Le tournage de la suite du film « Lord of War » sorti dans les salles de cinéma en 2005, devrait bientôt démarrer au Maroc, avec le retour d’Andrew Niccol à la réalisation et au scénario.
Au 12 novembre 2007, le film « Les Anges de Satan », caracolait en tête du box office des films marocains au titre de l’année 2007. Auréolé récemment de deux prix obtenus en Inde, son réalisateur revient sur le succès de cette production.
Malgré les ennuis que le film a connus avant sa production, « Les Anges de Satan » a reçu un bel accueil du public. Que dites-vous à ce sujet ?
Il est vrai que je n’ai pas eu le budget qu’il fallait pour faire un autre film beaucoup plus réussi, je n’ai également pas eu les autorisations nécessaires pour tourner ce film dans des conditions meilleures et sans grand tracas. Mais en fin de compte, je suis très content du résultat, notamment de l’écho qu’il a eu auprès du public qui a adhéré. C’est important pour moi dans la mesure où l’on fait le cinéma pour le public et non pour une cinquantaine de personnes qui viennent juste pour dire « oui, c’est bien. L’image était comme ceci ou cela ».
On fait du cinéma d’abord pour un public et à ce titre, il est important que celui-ci soit respecté. Bien sûr qu’on peut lui donner une comédie intelligente, comme on peut aussi lui donner à digérer un film politique. Parce qu’on ne digère pas la chose politique au niveau qu’il faut. Donc, il faut bien le ramener vers la politique pour qu’il puisse comprendre l’histoire et s’y intéresser. Il faut lui faire aimer la politique à travers un langage facile.
L’adhésion du public à votre film vous surprend-elle ?
Je ne suis pas du tout surpris. Je suis simple comme l’est aussi le public. Et donc, quand je veux exprimer quelque chose, je le fais avec la même rage que lui. Je dis des choses, je les sors avec beaucoup de tripes, mon coeur. Evidemment, il y a aussi le travail.
Vous rentrez d’un voyage d’où vous avez ramené deux prestigieux prix. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Je viens de l’Asie où j’ai participé à la 38ème édition du Festival international du film de l’Inde qui s’est déroulée à Goa, au sud-ouest de l’Inde. Un Festival très sympathique où étaient représentées l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie. Un seul film marocain a représenté le continent africain à ce grand rendez-vous qui m’a décerné deux prix spéciaux, le premier pour la direction artistique et le second pour le scénario.
Le succès de votre film va-t-il de pair avec les finances ? Sentez-vous un impact en termes de revenus ?
Selon mes calculs, le film a fait plus de 100.000 entrées, soit l’équivalent d’environ deux millions de dh que m’a donnés le CCM. Donc vous avez 2/3 qui vaut au cinéma, 1/3 restant revient au distributeur. Et puis, il y a aussi les trois coproducteurs dont 2M. Autant faire autre chose.
Ces décomptes peu reluisants ne semblent pas vous décourager. Vous êtes toujours animé d’une volonté de continuer dans le cinéma.
J’aime le cinéma. Je ne le fais pas pour de l’argent puisqu’au Maroc, il ne rapporte presque rien ; ce serait certainement mieux s’il y avait beaucoup de salles de cinéma.
Des projets en vue ?
Je suis toujours en train d’allaiter « Les Anges de Satan ». Je dois d’abord le suivre pour qu’il ne se perde pas. Pas nécessairement pour des raisons financières, j’essaie de compenser en étant en contact direct avec les gens, à travers le Festival. Bien que je ne compte pas dessus pour faire marcher le film, le Festival est important dans la mesure où il offre un espace de discussions et rencontres. Les participants peuvent faire des critiques, bonnes ou mauvaises, qui seront valables pour qu’on puisse construire un film meilleur à l’avenir. J’ai tout de même un projet sur lequel je travaille depuis longtemps.
Libération - Alain Bouithy
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