Ces étrangers qui "adorent" les riads de Fès

10 juillet 2007 - 01h45 - Maroc - Ecrit par : L.A

Sur les 52 riads et maisons d’hôtes recensés actuellement dans la médina, 8 sont tenus par des étrangers, si l’on en croit les responsables du Conseil régional du tourisme (CRT-Fès). Et la tendance est à la hausse, puisque tous les jours des riads continuent de se vendre auprès d’une population française, espagnole, anglaise, belge…

« Il faut encourager ces investisseurs qui, en quelque sorte, participent à la restauration de la médina », indique Hamid Chabat, maire de Fès.
En effet, des Allemands, Hollandais, Américains et Marocains ont monté des agences immobilières pour faciliter les acquisitions. Pour beaucoup, c’est le charme de la médina qui les a séduits. Pour d’autres, c’est la découverte d’une autre vie. Pour les plus nantis (mais ils n’aiment pas l’avouer), les avantages fiscaux sont très attractifs. Bref, les étrangers, et particulièrement les Français, sont de plus en plus nombreux à venir s’installer dans la capitale spirituelle.

Parmi eux, Frédéric Sola qui a découvert Fès en 2003 et qui est tombé sous son charme. « J’y suis revenu en 2004. J’ai commencé à visiter les maisons et palais. Mon admiration ne cessait de grandir pour ces lieux mythiques complètement abandonnés jusqu’à ce que je découvre cette maison vieille de deux siècles. C’était le coup de foudre », raconte-t-il. Une acquisition qui se révèle difficile en raison d’un problème d’héritage. En effet, la bâtisse qui appartenait à la famille Benkirane, des producteurs de « khlii », avait été délaissée de nombreuses années durant. Ce n’est que récemment que les frères décident de vendre la maison du quartier Zkak El Maa. Et Sola était en quête d’une maison à cette époque. Il ne perd pas son souffle avec les héritiers malgré des négociations tendues.

L’acte se réalise finalement et Sola restaure complètement l’endroit, baptisé aujourd’hui, « Riad Laâroussa ». « Les travaux de réhabilitation ont duré 18 mois avec entre 30 et 50 personnes tous les jours sur le chantier. Electricité, boiserie, sanitaire, plâtre… nous avons tout restauré. C’était une véritable aventure », fait-il observer. Ouvert depuis quatre mois, ce riad, qui a nécessité un investissement de 5,3 millions de DH, réalise déjà un taux d’occupation de 60% dans ses 7 suites. Son propriétaire en est d’ailleurs fier.
Il a même créé une agence immobilière au quartier Talaa (en médina) pour aider les prochains acquéreurs à trouver des maisons. « Nous en avons 150 à vendre rien qu’en médina. Chaque jour, nous recevons des clients pour qui nous réalisons également le suivi des travaux de réhabilitation. On sélectionne les maâlems pour eux, on leur propose… En clair, je fais pour eux tout ce que je n’ai pas pu faire pour moi », se réjouit Sola.

Chaque investisseur à son histoire. Un rêve de Maroc ou une vie de couple. Comme Hugues Letimonier, qui s’est marié à Salima, une femme originaire de Fès. Moniteur de ski et barman professionnel en France, Letimonier a touché à tous les métiers (brasserie, snack, restauration rapide) avant d’acquérir riad « Attarine » au quartier Boaâjjara (à proximité de la place R’cif). « J’ai toujours eu cet amour pour les anciennes médinas, finalement mon rêve s’est réalisé en avril 2005 », se plaît-il à dire. En 8 jours, il est propriétaire d’un riad, situé au bord de la « vraie » médina, celle de Fès et non pas celle de Marrakech qui est, à son sens, « en train de perdre son âme ». A un peu plus de 10 minutes à pied des principaux lieux touristiques, le riad est typiquement fassi. « En achetant ce joyau à seulement 700.000 DH, je me suis dit que la chance était avec moi », raconte-t-il, ravi de son aubaine. Et d’ajouter, les travaux de restauration ont duré 11 mois pour une enveloppe globale de 2 millions de DH.

