Sous les zelliges marocains... le droit

1er septembre 2007 - 02h25 - Economie - Ecrit par : L.A

Acheter son pied-à-terre à l’étranger devient de plus en plus courant. Pourquoi pas Marrakech à trois heurs d’avion de Paris ? Mais attention aux coutumes et au droit local. Une visite guidée s’impose.

On ne présente plus Marrakech, le nouvel eldorado des Français, ravis d’y trouver une oasis de soleil et d’accueil chaleureux à trois heures de Paris. D’ailleurs, Tanger lui emboîte aujourd’hui le pas. Mais la splendeur des tadelakt, ces enduits de chaux colorés, et des zelliges, ces marqueteries de faïence qui font le charme de la ville, ne doit pas aveugler l’investisseur immobilier qui doit rester prudent.

Pas question d’acheter au Maroc sans préalablement ouvrir un compte en dirhams convertibles dans une banque sur place qui assure le change de la monnaie en faveur des étrangers. Cette précaution est importante car seul ce compte permet de réaliser l’investissement et garantit le transfert vers la France des éventuels revenus (loyers, par exemple). De plus, l’office des changes est prévenu de la transaction, ce qui vous autorise à récupérer en France les fonds et la plus-value en cas de revente.

Pour être certain de disposer de la vraie propriété, il faut s’assurer de disposer d’un titre validé par la Conservation Foncière. Ce qui impose de passer par un notaire correspondant d’un notaire français, seul apte à vérifier la légalité du document. La vérification d’un tel titre peut prendre plusieurs mois. Mais cette étape évite toute contestation ultérieure... et bien des déconvenues et litiges.

Melkia ou Guiches, très grande prudence

Un bien dit Melkia est un bien qui n’est pas titré, qui n’est pas inscrit à la Conservation Foncière et est régi par le droit musulman. Il peut appartenir à de nombreux héritiers, à l’issue de successions en cascade. Un seul ayant droit "oublié" peut se manifester lors de la vente et s’y opposer. Pour que tout se passe bien, il est indispensable de rassembler les actes adoulaires (titres de propriété établis en langue arabe), de vérifier le nombre d’ayants droit pour s’assurer qu’ils sont tous intervenants dans la vente et contrôler la description détaillée du bien (situation du bien, superficie). L’acte d’achat doit être enregistré.

Quant aux Guiches, des terrains auparavant offerts par le Sultan aux soldats qui revenaient de guerres ou de batailles, ils appartiennent toujours à l’Etat même s’ils ont été transmis aux héritiers. Impossible donc d’en acquérir la pleine propriété, il est juste possible de bénéficier d’un droit de jouissance.

Enfin, les terres agricoles ne sont pas vendues à des étrangers, sauf à s’associer à un marocain pour les acheter.

Parlons Dirhams

Lors de l’achat d’un bien titré, il faut compter environ 5,5% du prix d’acquisition au titre des frais de notaire et d’enregistrement, majorés de 1.500 à 3.000 dirhams de frais divers selon les dossiers (de 135 à 270 euros pour ces derniers ). Pour un bien Melkia, il faut ajouter des frais variables qui dépendent de la superficie au sol et du prix d’achat (comptez environ 500 euros). Reste ensuite à payer la taxe urbaine (l’équivalent de nos impôts locaux) calculée sur la valeur locative et la taxe d’édilité.

En cas de revente, les profits réalisés sont imposés à 20% à l’impôt général sur le revenu. Si le logement est conservé à usage de résidence principale pendant 8 ans, la revente ultérieure est exonérée d’impôt. Les retraités qui coulent leurs vieux jours heureux peuvent être exonérés d’impôt sur leur retraite jusqu’à 80% de leurs revenus. Mais ils doivent les convertir en dirhams.

Dominique de Noronha

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Investissement

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc va injecter 150 milliards de dirhams dans le Fonds Mohammed VI pour l’investissement

Lancé en 2020 sur instruction royale, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement sera renforcé pour le financement de certains grands projets, selon le ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des Politiques...

Maroc : l’aide à l’achat de logement bientôt effective

Le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, a annoncé la mise en place prochaine d’un dispositif d’aides directes au logement pour les primo-acquéreurs.

Maroc : l’aide au logement booste le marché de l’immobilier

Au Maroc, le nouveau programme d’aide à l’acquisition de logements est susceptible d’apporter une bouffée d’oxygène au marché immobilier.

Le groupe Thalès renforce sa présence au Maroc, près de 150 emplois à terme

Le groupe français Thalès, spécialiste mondial de cybersécurité, va renforcer sa présence au Maroc à travers un nouvel investissement d’une valeur de plus de 350 millions de dirhams dédié au secteur de l’outsourcing.

Immobilier au Maroc : où en est l’aide directe aux primo-accédants ?

Alors que c’était annoncé pour décembre, puis pour janvier 2023, le décret fixant le montant et les modalités d’attribution de l’aide financière directe aux primo-accédants au logement accuse du retard. Cette aide était initialement annoncée dans la...

Maroc : investissements publics records en 2024

L’investissement public au Maroc devrait s’élever à 335 milliards de dirhams (MMDH) l’année prochaine, d’après la note de présentation du Projet de loi de finances (PLF) 2024. Un effort qui contribuera à améliorer les conditions de vie des populations.

Immobilier au Maroc : des contraintes en série

Au Maroc, les professionnels de l’immobilier affichent peu d’optimisme quant à une reprise de leur secteur. Tant les problèmes s’accumulent pour un secteur qui ne s’est pas encore suffisamment remis de la crise sanitaire de Covid-19.

Le Maroc va construire deux millions de logements sociaux

Le Maroc devra construire encore près de deux millions de logements sociaux pour satisfaire la demande toujours forte, a indiqué Fatima Ezzahra El Mansouri, la ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la...

Bientôt l’ouverture par Israël d’une mission commerciale au Maroc

L’évolution des relations commerciales entre Rabat et Tel Aviv et l’engouement des investisseurs incitent Israël à ouvrir prochainement une mission commerciale au Maroc.

Marocains, n’oubliez pas de déclarer les revenus fonciers

Le dépôt de la déclaration de revenus fonciers soumis à l’impôt sur le revenu (IR) et le paiement dudit impôt, doivent être effectués au plus tard le 29 février, a prévenu la Direction générale des impôts (DGI).