La maire socialiste de Canteleu, Mélanie Boulanger, a été arrêtée et gardée en vue dans le cadre de cette affaire de trafic de drogue, avant d’être libérée, sans charge et sans poursuite. Son adjoint, Hasbi Colak, en charge du développement économique, des commerces et de l’emploi, a été aussi entendu par la police qui cherche à connaître la nature de leurs relations avec la famille M., très active dans le trafic de drogue à grande échelle et soupçonnée de collaborer avec les acteurs politiques locaux.
« Les écoutes téléphoniques montrent que la maire de Canteleu était en contact régulier avec les principaux suspects », indique une source judiciaire à France Bleu Normandie, précisant que cette opération a « sans doute décapité le plus important réseau de trafiquants de la région rouennaise, à la source de 75 % de l’approvisionnement de la métropole normande en stups ».
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Installée à Canteleu depuis des décennies, cette famille opère depuis le Maroc d’où ils importent diverses drogues (cannabis, cocaïne et héroïne) via l’Espagne. « Ce réseau très structuré et très puissant à Canteleu » est soupçonné d’avoir infiltré le monde politique local. Il y a quelques mois, l’Office anti-stupéfiants (OFAST) alertait dans une note sur cette « menace d’infiltration du milieu politique, en particulier au niveau local », expliquant que « le financement des frais de campagne électorale » constitue entre autres un « point de vulnérabilité » des élus.
En tout, 19 personnes ont été interpellées vendredi à Canteleu et en Seine-Saint-Denis dans le cadre de cette affaire de drogue, après deux années d’investigations menées par 150 policiers de différentes unités. L’opération a permis la saisie de 375 000 euros en espèces, de 15 kg d’héroïne, de véhicules, d’armes de type militaire, etc.