Les Marocains frappés par le durcissement de la politique migratoire française

23 janvier 2007 - 00h44 - France - Ecrit par : L.A

Rafik Abchir, scolarisé à l’école primaire, a dû, le 27 juin dernier, est bien surpris. Plus d’une cinquantaine de personnes s’étaient rassemblées devant son école de Toulouse (sud-est de la France) pour manifester leur soutien à sa mère et lui-même, menacés d’expulsion. La mère, Zakia Abchir, est arrivée du Maroc avec Rafik en 2002 pour rejoindre le père, un chauffeur vivant à Toulouse depuis 20 ans et titulaire d’une carte de séjour. La famille Abchir compte deux autres enfants plus jeunes nés en France. Pourtant sa demande de regroupement familial a été rejetée.

De tels cas se sont multipliés dès lors que Nicolas Sarkozy a émis une circulaire demandant aux préfectures d’expulser les étrangers en situation irrégulière. Ce sont les expulsions d’enfants qui ont le plus choqué l’opinion publique française : le Réseau Education Sans Frontière (RESF) s’est constitué pour veiller à empêcher les expulsions d’enfants, manifestant devant les écoles et préfectures, gardant les enfants en cas d’arrestation des parents. Avec succès : le 31 octobre 2005, Nicolas Sarkozy est contraint de publier une autre circulaire, dans laquelle il accorde un sursis aux parents d’enfants scolarisés, le temps de finir l’année scolaire. Un sursis qui a pris fin le 30 juin, date où les expulsions ont repris de plus belle. Un lycéen marocain de 19 ans, Abdallah Boujraf, installé en France depuis l’âge de 14 ans, a été renvoyé vendredi 7 juillet au Maroc malgré la mobilisation du Réseau Education Sans Frontières. Abdallah avait rejoint en France son père qui y travaillait depuis 26 ans avec une carte de résident. Mais il n’entrait pas dans les catégories établies par la circulaire : l’arrivée en France avant l’âge de 13 ans ou l’absence de lien avec le pays dont il a la nationalité.

Mohamed Boudabouz, un père de famille marocain, dont les quatre enfants sont scolarisés dans le Gard (sud), a été expulsé le 15 décembre par avion au départ de Casablanca. Arrivé en France en 1982, avait fini de purger une peine de près de 13 ans de prison pour trafic de stupéfiants fin novembre. A sa sortie de détention, il avait été arrêté par la police Aux frontières, ses papiers n’ont pas été renouvelés et il a été expulsé, a raconté sa femme, également marocaine et vivant en France depuis 30 ans. Leurs quatre enfants, deux filles et deux garçons âgés de 13, 12, 6 et 3 ans, sont scolarisés à Bagnol-sur-Cèze dans le Gard, a précisé le Réseau Education Sans Frontières.

"Mon mari a passé 12 ans et 9 mois en prison, il a payé et on le refait payer une deuxième fois, et nous avec...mes enfants sont désespérés, a déploré Fatia Boudabouz. Son aîné qui a eu 13 ans en septembre vient d’acquérir la nationalité française, a-t-elle précisé. Le cas de Fatéma Charbi, jeune lycéenne, expulsée en novembre dernier à 6 mois du bac, est devenu célèbre. Fatéma est arrivée en 2000 en France, pour rejoindre son père. En 2006, accédant à la majorité, Fatéma a fait une demande de carte de séjour. Celle-ci lui a été refusée, au motif que son père, dont l’unique revenu est une pension d’invalidité, ne peut plus prendre en charge sa fille.

Recevant en juin un arrêté de reconduite à la frontière, elle a décidé de passer outre et effectue sa rentrée en septembre 2006, normalement. Mais le 26 octobre, pendant les vacances de la Toussaint, elle est convoquée au commissariat. Elle s’est alors retrouvée jetée menottée dans un avion pour Casablanca, sans même avoir pu alerter qui que ce soit.

LIbération - Antony Drugeon

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Sujets associés : France - Nicolas Sarkozy - Lois - Réseau éducation sans frontières

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