"C’est dur. Je suis seule ici, ma famille est au Maroc", se lamente Chaimaa Farkchi, étudiante marocaine en chimie, confinée sur le campus de Poitiers, en France (Vienne). "Le Maroc a fermé ses frontières ; je ne peux pas rentrer", explique-t-elle. Bien qu’elle étudie, elle n’a point la sérénité requise. Sa crainte, dira-t-elle, c’est de tomber malade.
Les espaces collectifs de son immeuble ne la rassurent guère. Elle a donc installé une plaque de cuisson dans sa chambre de 9 m2. "J’ai peur d’aller à la cuisine. La laverie, j’y vais le matin, dès l’ouverture, pour être tranquille. Sinon, je reste dans ma chambre…", confie-t-elle à AFP.
Or, selon les règles du CROUS de Poitiers, une seule personne devrait avoir à la fois l’accès aux cuisines collectives et aux laveries des résidences universitaires. "Mais personne ne respecte les règles, fait remarquer Ibrahim Ahamada, un étudiant comorien. On peut se retrouver à cinq ou plus à cuisiner. On n’a pas le choix, il faut bien manger".
De son côté, le directeur du service de santé de l’université, Jean-Charles Le Tarner, assure avoir mis sur pied des rondes régulières dans les différentes résidences du campus ; ce qui permettra de prendre le pouls et de distiller quelques conseils. "L’anxiété monte petit à petit, confirme-t-il. Au début, les étudiants pensaient surtout au report de leurs cours, à leurs examens. Mais le décès d’une jeune fille de 16 ans à Paris, a changé la donne. Il y a eu une prise de conscience chez ces jeunes."