publics a entraîné la destruction de dizaines de terrasses de café ayant empiété sur la voie publique, souvent après corruption des élus locaux.

Autre sujet de polémique, la modernisation des abattoirs alors que l’abattage clandestin et la rupture de la chaîne du froid sont chaque année à l’origine de plusieurs centaines d’intoxications alimentaires, parfois fatales. Les nouveaux abattoirs de Casablanca vont tenter de recouvrir un agrément sanitaire pour l’exportation vers l’Union européenne retiré par Bruxelles dès 1983 mais leur mise en service vendredi dernier a occasionné des retards d’approvisionnement du marché et le boycott de certains professionnels suite à l’augmentation des taxes d’abattage.

Encore une fois, M. Benhima a dû monter personnellement au créneau pour faire passer ce projet et rassurer ses administrés, de plus en plus déboussolés par des méthodes qualifiées de "brutales" par ses adversaires.

Source : AP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Casablanca - Santé - Développement

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : la hausse des cas d’intoxications alimentaires inquiète

Au Maroc, la recrudescence des cas d’intoxication alimentaire dans les plusieurs villes inquiète les associations de défense des droits des consommateurs qui appellent à renforcer les contrôles dans les restaurants et établissements de restauration...

Maroc : des substances toxiques dans les emballages alimentaires

Une récente étude a révélé la présence de substances chimiques per – et polyfluoroalkylées (PFAS) dans certains emballages alimentaires à usage unique au Maroc.

Une Marocaine meurt après avoir pris des pilules achetées sur Instagram

Une Marocaine de 28 ans est décédée après avoir pris des pilules amincissantes achetées auprès d’une inconnue qui faisait la promotion de ces produits sur Instagram.

Achraf Hakimi a consulté un psychologue

Le latéral droit marocain du Paris Saint-Germain, Achraf Hakimi, a confié avoir bénéficié d’une assistance psychologique il y a trois ans parce qu’il passait par des moments difficiles sur le plan personnel.

Comment les transferts des MRE dopent l’économie marocaine

Depuis 2003, le Maroc célèbre chaque 10 août la Journée nationale des migrants. Instaurée par le roi Mohammed VI, elle offre l’occasion de mettre en lumière la contribution des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au développement économique, social...

Tatouage au henné : attention danger

La fin du Ramadan et la période de l’Aïd, pour les jeunes filles, une période propice pour mettre du henné sur les mains. Si certaines mères acceptent que leurs filles appliquent le henné, d’autres préfèrent se passer de cette pratique pour préserver...

Des médecins marocains critiqués après une vidéo (de danse) virale

La vidéo montrant une équipe médicale dans une salle d’opération en train de danser au son de la musique chaâbi en pleine intervention chirurgicale, a suscité une vive polémique au Maroc. Un professionnel donne son avis sur le sujet.

Les dattes algériennes dangereuses pour la santé ?

L’inquiétude enfle quant à la qualité des dattes algériennes importées au Maroc. Dr. Hassan Chtibi, président de l’Association de protection du consommateur, alerte sur les risques sanitaires liés à la consommation de ce produit prisé par les Marocains.

MRE : est-il interdit d’introduire des médicaments au Maroc ?

La question de l’importation de médicaments personnels se pose fréquemment pour les voyageurs se rendant au Maroc. L’Administration des Douanes marocaine a prévu un dispositif de franchise de droits de douane pour les médicaments à usage personnel....

Maroc : Trop de centres commerciaux ?

Au Maroc, la multiplication des malls soulève des inquiétudes. Les fermetures de plusieurs franchises enregistrées ces derniers temps amènent à s’interroger sur la viabilité de ce modèle commercial.