Les plus connus donnent le vertige aux passants de la Place Jamaa el Fna de Marrakech. Héritiers d’une vieille tradition guerrière pacifiée depuis, une douzaine d’acrobates marocains (Le groupe acrobatique de Tanger) envahissent désormais la scène rénovée de la Grande Halle de la Villette à Paris. L’occasion d’un spectacle renversant capable de galvaniser le public en un rien de temps, magistralement mis en scène par Aurélien Bory. "Taoub" entremêle avec brio, humour et émotion, acrobatie, vidéo et chant. De quoi régénérer un genre trop longtemps réduit au seul folklore.
Bienvenue, donc, au nouveau cirque marocain. Cette pratique, habituellement dévolue à la gente masculine, accueille ici deux jeunes femmes épatantes. Pétillantes et malicieuses, ce sont elles qui mènent la danse, parvenant sans mal à mettre les hommes à leurs pieds.
La vidéo fait, également, son apparition. Elle permet ainsi quelques scènes oniriques, comme celles réalisées avec des ombres chinoises. D’autres sont beaucoup plus drôles. Telles celles au cours desquelles différentes tenues vestimentaires sont projetées sur les longues tuniques blanches des acrobates. D’autant qu’il est souvent, ici, question de tissu ("taoub", en arabe marocain). Qu’il s’agisse des tapis sur lesquels nos acrobates érigent d’étourdissantes pyramides humaines. Ou encore de cette gigantesque toile de parachute tour à tour transformée en montagne, en mur blanc, en plan d’eau ou en robe de derviche tourneur. Sans oublier la toile de trampoline d’où s’élèvent les artistes pour tutoyer les cieux.
Au fil du spectacle, une pluie d’images du Maroc affluent. Des femmes à une terrasse éclairée par la lumière si particulière de Tanger, des scènes de rue.... Et c’est souvent éblouissant. Pour les petits (dès 6 ans), comme pour les grands.
Taoub, jusqu’au 6 janvier à la Grande Halle de la Villette, Paris (75019). Tél : 01 40 03 75 75
La Tribune - Yasmine Youssi