Après 45 ans de séparation, Khadija retrouve sa famille biologique au Maroc

6 janvier 2025 - 18h00 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Khadija Ghanima, 45 ans, vit un véritable conte de fées, teinté d’un passé douloureux. Après avoir grandi en pensant être une enfant adoptée, cette Belgo-Marocaine a découvert l’été dernier une vérité bouleversante : elle a été enlevée à sa naissance à l’hôpital de Rabat. Ses parents biologiques, eux, ont cru pendant 45 ans que leur petite fille, Samira, était décédée quelques jours après sa venue au monde.

Khadija, qui vit à Wilrijk (Anvers) avec ses deux filles, Fatima et Yara, pensait avoir une enfance normale à Mohammedia, rapporte Nieuwsblad.be. Adoptée par un couple aimant, elle n’a jamais ressenti le besoin de rechercher ses origines, jusqu’à ce qu’elle quitte le Maroc à 18 ans, pour s’installer à Anvers après son mariage en 1998. Elle confie avoir eu une enfance « incroyablement belle ». Ses parents adoptifs, décédés depuis, lui ont toujours caché la vérité sur ses origines. « Heureusement qu’ils n’ont pas eu à vivre cela, cela leur aurait brisé le cœur », souffle-t-elle.

L’histoire rocambolesque de Khadija commence en 1979. Sa mère biologique, Halima, donne naissance à une petite Samira, prématurée. Placée en couveuse, la petite fille semble se porter bien. Mais quelques jours plus tard, la famille apprend son décès. On leur explique que le bébé a déjà été inhumé sur le terrain de l’hôpital, une pratique apparemment courante à l’époque. Dévastés, les parents retournent chez eux sans se douter une seule seconde du terrible mensonge qui vient de leur être servi.

À lire : Maroc : Disparition inquiétante d’un MRE et sa femme

En réalité, Samira n’est pas morte. Elle a été enlevée par son oncle, Abdelaziz, et vendue à un couple en mal d’enfant. Rebaptisée Khadija, elle grandit dans l’ignorance de ce drame. Ce n’est que des années plus tard qu’Abdelaziz, rongé par la culpabilité, commence à semer le doute dans l’esprit de la famille Fakir, les parents de Samira. Il évoque un appel radio d’une jeune fille à la recherche de ses parents, une histoire inventée de toutes pièces pour masquer son terrible secret.

En juin 2024, le vieil homme, pris de remords, finit par donner des indications plus précises à la famille Fakir : leur fille vivrait à Mohammedia, près d’une mosquée connue. La sœur de Khadija se lance alors à sa recherche. Elle fait du porte-à-porte, interroge les habitants, jusqu’à tomber sur Karima, une ancienne amie d’enfance de Khadija. Karima lui parle alors de son amie Khadija, partie vivre à Anvers. Le choc est immense lorsque la sœur de Khadija découvre le profil Facebook de la Belgo-Marocaine : la ressemblance est frappante.

Le premier contact entre les deux sœurs est empreint de beaucoup d’émotion. « Quand elle m’a demandé si je cherchais mes parents biologiques, une sonnette d’alarme a retenti. Et quand elle a dit qu’elle pensait que nous étions sœurs, mon cœur s’est arrêté de battre », se souvient Khadija. S’ensuivent des heures de conversation et un appel vidéo qui confirme l’incroyable vérité : elles sont bien sœurs. « Toute ma vie, j’ai pensé que j’étais une enfant illégitime qui avait été abandonnée par ma mère pour adoption », raconte Khadija, encore sous le coup de l’émotion.

L’été dernier, Khadija s’envole pour le Maroc, impatiente de rencontrer enfin sa famille biologique. À l’aéroport de Rabat, l’accueil est digne d’une scène de film. Ses parents, ses frères et sœurs, ses oncles et tantes, tous sont là pour l’accueillir. Les retrouvailles sont déchirantes. « Ma mère a à peine pu manger pendant deux semaines, mon père a pleuré presque sans arrêt », confie Khadija. La famille est sous le choc, dévastée par la trahison d’Abdelaziz, le mari de la sœur jumelle d’Halima.

