Dans une interview, la rappeuse marocaine Khtek, de son vrai nom Houda Abouz, se confie sur sa bipolarité. La musique lui sert de thérapie, mais aussi de canal de sensibilisation.
Bigg était programmé pour être parmi les têtes d’affiche des concerts organisés dans le cadre du festival l’Boulevard. Mais, à la surprise générale, il a été déprogrammé à la dernière minute. Nabil Jebbari, manager de Bigg, crie au scandale et menace de recourir à la justice. Quant au rappeur lui-même, il ne décolère pas non plus.
Après votre déprogrammation de l’Boulevard, votre manager menace de recourir à la justice contre les organisateurs. N’est-ce pas remédier à un mal par un autre mal encore pire ?
Je vous renvoie la question : est-ce que demander ses droits les plus élémentaires est un mal ? Qu’est-ce qu’on aurait fait si le public venait assister à mon concert et que moi je n’y venais pas ? Je ne pense pas qu’on aurait eu recours à une telle voie si les choses avaient été faites dans les règles de « l’art ». Le communiqué de presse était une réaction normale devant l’attitude des organisateurs de l’Boulevard. Nous n’avons fait qu’informer le public et les décideurs de ce pays. Cela est tout à fait normal sous d’autres cieux, là où on prend au sérieux la chose artistique et culturelle. Comme le communiqué de presse le précise, j’ai eu la confirmation de la part de l’organisation pour ma participation au festival. De ce fait, j’ai dû annuler des rencontres en Espagne qui sont importantes pour ma carrière pour venir et assister à la dixième édition et surtout pour jouer face à un public que j’avais hâte de retrouver. Mon but était aussi de commémorer cette édition 100% artistes marocains, comme c’était prévu. De plus, si j’ai accepté de participer au départ, c’est surtout parce que je crois en l’initiative du l’Boulevard et des talents qui se font connaître via cet événement.
On dit que Bigg a mal réagi dans cette histoire de déprogrammation. Que répondriez-vous à ce sujet ?
Je ne peux pas dire que demander des excuses et un droit de remboursement pour avoir été mis à l’écart sans avis préalable, soit une réaction déplacée. Si c’était un Anglais ou un Français, je ne pense pas que l’on se serait comporté avec l’un ou l’autre de la même manière. Je tiens à rappeler que j’avais invité des gens très importants (un manager qui était prêt à parrainer de jeunes talents pour les placer dans des tournées en Europe et un attaché culturel) à venir voir mon show au l’Boulevard. Un show qui soit dit en passant devait être à la perfection vu les moyens que j’avais mis pour y arriver. Cependant, je n’ai demandé que des excuses publiques pour cette attitude qui m’a profondément touché, surtout que ça vient de personnes avec qui j’ai vécu une expérience de 10 ans.
Certains voient même en votre réaction de l’ingratitude envers l’Boulevard qui « vous a fait ». Qu’en dites-vous ?
Je ne pense toujours pas que c’est l’Boulevard qui fait les artistes. C’est avec le talent des artistes que l’Boulevard trouve une crédibilité. Il est possible aujourd’hui de jouer sur une grande scène, de jouer devant un public large ou réduit, mais si vous n’avez aucun talent, les gens ne se souviendront plus de vous dès l’instant où vous quitterez la scène. J’ai l’intime conviction que personne ne fait personne. C’est surtout grâce à Internet qu’on en est tous là aujourd’hui.
Où en êtes-vous maintenant dans ce litige ?
Comme je l’ai dit, je trouve que ma déprogrammation sans aucun avis au préalable est un geste très déplacé de la part des organisateurs de l’Boulevard. Je ne critique pas le fait que mon spectacle soit annulé, mais on ne programme pas quelqu’un pour l’annuler sans préavis et après avoir mis son nom sur tous les supports media. Je pense que rien que pour cela, j’aurais pu demander des dédommagements. Le fait de ne pas les poursuivre pour cela est une gentillesse de ma part. Ce qui prouve que je suis de bonne foi et que je n’agis pas pour faire du mal.
Enfin, je souhaite une longue vie à l’Boulevard et à l’initiative de ses organisateurs. J’espère aussi que cette affaire sera l’occasion d’ouvrir le débat sur les dysfonctionnements et les entraves que connait le professionnalisme de l’art au Maroc. Il est temps de passer aux choses sérieuses sans toutefois se prendre trop au sérieux.
Source : Le Reporter - Mohamed Zainabi
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