Changes : Un régime flexible d’ici 2010 ?

26 juillet 2007 - 03h29 - Economie - Ecrit par : L.A

"Les nouvelles mesures de libéralisation de changes sont hautement stratégiques pour les assureurs, institutionnels, importateurs et exportateurs. Elles marquent le franchissement d’une étape importante vers la convertibilité totale du dirham". C’est ainsi qu’a introduit Mohamed Kettani, directeur général du groupe Attijariwafa bank, le workshop dédié aux dernières annonces du ministère des Finances, le 23 juillet à Casablanca.

Le passage à un régime de change flexible est attendu à l’horizon 2009-2010. Mais les autorités monétaires n’affichent aucun deadline officiel. Depuis le début des années 90, elles mènent progressivement leur processus de libéralisation sans se fixer de calendrier contraignant. A terme ce système permettra de basculer vers le ciblage de l’inflation. La démarche progressive du Maroc s’aligne sur les expériences réussies à l’international, notamment au Chili et en Pologne. En revanche, les libéralisations précipitées au Brésil et en République tchèque ont connu un échec cuisant.

Engouement du public

Une semaine après la publication des huit nouvelles mesures de libéralisation de changes, AWB a réuni ses clients pour leur présenter les opportunités qu’elles offrent. Ces derniers ont répondu en masse.

« Les nouvelles règles d’investissement à l’étranger changeront la physionomie des OPCVM et la structure des actifs des compagnies d’assurances », lance Hicham Boularbah, directeur Corporate Trading. Les sociétés de gestion seront face à de nouveaux couples risques/rendement. Elles se lanceront ainsi dans une course à l’innovation afin de concevoir des produits plus sophistiqués. Ce qui changera radicalement la structure de leur offre produit. Mais il faut d’abord que le CDVM et la DAPS publient les règles opérationnelles de ces investissements. La rentabilité des placements internationaux n’a rien à voir avec celles des classes d’actifs marocains. A titre d’exemple, pour les assurances, un placement, où le capital est garanti à 80%, dans les énergies vertes peut générer un rendement de 24%. Si les prévisions de gains tombent à l’eau, la compagnie récupère les 80% garantis.

Toujours est-il que les opérateurs du marché craignent la sortie massive des capitaux. Les 10% du portefeuille autorisée aux OPCVM représentent 13,3 milliards de DH, sans compter les 5% de l’actif des compagnies d’assurances qui n’ont plus besoin d’aller demander l’autorisation de la DAPS. Les responsables de Wafa Gestion relativisent cette crainte.

Les fonds destinés à l’investissement international seront déployés progressivement. Les gestionnaires prévoient que les fonds autorisés aux OPCVM seront cumulables avec ceux des compagnies d’assurances. Sachant qu’une bonne partie des fonds des assureurs est logée dans des OPCVM, 15% des actifs du secteur pourraient être investis à l’étranger.

Par ailleurs, les couvertures de risque de changes élargies à 5 ans ouvrent de grandes opportunités au Cross Currency Swap (CCS), notamment pour les structures endettées en devise à long terme. Cette une technique qui consiste à échanger une dette en devise contre une dette synthétique équivalente en dirham.

« Le Cross Currency Swap permet de couvrir le risque de change inhérent à la dette en devise dans la mesure de l’échéancier de remboursement fixé en dirham », poursuit Boularbah. En clair, la banque débloque le montant des échéances en devise en fonction du calendrier de remboursement. Elle reçoit en contrepartie l’équivalent de ces échéances en dirham.

Ce mécanisme tient compte des spécificités du financement en termes de taux et de durée. Il n’apporte ainsi aucun changement au contrat initial. De plus, le CCS apparaît en hors bilan dans la comptabilité de l’emprunteur. Toutefois, il peut présenter des pertes d’opportunité en cas d’évolution favorable des taux d’intérêt. Rappelons que les importateurs sont concernés pas deux autres nouvelles mesures. Il s’agit du règlement par anticipation de 40% des biens et 20% des services importés.

Outre une meilleure gestion de trésorerie en devise, le relèvement de 20 à 50% de la part des recettes d’exportation à conserver dans les comptes en devises ou en dirhams convertibles présente des avantages inédits. « Les exportateurs peuvent désormais utiliser leur compte en devise non seulement pour les frais de déplacements, mais aussi pour payer leurs importations de l’étranger », précise Faïçal Leamari, responsable trading sur le change et les matières premières chez Attijariwafa bank.

Quel impact ?

Tous les marchés financiers seront impactés par ces mesures. Ainsi, le marché de changes sera plus sophistiqué, sous l’effet des couvertures plus longues qui répondent à des besoins plus complexes. Ces couvertures longues devront réduire aussi bien les volumes des transactions que la liquidité de devise.

Par ailleurs, le marché obligataire serait en proie à des pressions sur les taux à cause des couvertures longues qui absorberont plus de liquidités en dirhams. Cette tension sera également alimentée par la sortie des placements des OPCVM et des assureurs. « D’où la nécessité de mettre en place un marché à terme sur des taux en dirhams pour couvrir les risques inhérents à cette tension », précise Leamari. Quant au marché action, il ne subira qu’un impact limité de la sortie de liquidité.

L’Economiste - Nouaim Sqalli

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Sujets associés : Bourse - Politique économique

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