Espagne : Saisonniers dans les règles de l’art

2 janvier 2005 - 21h26 - Espagne - Ecrit par :

Quatre entreprises espagnoles, installées dans la ville de Huelva, située au sud-ouest du pays, ont recruté 865 Marocains qui ont signé leurs contrats, mardi 21 décembre 2004. Les départs vers l’Espagne sont programmés entre le 15 et le 30 janvier 2005.

Le Maroc, c’est connu, exporte de la main d’œuvre. C’est essentiellement vers l’Europe, en particulier l’Espagne, que cette main d’œuvre est destinée. Mais, au lieu de laisser les désespérés franchir illicitement et illégalement les frontières nationales pour accéder à leurs rêves, le gouvernement marocain a mis en place, sous sa nouvelle forme, en septembre 2001, l’Agence nationale de la promotion de l’emploi et des compétences (Anapec), une sorte de structure intermédiaire qui traite les offres d’emploi proposées, entre autres, par des unités étrangères en faveur des Marocains.
Placée sous la tutelle directe du ministère de l’Emploi, elle s’occupe de tout le processus de A à Z. Elle doit s’assurer non seulement que les bénéficiaires sont arrivés à bon port, mais qu’ils ont obtenu des documents de travail réalisés en bonne et due forme.

Avantages

C’est dans ce cadre que s’inscrit l’importante opération réalisée par l’Anapec en faveur de 865 Marocains, entre hommes et femmes, issus des milieux défavorisés, pour bénéficier d’un emploi proposé par quatre entreprises espagnoles, Freshuelva, Asaja, Coag, Ciricultores, qui opèrent dans le secteur agricole. 536 vont travailler pour Freshuelva, 300 pour Asaja, 23 pour Ciricultores et 6 pour Coag. La proportion des femmes est plus importante que celle des hommes : elle représente 95% tandis que 5% seulement reviennent aux hommes.
Installées toutes à Huelva, une ville espagnole située au sud-ouest du pays et connue pour ses fraises et ses framboises, les quatre sociétés font partie de plusieurs associations agricoles créées pour défendre les intérêts des agriculteurs. Ces sociétés proposent à leurs futurs employés des contrats à durée déterminée, qui peut aller jusqu’à 7 mois. La nature de leur travail consiste à récolter des fraises et des framboises et à participer à la culture des agrumes. En contrepartie, on leur offre un salaire journalier qui varie de 28 à 31 euros (entre 280 et 320 dirhams) selon la nature de la tâche à réaliser pour 39 heures de travail dans les champs. D’autres avantages en nature sont proposés : outre le transport assuré entre Tanger et la ville espagnole (à leur arrivée et à leur départ), l’employeur s’engage à prendre en charge le logement de ses salariés. Seulement, pour accéder à cet emploi, les candidats doivent respecter une série de conditions : avoir moins de 45 ans, bénéficier d’une expérience probante dans le domaine agricole, avoir une bonne condition physique et être originaires de la région de Kénitra ou de Beni Mellal. Pourquoi ces deux régions ? Tout simplement, parce qu’elles sont connues par leur forte activité agricole. Les épreuves de sélection ont bien eu lieu et chaque entreprise a choisi les profils qui concordent avec les critères des postes à pourvoir. Les personnes sélectionnées ont procédé mardi 21 décembre 2004 à la signature de leurs contrats et les démarches administratives et juridiques pour obtenir le visa sont en cours de réalisation. Les départs vers l’Espagne sont programmés entre le 15 et le 30 janvier 2005.
Selon Rached Chafik, directeur général de l’ANAPEC, « c’est la première opération de recrutement de Marocains à l’étranger dans le domaine agricole ». Pour que ce processus continue, le patron de l’agence insiste sur le fait que toutes les personnes concernées par cette opération doivent rentrer au Maroc une fois leur mission achevée. Car le fait de rester en Espagne pour y élire clandestinement domicile peut nuire à l’image du Maroc en tant que pourvoyeur crédible et fiable de main d’œuvre. « Si tout le processus, du début jusqu’à la fin, se déroule selon le programme prévu, les entreprises espagnoles seront intéressées l’année prochaine à prendre un quota plus important d’employés marocains », estime Rached Chafik, qui ne cache pas non plus son inquiétude quant à un risque d’entrer en clandestinité de Marocains au terme de leurs contrats. Pour minimiser ce risque, le patron de l’agence avance avoir tenu des réunions de formation et de sensibilisation avec les personnes concernées pour tenter de leur faire comprendre les enjeux qui se cachent derrière cette opération. Si le Maroc veut préserver sa réputation de pays exportateur de main d’œuvre, il doit œuvrer pour que cessent les immigrations clandestines.

Maroc Hebdo

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