France , un rapport accablant pour les forces de l’ordre !

9 juillet 2002 - 21h49 - France - Ecrit par :

Contrôles d’identité abusifs, interpellations musclées, injures racistes, placements en garde à vue non motivés... Trois associations de défense des libertés publiques ont publié, lundi 8 juillet, un rapport accablant pour les forces de l’ordre. Elles estiment que, dans certains quartiers, "on fait naître des émeutes là où il ne se passait rien" et s’inquiétant " des risques d’escalade".

Cette analyse résulte d’une enquête menée en commun par la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Syndicat des avocats de France (SAF) et le Syndicat de la magistrature (SM). Les trois organisations ont examiné "le comportement des policiers à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), Poissy (Yvelines) et Paris 20e" entre novembre et décembre 2001, sous la houlette d’Aïda Chouk (magistrat), Laurence Gillet (avocate), Antoine Spire, (journaliste) et Emmanuel Terray (professeur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales).

Le samedi 17 novembre 2001, dans le quartier de la Coudraie, à Poissy, les forces de l’ordre interpellent S., 22 ans, à l’entrée de son immeuble, constatent les militants. Selon un témoin, "un policier le saisit par le col de la veste, puis le jette à terre, le menotte et le roue de coups". Rapidement, les jeunes de la cité interviennent. Ils exigent que S. soit relâché. Des injures fusent, suivies d’une bousculade. Les policiers menacent : "Lundi, on vient tous vous chercher !" S. est emmené au commissariat, où il est placé en garde à vue pendant quarante-huit heures, avant d’être relâché. Le lundi, les gardiens de la paix reviennent. De nouveau, des injures, des coups et puis, finalement, l’arrestation de trois jeunes, incarcérés, puis jugés en comparution immédiate le 21 novembre pour "rébellion en réunion". L’un écope d’un an de prison, dont six mois ferme ; les deux autres de six mois de prison, dont deux avec sursis.

Quelques jours plus tard, le 13 décembre, des événements similaires se produisent à Châtenay-Malabry (Le Monde du 20 mars), puis dans le 20e arrondissement de Paris, le 27 décembre. Chaque fois, un contrôle d’identité qui dégénère, des interpellations pour "rébellion en réunion" et des condamnations : deux à trois mois de prison avec sursis à Châtenay-Malabry et 180 heures de travaux d’intérêt général à Paris. Chaque fois aussi, des coups, des fouilles -"illégales" dans le cadre d’un contrôle d’identité préventif, selon les auteurs du rapport - et des injures.

"TENSION EXTRÊME"

L’enquête fait état d’un "climat explosif" compte tenu du caractère répété des contrôles d’identité. A Châtenay-Malabry, un témoin raconte qu’"un jour sur deux la police pratique des contrôles sur toute personne entrant dans la cité ou en sortant". Des contrôles qui "ne sont pas motivés par la volonté d’identifier des délinquants, mais par celle d’instituer un rapport de force entre les institutions et certains individus", selon les enquêteurs de la LDH. Aïda Chouk et Emmanuel Terray, témoins d’un contrôle de police à Poissy, confient avoir été "frappés par la tension extrême de la situation et la nervosité des fonctionnaires de police". Les enquêteurs notent la "stigmatisation" dont sont victimes les jeunes de certains quartiers, qui vivent ces contrôles à répétition "comme une injure", une "humiliation", voire "une provocation", qui entraîne souvent des réactions, "des violences et les rituelles accusations d’outrages et de rébellions."

L’action des forces de l’ordre serait donc totalement contre-productive, selon les enquêteurs, qui remarquent à quel point "il est frappant de constater combien l’action menée sur le terrain entraîne une aggravation des tensions plutôt que l’inverse", car "ces pratiques, loin de résorber la délinquance, l’augmentent".

Source : lemonde.fr

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Défense - Armement - Enquête

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc s’équipe : avions, chars et systèmes de défense en 2025

Le Maroc investit depuis une dizaine d’années dans le renforcement et la modernisation de son armée, augmentant d’année en année son budget militaire jusqu’à atteindre 133 milliards de dirhams cette année, contre 124 milliards en 2024, soit une...

L’armée marocaine va recevoir les Apache AH-64E

Le Maroc s’apprête à recevoir six nouveaux hélicoptères de combat Apache AH-64E, produits par la société américaine Boeing.

Le Maroc muscle ses dépenses militaires

Le Maroc met le paquet sur sa défense. Le budget général de l’administration de la défense nationale pour 2025 a connu une hausse significative, comme l’a révélé Abdelatif Loudiyi, ministre délégué chargé de l’administration de la défense nationale,...

Maroc : des zones militaires interdites de survol

Au Maroc, le survol de plusieurs bases militaires sensibles, notamment la base aérienne de Sidi Slimane (GMSL) et celle de l’aéroport militaire de Salé (GMME) est interdit. En voici la raison.

Armée marocaine : budget record et capacités renforcées

Le budget du ministère marocain de la Défense atteint le niveau record de 124,7 milliards de dirhams (12,2 milliards de dollars). Et, les Forces armées royales (FAR) prévoient de conclure des accords records pour renforcer leurs capacités.

Zones industrielles militaires : les grands projets du Maroc

Le Maroc s’active pour la mise en place d’une industrie de défense robuste. Il dévoile sa stratégie axée sur la création de zones industrielles.

Des blindés américains pour le Maroc

Les Forces armées royales (FAR) ont réceptionné une première série de véhicules blindés M-ATV Standard Base (SXB), conçus par Oshkosh Defense. Ces engins sont destinés aux unités Brimoto opérant dans les régions sahariennes et orientales du Maroc,...

Le Maroc investit massivement dans sa défense et son industrie militaire

Le budget du ministère marocain de la Défense nationale devrait atteindre 124,7 milliards de dirhams l’année prochaine, selon le Projet de loi de finances (PLF) 2024. Un budget en hausse d’environ 5 milliards de dirhams par rapport à 2023.

Industrie de défense au Maroc : grosses ambitions pour 2024

Le Maroc a réalisé des bonds qualitatifs cette année dans le domaine de l’industrie de défense, a déclaré Abdelatif Loudiyi, ministre délégué chargé de la Défense nationale, rappelant l’objectif du royaume de réduire ses importations d’armes et de...

Industrie de défense : le Maroc franchit une nouvelle étape

Le Maroc ambitionne de faire partie du cercle restreint des pays leaders dans le domaine de l’industrie de l’armement. Le Conseil des ministres a adopté un décret portant création de deux zones d’accélération industrielles dédiées à l’industrie de...