Elections 2007 : Sondages d’opinion, l’arme secrète ?

5 mai 2007 - 01h21 - Maroc - Ecrit par : L.A

La campagne ne bat encore pas son plein, les sondages d’opinion n’en vont pas moins bon train. Un bon signe ou un exercice encore en gestation ? Pour une échéance qui s’annonce cruciale, l’exercice n’est pas fortuit.

Devenues un outil démocratique, quand bien même contestées, les enquêtes d’opinion donnent souvent le ton. Au Maroc, ils ne sont pas légion, ils font courir les intéressés, pour autant. Ils se suivent et ne se ressemblent pas !

Il y a eu d’abord, le sondage de l’institut républicain américain, qui a fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause : le PJD, épouvantail politique, plus jamais une inconnue nationale en sortait vainqueur. Les sondeurs américains accréditent les islamistes marocains d’un score jamais réalisé. Au moins, note les enquêteurs, 47% des électeurs marocains comptent voter pour les amis de Saâd Eddine El Othmani. De quoi donner le vertige à une classe politique en pleine restructuration et en quête d’une mise à niveau. Une certaine élite est allée jusqu’à crier à la manipulation.

Du côté des islamistes : on ne sait pas à quel saint se vouer : les responsables pjdistes eux-mêmes ont rejeté les résultats. Motif non déclaré : On craint un guet-apens américain pour susciter les peurs et donc « appeler » implicitement à une confrontation entre les élites en place et les intégristes. Pourtant, on « fait avec ». Il n’est pas un séminaire, intervention ou face à face politique où on ne fait pas référence aux résultats américains !

Voilà une opération arithmétique qui devient, pour des raisons, pas toujours claires un inconscient politique, une hantise.

Vient ensuite, l’enquête DABA 2007 : on en connaît, jusqu’à présent que les résultats relatifs aux taux de participation, ou autre évaluation de la chose politique. Force est de constater, qu’ils ne sonnent pas l’alarme. Exemple parmi d’autre : plus de 75 % des Marocains iraient aux urnes le 7 septembre prochain. Réjouissant, non ? Reste à savoir dans quel sens vont les voix des électeurs. On en revient donc à scruter les intentions de vote. Et c’est là que le ministre de l’Intérieur monte au créneau. Le département de Chakib Benmoussa charge, effectivement, un institut pour lui dévoiler les desseins enfouis de l’électorat.

L’Etat a ses raisons : les pouvoirs politiques appellent, non sans raison, les Marocains à aller s’inscrire sur les listes électorales et puis voter. Comment ? Selon les résultats publiés par la presse de la place : presque le quart des voix ira à l’actuelle majorité. Idem pour le PJD, les autres partis, gauche unifiée y compris, ne recueilleraient pas plus de 15 %. On devine la carte : une majorité réconfortée, une opposition qui aura pignon sur rue et une minorité atomisée plus que jamais. On est plus rassuré, donc ? Ecoutons, Pierre Giacometti, le directeur des études d’opinion à IPSOS, en France : « aujourd’hui, l’influence des sondages est importante sur tous les acteurs : militants, hommes politiques, journalistes et analystes ». Et les électeurs ? « ces derniers, note-t-il, sont les moins influençables, car ils ne les lisent pas forcément ». En France, et que dire du Maroc ? Le sondage serait-il l’arme secrète dans une guerre entre élite hostile ?

La Gazette du Maroc - Lamine Belarbi

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