Née à Rabat d’un père marocain et d’une mère française, Salima Naji a grandi à Kénitra et passait souvent ses vacances dans le Tarn, chez ses grands-parents maternels. Elle découvre ces « pratiques vivantes de la terre crue » en 1995, lors d’un voyage au Mali. « J’ai séjourné au pays Dogon, à Gao, Djenné, Ségou, et j’ai réalisé qu’une tradition, même moribonde comme c’était le cas alors pour les casbahs et ksours du Drâa et du Dadès que j’étudiais, peut se réveiller à tout moment… On a voulu croire à un abandon, or dans beaucoup de pays africains, l’architecture vernaculaire reste vivace. Je pense notamment à toutes ces mosquées en terre autour de la vallée fertile du Niger », confie-t-elle à Marie Claire.
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Et d’ajouter : « L’intérêt de ces régions du monde est qu’elles ne sont pas encore contaminées par la normalisation et la standardisation du BTP. Tous les pays du monde décarbonent et nous, nous voulons du béton et encore du béton. C’est plus facile de construire en ciment, n’importe quel idiot peut le faire ; en terre crue, on a besoin de maîtres-maçons qu’il faut payer. Mais si au départ la maison en béton coûte un peu moins cher, une fois ajoutées l’isolation, les finitions, l’insensée climatisation, elle est au final plus onéreuse. Aujourd’hui, on veut des architectures qui durent 60 ans, le temps d’une vie ; les architectures en terre, elles, peuvent durer des siècles si elles ont été bien construites et entretenues ».
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Pour la Franco-marocaine, ces méthodes traditionnelles « sont le produit de plusieurs siècles d’innovations empiriques pour surmonter, avec des moyens limités, les aléas climatiques ou épidémiologiques ». Elle préconise de chercher à « améliorer » cette « architecture millénaire » plutôt que de lui trouver des défauts.