Un policier MRE se plaint de discrimination au concours des officiers en France

6 décembre 2007 - 12h14 - France - Ecrit par : L.A

"Faites-vous le ramadan ?", "votre femme porte-t-elle le voile ?", "votre avis sur la corruption des fonctionnaires de police marocains ?" Persuadé d’avoir été "éliminé" du concours d’officier par un feu de questions discriminatoires, un policier français a saisi la Halde. "Le jury s’est basé sur mes origines arabo-musulmanes et ma confession pour m’éliminer", estime Abdeljalel El Haddioui, 40 ans, recalé au concours interne d’officier de police 2007 après avoir reçu un 4 sur 20, éliminatoire, à l’épreuve d’entretien, dotée du plus fort coefficient.

Aux six autres épreuves, ce gardien de la paix d’origine marocaine, entré en 1998 dans la police et en poste à la police aux frontières à Paris, a obtenu des notes supérieures à la moyenne. Une note de 8,6/20 lui aurait permis de figurer parmi les 20 admis sur 700 candidats de départ.

Seul candidat au patronyme maghrébin sur 50 admissibles à l’oral, cet homme disert et courtois est convaincu d’être la victime d’une discrimination. Il lance un appel au président de la République, qui a déclaré qu’il fallait combattre l’islamophobie comme l’antisémitisme, lundi à Alger.

Selon le policier, l’entretien avec le jury, fin septembre, a été hors du commun, porté de manière négative et subtile sur mes origines, mon quartier. "Est-ce qu’on a demandé aux autres s’ils fêtaient Noël ou la Toussaint et ce qu’ils pensaient de la discrimination positive", s’interroge-t-il.

La question "vous ne trouvez pas bizarre ce gouvernement de la France avec des ministres arabes et un président à moitié hongrois ?" le laisse encore songeur.

Interrogé sur la véracité du contenu de l’entretien, le président du jury s’est refusé à tout commentaire. Une demande d’information a été adressée mardi par la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) au ministère de l’Intérieur, où une réponse est en préparation.

"Dans ce type de dossiers, la difficulté est d’établir la preuve", prévient la Halde. Si l’entretien s’est déroulé comme l’affirme le policier, il illustre une dérive dénoncée fin 2004 par Azouz Begag.

Dans un rapport transmis au ministre de l’Intérieur, le sociologue, qui n’était pas encore ministre délégué à l’égalité des chances, déplorait les questions tendancieuses créant une ethnicisation implicite, fréquemment posées aux jeunes issus de l’immigration voulant devenir gardien de la paix ou adjoint de sécurité.

Il s’appuyait sur une étude de 2001 de l’Institut national des hautes études de sécurité consacrée aux mécanismes discriminatoires des procédures de recrutement. Dans les entretiens, notait-il, la subjectivité joue fortement et les candidats maghrébins doivent lever la méfiance qui pèse d’emblée sur eux en donnant des gages.

Universitaire de formation, El Haddioui, fils d’un tirailleur marocain de l’armée française, naturalisé français, est devenu policier, explique-t-il, "pour que mes enfants soient fiers de moi, par geste d’intégration républicaine". Le policier, qui vit en banlieue parisienne, a le sentiment d’une profonde injustice.

Il déposera un recours en référé dans les jours à venir devant le tribunal administratif, avec le soutien du Mouvement contre le racisme et l’amitié entre les peuples . Il a aussi décidé de postuler de nouveau au rang d’officier. Il se présentera aussi, par défi, au concours de commissaire.

AFP - Sylvie Husson

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Racisme - Défense - Armement

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Polisario craint toujours les drones marocains

Le Front Polisario craint de plus en plus les attaques par drone du Maroc au Sahara. Depuis la reprise en 2021 d’un conflit de faible intensité entre les deux parties, une vingtaine d’attaques ont été déjà enregistrées selon un rapport de l’ONU.

Zones industrielles militaires : les grands projets du Maroc

Le Maroc s’active pour la mise en place d’une industrie de défense robuste. Il dévoile sa stratégie axée sur la création de zones industrielles.

Budget record pour l’armée marocaine

Le Maroc va allouer près de 12,1 milliards de dollars au ministère de la Défense en 2024. Ce montant servira entre autres à l’acquisition d’armes et d’équipements militaires.

Comment le Maroc et Israël renforcent leur coopération militaire

Depuis la normalisation de leurs relations en décembre 2020, le Maroc et Israël travaillent à renforcer leur coopération militaire au grand dam de l’Algérie, qui craint pour sa sécurité.

Maroc : le chantier de maintenance des aéronefs militaires s’accélère

Le Maroc s’active pour la mise en place d’un écosystème d’industries dédiées à la maintenance d’avions militaires. Un projet qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’accélération industrielle.

Les militaires marocains s’imprègnent des capacités technologiques de l’armée israélienne

Les militaires marocains participant à la Conférence internationale Innovation et Défense organisée en Israël ont été entretenus sur les nouvelles capacités technologiques de l’armée israélienne.

Le Maroc va réceptionner ses premiers hélicoptères H135

Le Maroc va bientôt doter son armée de l’air de cinq hélicoptères H135 qui remplaceront l’AB206 pour la formation des pilotes dans les missions de transport, de recherche et de sauvetage.

Espagne : Navantia démarre la construction du patrouilleur marocain

Les chantiers navals de Navantia, situés à Puerto Real et San Fernando, ont lancé lundi la construction d’un navire spécialisé pour la Marine espagnole, le “Poséidon”, ainsi que d’un patrouilleur hauturier destiné à la Marine Royale Marocaine.

Le Maroc équipe ses avions F-16 d’un blindage de pointe

Le Maroc a acquis un blindage de pointe auprès de la société américaine L3Harris Technologies spécialisée dans le matériel militaire de surveillance, les armes à énergie dirigée, la guerre électronique, pour ses avions F-16.

Port d’armes : le Maroc durcit son arsenal juridique

Le gouvernement fait du contrôle des armes à feu une priorité. Dans ce sens, il a adopté un projet de loi pour répondre aux défis actuels et aux mutations sociales et technologiques. Ce projet est déjà sur la table du Parlement.