En raison d’une décompensation annoncée, les prix de certains produits de grande consommation comme le gaz, la farine et le sucre reviendront plus cher aux consommateurs marocains.
D’ici fin 2008, si la situation demeure inchangée, il est prévisible que le budget alloué à la Caisse de compensation atteigne les 38,5 milliards de dirhams. Selon une source informée au ministère de l’Economie et des Finances, si aucune mesure n’est prise d’ici là, même les 30 milliards de dirhams, annoncés récemment par Salaheddine Mezouar, ministre de l’Economie et des Finances, en marge du Forum des marchés émergents organisé à Rabat, ne seront pas suffisants pour combler la charge globale de cette Caisse.
« La loi de Finances 2008 a été élaborée sur la base de l’hypothèse d’un baril à 75 dollars, d’où l’enveloppe des 20 milliards assignés à la Caisse de compensation. Aujourd’hui, ce baril frôle les 120 dollars », trouve judicieux de rappeler ce cadre au ministère de tutelle. Et d’ajouter que « sur la base d’un prix de 120 dollars le baril, l’Etat débourse environ 3,50 dirhams. C’est-à-dire qu’à chaque fois qu’un citoyen se sert en gasoil, l’Etat le subventionne à environ 3,50 dirhams en plus du prix payé à la pompe ».
Le cas est similaire, d’ailleurs, pour la bouteille de butane. Sur le marché international, le butane coûte plus de 815 dollars pour la tonne. D’où le différentiel supporté par l’Etat et qui dépasse les 65 dirhams pour chaque bouteille de butane.
Tout autant d’exemples peuvent être cités, dans ce sens, permettant de traduire l’urgence de la réforme. D’ailleurs, le ministre de l’Economie et des Finances l’a bien signalé en annonçant que la réforme de la Caisse de compensation allait s’opérer d’ici l’été. « Après les quatre premiers mois de cet exercice, il est aisé de dire que sur le plan budgétaire, le Maroc peut encore faire face à la flambée des cours. Néanmoins, il est urgent de réformer, c’est-à-dire réhabiliter la Caisse de compensation dans sa fonction initiale, celle de cibler les populations pauvres », indique la source en question.
« Nous présenterons d’ici juin ou juillet une réforme profonde de la Caisse de compensation afin de mieux cibler les plus défavorisés. Aujourd’hui le système est dévoyé et ne cible plus ceux qui en ont réellement besoin », avait indiqué M. Mezouar.
Ainsi, la fonction première du système de subvention qui est distributive des richesses ne jouera pas pleinement son rôle si l’essentiel du budget de l’Etat est absorbé par la Caisse de compensation. Car, le système adopté jusqu’ici a montré ses limites, ayant plus servi la population riche plutôt que celle qui en a réellement besoin.
Sur un autre volet, le ministère de l’Economie et des Finances a adopté des stratégies sectorielles qui changeront le visage du Maroc. « Le problème qui se pose, réellement, est celui des moyens. L’effort sera fourni via le dialogue social et la Caisse de compensation. On ne peut dire que cela sera forcément efficace, mais c’est un choix », indique la même source.
D’ailleurs, ce cadre commente : « nous pouvons faire un développement sectoriel réussi, à condition de suivre un dialogue social responsable et de mettre en place une Caisse de compensation à 36 milliards de dirhams, et qui soit équitable », avant de conclure que « les calculs menés à ce jour sur le budget de la Caisse sont à peu près à 38 milliards de dirhams. Toutefois, si le baril continue sur sa lancée, il faut présager que ce budget atteint carrément les 40 milliards de dirhams. Sachez que pour chaque dollar en plus sur le prix du baril, l’Etat doit débourser 400 millions de dirhams de plus ».
Source : Aujourd’hui le Maroc - Meriem Allam
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