A mes amis adeptes de l’amazigh

24 juin 2002 - 15h22 - Culture - Ecrit par :

Dernièrement, j’ai assisté presque malgré moi, à une conversation très animée entre amis sur l’amazighité du Maroc, je dis bien Maroc et non de tous les Marocains. Ces discussions provoquées suite à un débat organisé par le P.P.S le samedi 16/06/02 à la salle municipale de la ville d’Agadir.

Des idées furent émises telles que les Arabes sont des colons exploitants outrageusement tous les pans de décisions en les comparant aux sionistes, ou plus grave encore, celui qui ne parle pas l’amazigh n’est pas marocain etc. etc.. Oh ! désespoir... voici que le chantre du rejet de l’autre pour ne pas dire de la xénophobie et du racisme commence à montrer son visage hideux.
Il faut reconnaître que c’est dans l’air du temps mais, malheureusement trop d’esprits chagrins, rongés par l’amertume, aigris par la non réussite, encouragés par un chômage endémique, exploitent ce thème très délicat pour fustiger et se venger du comportement social d’une petite frange de nos concitoyens qui, à juste titre, ont largement profité de l’après indépendance.
Une pensée saugrenue, je l’espère me taraude l’esprit ces derniers temps. La haine de l’arabe qui jalonne l’histoire de l’Occident depuis les croisades avec des pointes aiguës épisodiquement suivant les événements - islamisme, pacifisme, arabisme et plus récemment terrorisme -, n’a-t-elle pas insidieusement poussé cette intelligentsia florissante à se démarquer de leur infime partie arabe congénitale. “Hé M’sieu, moi j’suis pas arabe. Oué M’sieu, moi j’suis berbère”. Un de mes amis s’insurge contre le mot berbère car à consonance proche de barbare et préfère le remplacer par celui d’amazigh. Seulement, l’Occidental ne comprend pas ce mot. Ref : l’exécrable dahir berbère !
Je suis d’autant plus intéressé d’apporter ici, mon point de vue fusse-t-il du plus humble, parce que mes origines sont l’expression de ce que le Maroc est, depuis des siècles, d’une civilisation arabo-berbère avec des touches de négritude. Pardon, pour raison donnée à mes amis amazighophobes, je dirai civilisation berbero-arabe.
En effet, issu d’un mariage entre les Aït Harzallah des Beni M’tir et une faction des Bennani, somme toute un croisement dans le genre qu’a débuté Idriss premier avec Kenza des Awraba au second siècle de l’hégire.
A ma connaissance, excusez ma profanation, l’arrivée des arabes au Maroc fut, depuis le commencement, faite par bandes, hordes successives et a été diluée forcement et au fur et à mesure dans la masse des Marocains d’antan, amenant avec elle tout ce qu’elle avait de positif et de négatif.
Alors, la question que l’on peut se poser raisonnablement est : Quel est le Marocain actuel qui peut se targuer d’être 100 % amazigh ou arabe ?....
Accidentellement, il peut se trouver des Marocains ne sachant parler que l’amazigh ou l’arabe. Quand à l’arabe, il est d’abord dialectal diffèrent de celui du moyen orient et riche en vocabulaire d’origines diverses. Ces Marocains là, se sentant intellectuellement orphelins et désorientés, cherchent à renouer avec leur Histoire, d’où cette effervescence exacerbée d’une partie de l’intelligentsia locale.
Il est vrai, tant que nous nous affrontons par les idées et non par le fer, si on se respecte, montre que tout espoir est permis. Le respect amène la tolérance qui est l’aurore annonçant le jour.
Connaître ou reconnaître ses origines, ses coutumes - oh combien riches - ses langues ancestrales, bref son patrimoine, peut apporter richesse, savoir et enfin soulagement et cohésion. Délivrons-nous de cette hantise vicieuse et pernicieuse qui nous guette d’être soit amazigh soit arabe tout en taxant ce dernier-créé subjectivement et à connotation douteuse - de tous les maux qui secouent notre société. N’ayons pas peur d’apprendre à nos enfants, l’amazigh, l’arabe et bien d’autres encore, sachant qu’une langue est avant tout un outil d’expression pour véhiculer des idées, des pensées, mais apprenons leurs surtout notre Histoire. Histoire glorieuse constituée d’apport phénicien, romain, arabe, vandale, mandingue, andalou et plus récemment français et hispanique. Apprenons leurs à être marocains, fières de l’être et à combattre les malheurs de front sans amalgame ni chauvinisme tout en bannissant et abhorrant le tribalisme, source de divisions. Les malheurs d’aujourd’hui forgent et peuvent être transcendés par la lutte commune et non sectaire comme le prônent certains de mes amis. A ces derniers qui se reconnaîtront, je leur dis simplement « vous avez raison d’être des amazighs mais soyez surtout des Marocains ». J’espère n’être pas dépossédé, à leurs yeux, de ma marocanité, en m’exprimant par la langue de Voltaire.

Source : al bayane

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Amazigh - Conférences

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Groupe Barid Al-Maghrib promeut la langue amazighe

Le Groupe Barid Al-Maghrib entend intégrer la langue amazighe dans ses services. Dans ce sens, il a signé une convention de partenariat avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM).

Le Roi Mohammed VI instaure le Nouvel An Amazigh comme jour férié au Maroc

Le Nouvel An Amazigh sera désormais un jour férié officiel au Maroc, selon une décision qui vient d’être prise par le roi Mohammed VI.

Des erreurs sur les panneaux d’autoroutes marocaines

Le député Kamal Ait Mik, membre du groupe parlementaire du Rassemblement national des indépendants (RNI) à la Chambre des conseillers, a relevé des erreurs dans l’écriture des mots amazighs sur les panneaux de signalisation routière.

Les Marocains libres de choisir le prénom de leurs enfants, sous certaines conditions

Les officiers marocains de l’état civil sont à présent dans l’obligation d’accepter temporairement les prénoms déclarés, y compris ceux en contradiction avec la loi, contrairement aux pratiques antérieures, selon un décret qui vient d’être publié.

La chanteuse Fatima Tabaamrant menacée par un salafiste

Alors qu’elle fait l’objet d’attaques verbales de la part d’un prédicateur salafiste, l’icône de l’art amazigh, Fatima Tabaamrant, ancienne députée RNI, vient de recevoir le soutien du parti d’Aziz Akhannouch.

Maroc : l’Amazigh reconnue officiellement comme une langue de travail

Les autorités marocaines ont procédé mardi au lancement officiel des procédures qui vont permettre l’intégration de l’Amazigh dans les administrations publiques. La cérémonie a été présidée par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch.

L’enseignement de la langue amazighe généralisé dans les écoles marocaines

Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports vient d’annoncer son plan de généralisation de l’enseignement de la langue amazighe dans tous les établissements du primaire d’ici à l’année 2029-2030.

Maroc : de grands pas vers l’officialisation de l’amazigh

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch franchit de grands pas vers l’officialisation de l’amazigh, mais des efforts considérables restent à fournir pour que la langue retrouve sa place qui lui est échue.

Nouvel an amazigh au Maroc : ce sera le 14 janvier

La date du nouvel an Amazigh au Maroc est désormais connue. Elle vient d’être définie par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et ce sera le 14 janvier. Ce jour sera donc chômé et payé.

Maroc : Ahmed Assid dénonce la répression des voix d’opposition par l’astuce des mœurs

Dans un podcast, l’universitaire et activiste amazigh Ahmed Assid s’est prononcé sur plusieurs sujets dont la répression des voix contestataires au Maroc, la liberté d’expression ou encore la laïcité.