Fatima Charbi : Une autre victime de Sarkozy

20 février 2007 - 00h50 - France - Ecrit par : L.A

« Je n’espère qu’une chose dans ma vie : que le cauchemar que je suis en train de vivre finisse pour que je puisse rentrer en France continuer mes études. » À travers ce cri du cœur, Fatima Charbi, les larmes aux yeux, garde espoir malgré tout. « C’est impossible que la France, pays des Droits de l’Homme, puisse ainsi gâcher ma vie », pense-t-elle à haute voix.

Fatima vient d’informer le président Jacques Chirac de son cas et demandé son intervention. Elle a été expulsée de France le 13 novembre 2006. Les nombreux défenseurs des droits de l’Homme, les syndicalistes, les enseignants, les journalistes... qui la soutiennent en France et au Maroc confirment que cette expulsion est une grave erreur.

C’est en 2000, à l’âge de 13 ans que Fatima Charbi a commencé une nouvelle vie en France. Elle est partie vivre avec son père. Ce dernier réside légalement dans l’Hexagone depuis plus de vingt ans. Il vit, depuis 1976, d’une pension d’invalidité suite à un grave accident de travail.

Malgré son handicap, le père de Fatima a tenté à maintes reprises de refaire sa vie au Maroc. C’est lors de l’un de ses séjours dans le Royaume qu’il a vu naître, en 1987, Fatima et son frère jumeau.

Toute la petite famille Charbi rentre en France en 2000. Le père demande alors un regroupement familial à Montluçon pour régulariser la situation administrative de ses enfants. Trois années de suite, sa demande est refusée pour « ressources insuffisantes ».

En 2003, le père, déçu, décide de retourner au Maroc. Ses deux enfants, âgés alors de 16 ans, décident quant à eux de rester en France. Ils tiennent à poursuivre leur scolarité.

De la cinquième à la Terminale, Fatima a poursuivi, avec succès, ses études. Elle devait passer au mois de juin de cette année son baccalauréat professionnel chimie. Mais, par malchance, la fameuse Sarko-sainte loi en a décidé autrement. Arrivée à sa majorité, la jeune lycéenne s’est vue refuser sa carte de séjour.

Le 26 octobre 2006, au matin du premier jour des vacances scolaires de la Toussaint, Fatima est convoquée au commissariat de Montluçon. Elle sera arrêtée sur place et mise ensuite en centre de rétention de Lyon St Exupéry (prison qui ne dit pas son nom) durant deux longues semaines avant d’être expulsée au Maroc.

Arrivée, à Casablanca sans argent, sans effets personnels, et sans savoir où on la ferait débarquer, Fatima se sent perdue. Elle vit sous le choc. Elle n’a même la possibilité de poursuivre ses études puisque la branche qu’elle a choisie en France n’existe pas au Maroc.

Le seul espoir qui lui reste, c’est d’être enfin régularisée pour pouvoir suivre sa formation professionnelle en Bac Pro Chimie dans son lycée Paul Constans de Montluçon.

L’Ambassadeur de France à Rabat gêné

Le réseau Education sans frontière Maroc (RESF-Maroc) a adressé le 12 janvier une lettre à l’Ambassadeur de France à Rabat (avec copie au Minsitère de l’intérieur et au Ministère des Affaires Etrangères) pour le saisir du cas de Fatima Charbi. « ...Nous sommes indignés, au même titre que les 234 signataires de la pétition que (...) vous refusiez d’examiner avec notre Réseau toute possibilité de réparer la mesure arbitraire dont est victime Fatima et d’envisager la solution à mettre en œuvre... », s’indigne RESF-Maroc.

Lors de la présentation de Gisèle Halimi de son livre sur la Kahina, la lettre de Fatima Charbi a été lue devant l’assistance. L’ambassadeur de France au Maroc était au premier rang. Une jeune fille l’a interpellé et demandé la régularisation de la situation de la jeune étudiante. Ce qui n’a pas manqué de gêner le diplomate.

RESF-Maroc pétitionne

« ...le coût humain et moral de l’expulsion de la jeune Fatima, qui n’a pas de prix, est accompagné d’une perte financière colossale... », martèle RESF-Maroc dans sa pétition. Et d’ajouter : « Nous considérons que le cas de Suzilène Monteiro, élève de BEP de 18 ans, expulsée et récemment revenue en France, est un cas qui a fait jurisprudence. »

Le Reporter - Mohamed Zainabi

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