Ainsi, ouvert depuis octobre dernier, riad « Attarine » réalise un taux d’occupation de 50%. Sa clientèle est surtout anglaise. Elle préfère « des suites avec un salon séparé du lit et achète (à 95%) son séjour via le Net ». Le prix des chambres d’hôtes varie entre 65 euros pour la single et 150 euros pour la suite (Attarine compte 3 suites). Un commerce qui marche à merveille. La vie à Fès ? « Mes enfants étudient à l’école la Fontaine. Ils se sont intégrés facilement », dit Salima. Pour elle, la joie est double. Elle a retrouvé ses parents, sa famille et ses amis et a réalisé une bonne affaire avec son mari.

Témoignages

« Franchissez la porte et vous oublierez tout. Laissez-vous guider par Salima et Hugues et vous passerez une semaine merveilleuse : petits-déjeuners et dîners différents chaque jour afin de découvrir l’excellente cuisine marocaine concoctée avec les produits frais. De plus, ils ont mis en place un réseau de guides et de taxis hors du commun. En un mot : le top. Nous reviendrons bientôt », affirment Michèle et Georges, à l’issue de leur séjour au riad. Un autre couple souligne que « c’est le hasard qui nous a conduits dans ce riad de Fès. Notre hôte Frédéric, a tout fait pour nous rendre ce séjour agréable, par son accueil et sa disponibilité. Nous y avons dégusté, le soir, les spécialités locales, couscous, tajine, pastilla, tous délicieux. C’est simple, nous avons écourté notre séjour à Meknès pour revenir passer une soirée de plus au riad avant de rentrer à Marseille ! ».

L’Economiste - Saad Alami

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Fès - Destination

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : 96 milliards pour moderniser le réseau ferroviaire avant 2030

Dans la perspective de la Coupe du monde 2030, le Maroc s’active pour moderniser son réseau ferroviaire. Un programme d’investissement de 96 milliards est prévu à cet effet.

Maroc : un afflux de touristes et de MRE sans précédent

Quelque 1,3 million de touristes ont visité le Maroc en avril 2024, ce qui représente une hausse record de 17 % par rapport à la même période de 2023.

Immobilier au Maroc : le marché paralysé

Au Maroc, le secteur de l’immobilier sombre dans un immobilisme paralysant. Et, les défis à relever sont nombreux.

Une feuille de route ambitieuse pour le tourisme marocain

Le Maroc va investir cette année 8 milliards de dirhams dans l’hébergement touristique, ce qui lui permettrait de disposer de 7 700 lits supplémentaires, a déclaré lundi Fatim Zahra-Ammor, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie...

Le Maroc facilite encore plus la création d’entreprise

Le gouvernement marocain a franchi un pas important vers la simplification des démarches administratives pour les entrepreneurs. Jeudi 30 mars, le Conseil de gouvernement a approuvé un projet de décret fixant les modalités et les procédures de création...

Le Palace de La Mamounia change de mains

Le géant mondial du phosphate, OCP, est devenu l’actionnaire majoritaire de l’hôtel La Mamounia à la suite de la cession par l’État de sa part dans l’établissement. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la politique de désinvestissement des actifs...

Maroc : les rues débordent de marchands ambulants

Les marchands ambulants au Maroc ont toujours pignon sur rue en dépit des politiques publiques mises en œuvre, des investissements consacrés à la construction de marchés et des campagnes de libération de l’espace public.

Immobilier au Maroc : attention à la TVA

Une nouvelle circulaire a été adressée aux conservateurs de la propriété foncière au sujet du paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) relative aux biens d’investissement.

Maroc : ces investisseurs étrangers piégés

Au Maroc, plusieurs investisseurs étrangers ont engagé des ressources importantes dans certains secteurs comme l’agriculture, l’immobilier, la restauration, sans une étude préalable. Conséquence, ils ont enregistré des pertes colossales du fait de la...

L’ONCF séduit les investisseurs et prépare l’avenir du rail au Maroc

Le plan d’expansion ferroviaire séduit les investisseurs qui sont prêts à financer les projets marocains. En témoigne la réussite par l’Office national des Chemins de fer (ONCF) d’une levée de fonds.