Cette histoire débute au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La Belgique, à l’époque, entend gagner la « bataille du charbon », produire à moindre coût et fournir aux entreprises une énergie qui ne fasse pas monter les prix...
Les autorités belges veulent avant tout recruter des mineurs belges, mais les vocations sont rares : personne ne se sent très attiré par la mine. Dès lors, constate l’auteur, on engage force main-d’œuvre étrangère.
Des Italiens d’abord. Puis des Marocains, dès 1957, de façon « expérimentale ». L’objectif ? Faire face à la pénurie de main-d’œuvre, mais pas seulement : L’immigration jusqu’à présent considérée comme un moyen temporaire de résorber les carences locales se voit officiellement investie d’une nouvelle fonction, celle de repeuplement et de rajeunissement de la population belge, relèvent, à l’époque, deux rapports officiels. Les hommes sont envoyés à la mine, leurs femmes priées de « repeupler » la Wallonie...
En 1962, la Belgique se tourne vers le Maroc, plutôt que vers son pays voisin, l’Algérie. Sa main-d’œuvre est jugée aussi douée et plus maniable. En outre, notre pays a des intérêts sur place : la Belgique est le deuxième client du Maroc en matière de phosphate, 2.500 ressortissants belges y résident...
Le 17 février 1964, les deux pays adoptent une convention en bonne et due forme. Ce texte prévoit des dispositions générales concernant l’égalité de traitement entre travailleurs belges et marocains, le regroupement familial, les transferts de fonds... Les annexes comprennent une fiche médicale, un contrat de travail type...
Des recruteurs sont engagés sur place. Les candidats à l’exil sont triés sur le volet en fonction de critères divers (être âgé de 20 à 40, ans, avoir une « bonne santé...). On dénombre 500 embauches en 1963, plus de 3.000 l’année suivante. Parallèlement, l’immigration non officielle s’organise. De Casablanca à Marrakech, les employeurs sillonnent le Maroc en quête de mineurs...
Mais, comme le montre très bien Anne Frennet-De Keyser, la convention belgo-marocaine semble considérer le travailleur marocain uniquement comme une force de travail transplantée, dont on ignore la langue, les traditions, les coutumes, la religion...
En 1974, la Belgique estime avoir assez de « bras ». Elle met drastiquement fin à l’immigration. Une autre histoire commence alors pour les Marocains de Belgique...·
« La convention belgo-marocaine du 17 février 1964 relative à l’occupation des travailleurs marocains en Belgique », Courrier hebdomadaire du Crisp nº1803.
Source : Journal Le Soir