Un enfant attaqué par un pitbull, les propriétaires refusent de l’euthanasier

2 février 2008 - 15h11 - Maroc - Ecrit par : L.A

Dimanche 27 janvier, vers 16h30, un pitbull a sauvagement attaqué une petite fille âgée de 9 ans au quartier Islane sur la route de Bouskoura. La fillette, qui était en train de jouer dans la rue, s’est retrouvée, en une fraction de seconde, sous la mâchoire du pitbull.

« Je n’ai jamais imaginé que ma fille pouvait être attaquée par une bête semblable dans une zone résidentielle qui regorge de passants, et surtout de petits enfants », affirme Azzouz Awane, père de la petite Najwa. Et d’ajouter qu’il a fallu cinq personnes pour libérer sa fille de cette machine à tuer. Cependant, malgré l’intervention des voisins, cette petite Casablancaise a subi de graves morsures au niveau des jambes où le molosse lui a coupé plusieurs vaisseaux sanguins.

« Cet accident aurait pu tuer ma fille. Elle a dû subir une opération très sensible qui a duré cinq heures, afin de lui éviter l’amputation de la jambe », nous confie avec amertume A. Awane. Cependant, Najwa risque d’autres complications. Son médecin affirme qu’il ne peut être rassuré avant de voir le chien et s’assurer qu’il n’est pas atteint de maladies infectieuses. « Après avoir transporté ma fille à l’hôpital, les propriétaires du pitbull (mes voisins) ont caché leur chien. Une fois avisés qu’ils pourraient être poursuivis en justice, ils ont nié toute relation avec le molosse. En outre, ils prétendent que le chien agresseur s’est échappé », affirme le père de la victime.

La famille de la petite fille se demande ainsi comment les autorités publiques vont éviter que ces chiens dangereux ne mettent en danger les citoyens, surtout qu’elles n’ont toujours pas procédé à la séquestration de ce clebs "sauvage". « Autant que le chien n’est pas capturé, on ne saura jamais quel virus ma fille aurait pu attraper », déplore Azzouz Awane.

Les habitants du quartier Islane sont aussi en état de choc. Face à cet "intolérable acte de barbarie", ils exigent des mesures plus sévères contre les propriétaires des pitbulls. « Puisque cette bête n’est pas capturée et tuée, on craint qu’elle récidive contre d’autres personnes. On espère que les autorités de la police vont accélérer leurs procédures pour rappeler à l’ordre ces propriétaires irresponsables », affirme un habitant dudit quartier. Et d’ajouter que ces machines à tuer devraient être euthanasiées pour éviter de pareils drames dans le futur. En effet, de tels drames secouent bien des esprits, et particulièrement encore des gens qui ont un enfant en bas âge. " On n’oserait plus marcher sur la voie publique ou laisser nos enfants jouer dans la rue par peur qu’ils ne soient attaqués par ces molosses", indique un père de famille.

Rappelons que l’année dernière, deux pitbulls ont attaqué une femme sexagénaire ainsi que sa chienne au niveau de la plage Bouznika. Cette dernière a eu une blessure très importante derrière l’oreille et au niveau du thorax, en plus de lésions très graves au niveau du genou. Ce genre d’accidents suscite beaucoup d’émotion au sein de la population casablancaise. Certains habitants de la cité blanche se disent scandalisés.

De fait, plusieurs voix exigent l’interdiction de ces chiens qui circulent de plus en plus dans les rues de Casablanca sans muselière, alors qu’aucune loi relative aux animaux dangereux et errants n’existe au Maroc.

"Je suis étonné de remarquer que le phénomène des pitbulls évolue chaque jour en l’absence de toute mesure sécuritaire pour l’encadrer", affirme une habitante de la cité blanche. En effet, ces chiens, aux mâchoires hypersophistiquées, sont désormais des instruments de terreur. Leurs dresseurs s’en servent parfois pour des usages malsains. Ces accessoires de mode ravageurs sont souvent enfermés dans des cages vides. Isolés du monde extérieur, ces chiens arrivent à peine à reconnaître leurs maîtres. Ainsi, ils deviennent hostiles aux étrangers et aux autres chiens.

Et pour être sûrs de l’agressivité de leurs « armes » vivantes, les dresseurs utilisent des pneus qu’ils accrochent aux murs ou sur les arbres. Le pneu permet au pitbull d’exercer librement et sans restriction les capacités destructrices de sa mâchoire. "Sans accrocher le pneu au mur, on ne peut pas dresser ce chien assez spécial. Ainsi, le pitbull développe sa capacité à mordre. Il peut rester accroché durant une vingtaine de minutes", explique un dresseur de chiens. "Après l’entraînement avec les pneus, on procède à développer leurs morsures via les combats de chiens", ajoute un autre amateur de molosses. Ces combats sont souvent organisés, durant la nuit, dans les quartiers périphériques où l’on peut trouver de vastes terrains vagues, loin des regards indiscrets et des autorités.

Constat d’ici et d’ailleurs Pitbull, Rottweiler, Bull-terrier et autres molosses ont envahi récemment les rues casablancaises. Importés auparavant de l’Europe, les pitbulls sont rapidement devenus un produit local. Plusieurs Marocains se sont ainsi adonnés à l’élevage clandestin de ces chiens dangereux. Une femelle de pitbull par exemple peut accoucher de huit à dix petits d’un seul coup. Un pitbull coûte entre 1.000 et 4.000 DH. Les prix varient selon l’âge du chien et la méthode de son dressage ou sa capacité à tuer. Malheureusement, ces activités illégales se font au su et au vu des autorités qui continuent de fermer l’œil. Une loi sur ces animaux dangereux s’impose.

Promener un pitbull ou autre molosse est toujours permis au Maroc. Alors que dans d’autres pays étrangers des mesures répressives ont été prises à cet égard. En France, par exemple, une loi dite "anti-pitbull" est mise en vigueur depuis janvier 1999. Elle vise un meilleur contrôle des molosses en général, obligeant la stérilisation des pitbulls en vue de leur disparition du territoire français d’ici quelques années. Les chiens d’attaque doivent ainsi porter une muselière et être tenus en laisse.

Ils sont interdits dans les transports en commun, les lieux publics autres que la voie publique et dans les parties communes des immeubles.
Pour leur part, les chiens de deuxième catégorie (chiens de garde ou de défense) sont admis dans les lieux publics, mais muselés et tenus en laisse. La vaccination contre la rage est, par contre, obligatoire pour toutes les races. En attendant que de telles lois soient mises en place au Maroc, les citoyens n’ont qu’à faire attention !

Le Matin - Nadia Ouiddar

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