Maroc : après l’ADSL, le WiMax

24 novembre 2006 - 13h47 - Economie - Ecrit par : L.A

Les deux concurrents à l’opérateur historique marocain sont en course pour l’acquisition de la technologie moderne WiMax ((Worldwide Interoperability for Microwave Access) dans la bande des 3,5 GHz, la dernière technologie Internet sans fil haut débit, qui pourrait offrir des perspectives de croissance fortement attractives pour le Maroc.

L’introduction de cette nouvelle technologie hertzienne permettra aux opérateurs Meditel et Maroc Connect de concurrencer les offres ADSL de Maroc Telecom, l’obligeant peut-être à revoir à la baisse les prix de ses packages Internet et téléphonie.

Cette nouvelle technologie présente en effet plusieurs avantages sur les générations actuelles que sont l’ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line) et la 3G (3e génération de téléphonie mobile), déjà exploitées par les opérateurs marocains et sur lesquelles Maroc Telecom souhaite encore se concentrer pour le moment.

N’en déplaise aux deux jeunes opérateurs ISP (Internet Service Provider) Maroc Connect et Meditel qui s’engagent sur fond de WiMax dans leur premier face à face sur le marché des télécommunications.

« Grâce au WiMax, on pourrait à terme téléphoner gratuitement (selon la stratégie marketing des opérateurs), surfer sur Internet haut débit, télécharger films et musiques, travailler sur ses dossiers Internet, tout en étant mobile ! Tous les atouts d’un Internet haut débit version IP, mais avec la mobilité en plus. Un sacré avantage pour les businessmen, mais aussi pour l’économie du Maroc en général », explique Jérome Undreiner de la société WiCO, société d’expertise internationale spécialisée dans le WiMax, prestataire de Maroc Connect.

Par évidence, le WiMax ne manque pas d’atouts pour séduire : réception haut débit, mobilité géographique de l’utilisateur possible pendant la connexion, débit théorique de 70 mégabits par seconde sur de plus longues distances pouvant atteindre 25 Km. Autant de qualités que de perspectives d’avenir pour le marché des télécoms marocain en plein essor.

De plus, cette nouvelle technologie s’impose comme une alternative meilleur marché comparée aux frais d’installation des réseaux et câbles de l’ADSL. Car si le WiMax, encore à l’essai aux États-Unis et en Asie, ne semble pas approprié aux pays industrialisés déjà largement desservis par l’ADSL, il constitue une bonne option pour les pays en voie de développement qui ne disposent ni des infrastructures ni des moyens nécessaires pour déployer en masse des réseaux fixes. Comme c’est le cas au Maroc, qui ne peut se permettre, pour des raisons pratiques liées à sa géographie, de creuser des voies câblées dans le désert ou dans les régions difficilement praticables ou éloignées.

« D’ailleurs, le but n’est pas de concurrencer l’ ADSL, mais de proposer une offre à ceux qui ne peuvent pas avoir l’ADSL. Le WiMax est une technologie complémentaire de la fibre et de l’ADSL. Elle n’est pas encore assez aboutie pour qu’on mise exclusivement dessus », explique Undreiner, qui passe plusieurs heures par semaine sur le toit des Twin Center de Casablanca à régler le matériel préparant l’arrivée du WiMax.

« Maroc Connect et Meditel travaillent actuellement à la construction du réseau qu’ils ne pourront exploiter qu’à l’horizon 2008, c’est d’ailleurs la course jusqu’à cette date, car l’entreprise qui exploitera la première le réseau WiMax gagnera le gros du marché, c’est-à-dire les premiers clients que seront les entreprises ».

En effet, la course à l’installation des infrastructures censées accueillir les antennes a débuté au courant de l’année dernière. Les équipes respectives des opérateurs en course, composées pour la moitié de consultants étrangers, s’organisent et se préparent à fournir les prestations nécessaires à l’avènement progressif du WiMax au Maroc.

Car, si à terme le WiMax reposera sur un réseau métropolitain (MAN) avec un point d’accès unique, il faudra compter pendant un temps sur une architecture basée sur la technologie BLR (boucle local radio) qui utilise une bande de fréquence (3.6GHz) proche de celle du WiMax et qui permettra à des antennes provisoires placées chez les particuliers ou les entreprises de se connecter. Cette période ne devrait pas durer longtemps si l’on considère que des cartes PCMCIA WiMax mobiles (puce à installer sur PC) seront disponibles sur le marché à l’horizon 2008 et permettront une mobilité ouverte et accrue.

Dans un esprit d’anticipation, une initiative intelligente consisterait à équiper au préalable les ordinateurs portables afin de réaliser des économies d’échelle doublées d’un gain de temps (comme le Wi-Fi actuellement). Surtout lorsque l’on considère qu’une appropriation rapide de cette technique, menée de paire avec une vague de formation aux NTIC, permettrait au pays de se repositionner au plus vite sur le marché mondial de l’information.

Perspectives dynamiques

A l’instar de l’Inde, le Maroc souhaite en effet faire des NTIC une locomotive de sa croissance. Le secteur des télécommunications étant particulièrement dynamique et en mutation permanente, l’avènement du WiMax va ouvrir une nouvelle fenêtre sur un avenir de services prometteurs, notamment avec l’annonce d’un programme national de e-gouvernement, le lancement en 2006 d’une stratégie d’accueil de l’offshore européen, et l’intérêt croissant des sociétés étrangères. Cette extension de la couverture géographique d’Internet haut débit est une vraie opportunité pour les entreprises, car elle va ainsi encourager la production et l’exportation de logiciels (applications développées autour du WiMax), mais aussi permettre la multiplication des plates-formes de développement offshore ainsi que celles des téléservices.

Quant aux particuliers, elle va, induire une vague de démocratisation à l’accès à Internet ; mais aussi permettre à des régions, jusqu’ici coupées de toute révolution technologique, de se remettre à niveau et de diversifier leurs services grâce à une qualification de leur main-d’œuvre.

L’Economiste - Najlae Naaoumi

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