Aujourd’hui, Khadija savoure chaque instant avec sa famille retrouvée. « Nous nous téléphonons presque tous les jours », dit-elle. « Ma mère me couvre de cadeaux, elle se sent coupable de n’avoir pas pu faire grand-chose pour moi. » Des liens se tissent, petit à petit. Khadija a emmené en novembre sa fille Fatima au Maroc. La famille, par respect pour elle, continue de l’appeler par son nom d’adoption. « Nous avons encore tellement de choses à nous raconter, tellement de temps à rattraper », confie-t-elle, les yeux brillants d’espoir et l’âme en paix.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Belgique - Rabat - MRE

Aller plus loin

Disparition inquiétante d’un couple de Français au large du Maroc

Un couple de Français, originaire du Tarn-et-Garonne (Occitanie), a mystérieusement disparu depuis le 16 mars dernier, alors qu’il effectuait une randonnée sur l’île portugaise...

Maroc : Disparition inquiétante d’un MRE et sa femme

Rachid H., un MRE, et sa femme de nationalité allemande, sont portés disparus depuis vendredi dernier, alors qu’ils effectuaient une randonnée dans les montagnes de Msemrir,...

Rym Fikri : mystère autour de la disparition de son mari

La disparition inquiétante à Casablanca de l’époux de la chanteuse Rym Fikri continue d’alimenter les débats sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, l’enquête menée par la...

Mystérieuse disparition de Fadela, 50 ans, dans l’Ariège

Fadela, alias Fafa, est portée disparue depuis le 4 novembre, après un week-end en rave-party sur le plateau des Sorcières, en Ariège (Occitanie). Les habitants de la région...

Ces articles devraient vous intéresser :

Investissements des MRE : l’État serre la vis et sanctionne

Suite à une multiplication des plaintes signalant des obstacles d’ordre administratif et judiciaire, le ministère de l’Intérieur a instruit les walis et les gouverneurs de plusieurs préfectures et provinces, à l’effet de résoudre des dossiers relatifs...

Les MRE plébiscitent le programme d’aide au logement du gouvernement marocain

Le programme d’aide au logement a du succès auprès des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Sur plus de 110 000 demandes enregistrées, près du quart, soit 26 % du total, proviennent de la diaspora marocaine.

Le Maroc propose un nouveau programme religieux aux MRE

En raison du contexte politique négatif en Europe, le ministère des Habous et des Affaires islamiques entend réviser sa politique d’encadrement religieux des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Le Maroc bat des records de fréquentation touristique

Le Maroc s’impose comme une destination touristique phare. Fin octobre 2024, le royaume avait déjà accueilli 14,6 millions de visiteurs, pulvérisant le record de l’année 2023.

MRE : les règles pour importer des pièces détachées au Maroc

Le Guide de la douane marocaine à destination des Marocains résidant à l’étranger (MRE) précise les règles d’importation de pièces détachées pour les véhicules.

Immobilier au Maroc : les MRE pour relancer un marché en berne

Les promoteurs immobiliers comptent sur la saison estivale et les Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour sortir leur marché de sa stagnation. Ceux-ci figurent d’ailleurs parmi les bénéficiaires du nouveau programme de l’aide au logement.

Maroc : les MRE dopent le marché immobilier

Le programme d’aide directe au logement connait un gros succès auprès des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Quelque 21 % des demandes enregistrées sur la plateforme numérique « Daam Sakane » émanent des MRE qui représentent par ailleurs 23 % des...

Marocains résidant à l’étranger : l’opération Marhaba 2024 dépasse les attentes

L’opération Marhaba 2024 dédiée aux Marocains résidant à l’étranger, qui s’est déroulée du 5 juin au 15 septembre, a permis à plus de 3 millions de passagers de transiter par les ports marocains.

MRE : le Maroc passe à côté d’une manne touristique colossale

Le Maroc ne sait pas profiter des Marocains résidant à l’étranger (MRE) alors qu’ils boostent l’économie marocaine et contribuent fortement à l’essor du tourisme grâce à leurs transferts de fonds, investissements directs et à leur retour régulier au...

L’Europe cherche à bloquer les transferts des MRE

Face à la hausse continue des transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) vers le Maroc, l’Union européenne s’apprête à prendre une directive pour réduire ces transferts via les banques marocaines implantées en Europe.