je veux réagir à l’article que vous avez publié sur les clandestins. Ici, en France, nous, les "installés de longue date", les accueillons dans nos familles, les rencontrons parmi nos connaissances, dans le bus, la rue, au hasard d’un sourire de reconnaissance entre natifs....
Tous les jours, j’entends des mots d’espoir, de souffrance d’être éloignés, et ceux qui viennent ne sont pas forcément issus de milieux défavorisés. Ils parlent non seulement d’argent, bien sûr, mais aussi de respect, de liberté, d’égalité. Des hommes, des femmes qui veulent "gagner TARF EL KHOBZ" ou bien rêvent à une expression plus libre, à d’autres mondes auxquels ils pensent ne pas pouvoir accéder au Maroc ou ailleurs.
La semaine dernière, j’ai rencontré au coin de ma rue, un grand gaillard avec l’accent du nord marocain qui venait d’Italie, il n’avait pas mangé depuis 4 jours... C’est vrai qu’il y a des situations pénibles de solitude, de désespoir, les enfants, les parents restés au pays et qu’on ne reverra pas si tôt. Mais ces gens ont besoin d’aide ici, et chez eux. On soigne un mal à la racine. Tous les Français ou autres Européens ne sont pas des salauds, beaucoup se penchent sur ce problème et tendent la main pour donner du travail, loger, nourrir, même les cours de français sont gratuits et anonymes dans certaines associations, parce que ces clandestins veulent aussi apprendre !!! C’est souvent leur première préoccupation aussi étrange que cela puisse paraître : APPRENDRE LE FRANCAIS pour savoir se débrouiller. Mes parents se sont installés en Europe depuis quarante ans ; les raisons d’hier sont celles d’aujourd’hui ! Comment cela se fait-il que rien n’a progressé ? Nous connaissons tous la réponse. Le mépris total de son prochain, voilà la raison ! Nous, peuple arabo-musulman, civilisation lumineuse, nous n’avons rien su donner à nos frères et soeurs.
Arij Amina pour libération
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