Attention, le désert avance et vite !

25 juin 2008 - 15h40 - Maroc - Ecrit par : L.A

D’une année à l’autre, l’espace forestier se rétrécit au Maroc comme une peau de chagrin. Le pays perd 31.000 hectares de forêt chaque année. A ce rythme, un jour le Royaume ne sera plus qu’un grand Sahara. Il y a vraiment péril en la demeure !

Fallait-il attendre la journée mondiale de lutte contre la désertification, célébrée au Maroc comme dans le reste du monde chaque 17 juin, pour se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe ? Dans le Royaume, la forêt recule à grande vitesse au profit du désert. Cette situation coûte cher au pays. La perte sèche occasionnée par la désertification est de 7,5 milliards de dirhams (plus de 7 milliards de dollars) par an, selon les derniers chiffres rendus publics récemment par le département des eaux et forêts au Maroc. Au delà de cette facture fort salée, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir du Royaume. Parce qu’il est aujourd’hui admis que quand des arbres disparaissent, ce sont des sols cultivables qui disparaissent aussi.

« La dégradation des terres affaiblit la fertilité des sols, brise les cycles hydrologiques et contribue à l’insécurité alimentaire, la famine et la pauvreté ainsi qu’à la migration forcée », prévient Luc Gnacadja, secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Alarmant !

Le constat du Haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification est tout aussi alarmant. En matière de désertification, la majeure partie (87%) du territoire national se trouve complètement en zones critiques (zones au sud des Atlas). Une autre partie (7%) est sérieusement menacée (terres agricoles et pastorales dans les zones arides et semi arides des plaines et plateaux). Que reste-t-il ? Seulement 6% de la superficie du territoire national. Encore est-il que même cette surface n’est pas épargnée. Elle est aussi partiellement menacée, puisqu’elle représente des zones sub-humides en bordures des montagnes du Rif, du Moyen Atlas et du haut Atlas. Ce qui aggrave le cas du Maroc, c’est que 93% de la superficie du territoire national se trouve sous climat sec (aride à subhumide). Mais la nature n’est pas la seule à « incriminer ». Ce sont les Marocains qui sont les pires ennemis de leur forêt.

Des milliers d’arbres sont volés chaque année partout où forêt il y a. Le bois -surtout massif- ainsi récupéré fait la fortune des braconniers de tous bords. Là aussi, la corruption facilite ce trafic. La province de Khénifra donne un exemple édifiant, le mauvais s’entend. Le vol du bois de cèdre y est légion, au point que les habitants de la région ne cessent de protester collectivement pour limiter les dégâts. En vain. Il en va de même partout ailleurs.

Du côté des officiels, on clame qu’il y a « une véritable prise de conscience du phénomène de la désertification ». Pour pallier au plus urgent, le reboisement de près de 620.000 hectares est prévu. Cette mesure s’inscrit, souligne-t-on, dans la dynamique de lutte contre la désertification. « Mais il faut aussi et surtout préserver l’existant », rétorquent nos écologistes.

Rappelons-le, après avoir ratifié en 1996 la convention de lutte contre la désertification adoptée le 17 juin 1994 à Paris, le Maroc a élaboré son Programme d’action national de lutte contre la désertification (PANLCD). Lequel a été adopté depuis juin 2001. Les chiffres officiels publiés à l’occasion de la journée mondiale contre la désertification montrent que ce plan est loin de donner les résultats escomptés. D’où la nécessité d’actions concrètes d’urgence. Sinon, on sait ce qui nous attend...

Source : Le Reporter - Mohamed Zainabi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Eau - Nature - Environnement

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : la fermeture des hammams fait des malheureux

La Fédération nationale des associations des propriétaires et exploitants des bains traditionnels au Maroc a adressé un courrier au ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, l’invitant à reconsidérer la décision de fermeture des hammams trois jours...

Maroc : les exportations de pastèques en chute libre

Les exportations marocaines de pastèques ont connu une baisse record au cours des dix premiers mois de 2024, atteignant seulement 113 500 tonnes, soit le niveau le plus bas depuis 2017. La sécheresse persistante et les restrictions de culture dans...

Maroc : « Marée » de déchets après les iftars sur les plages

Les associations de défense de l’environnement dénoncent le non-respect des règles environnementales par certaines familles qui laissent d’importantes quantités de déchets sur les plages après y avoir rompu le jeûne pendant le mois de Ramadan.

Maroc : hammams fermés, SPA ouverts, le grand paradoxe

La décision du ministère de l’Intérieur de fermer les hammams trois jours par semaine aura des conséquences négatives sur les employés du secteur, a alerté Fatima Zahra Bata, la députée du Parti de la justice et du développement (PJD).

Le Maroc, capitale mondiale de la chasse aux météorites

De 1999 à aujourd’hui, le Maroc est devenu la capitale mondiale de la chasse aux météorites. Plusieurs facteurs expliquent ce développement rapide.

Maroc : bonne nouvelle pour les amateurs de hammams

Au Maroc, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit a donné de nouvelles instructions aux walis et gouverneurs des régions concernant la décision de fermeture des hammams et des stations de lavage de voitures.

Maroc : OCP va construire deux usines de dessalement de l’eau de mer

Le groupe marocain OCP va bénéficier d’un prêt de 2,2 milliards de dirhams, soit près de 200 millions d’euros de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) pour la construction de deux usines de dessalement d’eau de mer.

Maroc : un lac en péril

Le problème de l’assèchement du lac Tamda dans la province d’Azilal préoccupe le député Saïd Atghlast qui a adressé une question écrite à la ministre du Tourisme, de l’artisanat, de l’économie sociale et solidaire à ce sujet.