Plusieurs députés marocains appellent à l’interdiction de TikTok au Maroc. Ils s’inquiètent de la qualité des contenus publiés sur ce réseau social chinois qui, selon eux, constitue un danger pour la jeunesse.
Les jeunes fuient-ils la politique, tournent-ils le dos aux partis, ne croient-ils vraiment pas aux discours des leaders ? En ces temps pré-électoraux, les constats se suivent et les sondages se bousculent. Explications
Vu de l’extérieur, c’est la première impression qui se dégage des rapports des jeunes à la politique. Ils seraient 47% de jeunes Marocains à déclarer ne pas s’intéresser du tout à la politique alors que 26% de cette catégorie de la population âgée de 18 à 29 ans reconnaît ne s’intéresser que “peu” à la chose politique. Au regard d’un sondage effectué il y a quelques semaines par l’Association “Daba 2007”, il y a visiblement malaise. Les jeunes, ces électeurs potentiels que courtisent les partis politiques, tournent le dos à la politique. Déficit de confiance, problème de communication, les griefs sont légion chez une jeunesse qui est plus prompte à s’engager dans l’associatif et la défense des droits de l’Homme, selon des résultats de ce même sondage.
L’inscription sur les listes électorales, dans la perspective des législatives du 7 septembre, a donné à voir, elle aussi, ce désintérêt de la politique d’une jeunesse en quête de repères. Un peu plus de 1,4 million de nouveaux inscrits dont 70% ont moins de 34 ans. Un chiffre révélateur, les jeunes ne se sont pas bousculés au portillon des listes électorales. “Faut-il en conclure que les moins de 35 ans vont bouder les élections ? Constitueront-ils cette majorité abstentionniste qui va exprimer son ras-le-bol en ne se rendant pas aux urnes ?”, se demande un militant de gauche tout en relevant les efforts d’ouverture des formations politiques en direction des jeunes. Opération d’ouverture à l’USFP par exemple qui a ouvert grand ses portes et ses fenêtres à une nouvelle génération de militants forcément jeunes, programmes de partis en phase avec la jeunesse de ce pays et ses grandes préoccupations, discours partisans dédiés aux problèmes et espoirs des moins de 35 ans. Bref, en ces temps pré-électoraux, tout est fait, tout est entrepris pour que tous ces désillusionnés de la politique saisissent que “les politiques leur veulent du bien”. “Les partis vont jusqu’à mettre en avant les visages jeunes pour véhiculer une image neuve à la télévision. C’est presque un exercice de marketing pour rompre avec l’image jaunie des dinosaures du paysage politique national. C’est aussi un signal à l’adresse de la jeunesse”, constate une femme de communication.
Ce matraquage destiné à des moins de 35 ans va-t-il porter ses fruits le jour J ? Ces jeunes vont-ils se rendre aux urnes et se réconcilieront-ils alors avec l’action politique ? L’enquête d’opinion commandée par Daba 2007, cette association qui a fait le pari de mobiliser le plus grand nombre dans la perspective des élections du 7 septembre, donne des raisons d’espérer d’autant que 68% situés dans la tranche d’âge 25-34 ans ont voté aux dernières élections de 2002 et même s’ils ne sont que 38% âgés entre 18 et 24 ans à l’avoir fait. En 2007, la grande inconnue est justement le taux de participation aux législatives. La question se pose aujourd’hui avec acuité : les nouveaux inscrits parmi les jeunes et tous ceux qui viennent d’atteindre l’âge électoral, 18 ans, viendront-ils grossir la masse des abstentionnistes, jusque-là premier parti en terre marocaine car ayant remporté le plus grand nombre de voix aux législatives de 2002. Pour l’heure, Daba 2007 nous apprend qu’ils sont 80% chez les 18-24 ans et 84% dans la tranche d’âge 25-34 ans à être prêt à voter pour une femme lors du prochain rendez-vous électoral. Ce qui traduit bien l’évolution des mentalités portée en l’occurrence par la jeunesse.
Libération
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